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COP 28 : comment l’Opep cherche à déjouer tout accord ciblant les énergies fossiles

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Feu sur l’Opep. A trois jours de la fin de la COP 28, à Dubaï (Emirats arabes unis), les pays partisans de la sortie du pétrole, du gaz et du charbon ont dénoncé l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, ce samedi 9 décembre, après que le chef du cartel dominé par l’Arabie saoudite a appelé à s’opposer à tout compromis visant les énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz).Dans un courrier daté de mercredi dévoilé par Reuters, consulté par l’AFP et authentifié par un pays membre destinataire, le secrétaire général de l’Opep, le Koweïtien Haitham al-Ghais, “presse” ses membres et leurs délégations à la COP 28 de “rejeter proactivement tout texte ou toute formulation qui cible l’énergie, c’est-à-dire les combustibles fossiles, plutôt que les émissions” de gaz à effet de serre.La lettre est adressée aux 13 membres de l’Opep, dont l’Irak, l’Iran, les Émirats arabes unis, qui président cette année la conférence climatique des Nations unis, et l’Arabie saoudite, en première ligne pour s’opposer à la sortie des énergies fossiles. Le courrier est aussi envoyé aux dix pays associés, comme le Mexique, l’Azerbaïdjan, la Russie ou la Malaisie, tous présents à Dubaï.La “colère” d’Agnès Pannier-RunacherHaitham al-Ghais avertit tous les membres sur le fait qu’il y aurait une pression croissante pour cibler les combustibles fossiles. Il qualifie ces plans de “campagnes politiquement motivées” contre les pays riches en pétrole, qui mettent “en danger la prospérité et l’avenir de nos peuples”, rapporte le New York Times. “Il semble que la pression indue et disproportionnée contre les combustibles fossiles pourrait atteindre un point critique avec des conséquences irréversibles”, met en garde le secrétaire général de l’Opep.Ces propos ont fait bondir de nombreux Etats. “Je pense que c’est une chose assez répugnante de la part des pays de l’Opep de s’opposer à ce qu’on mette la barre là où elle doit être” sur le climat, a lancé ce samedi, devant des journalistes, la ministre espagnole de la Transition écologique Teresa Ribera, dont le pays assure la présidence semestrielle du Conseil de l’Union européenne.La ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, s’est dite “stupéfaite” de ces déclarations de l’Opep et “en colère”. Depuis Dubaï, la ministre française a rappelé que “les énergies fossiles sont responsables de plus de 75 % des émissions de CO2” et “qu’il faut en sortir si on veut limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré”. “La position de l’Opep met en péril les pays les plus vulnérables et les populations les plus pauvres qui sont les premières victimes de cette situation”, a-t-elle regretté.La dernière ligne droite des négociationsL’intervention de Haitham al-Ghais a suscité un déluge de réactions à Dubaï, où l’avenir des énergies fossiles, principales responsables du réchauffement climatique, est au cœur des négociations. Un projet de texte de négociation rendu public vendredi par les responsables de la COP 28 comprenait cinq options pour le texte final, dont un appel à l’élimination progressive des combustibles fossiles “alignée sur les meilleures connaissances scientifiques disponibles” ou encore l’absence de toute mention de l’avenir du pétrole, du gaz et du charbon.Interrogé par l’AFP, un négociateur d’un pays en faveur d’une sortie des fossiles affirme que le groupe arabe à l’ONU est le seul à avoir une opposition aussi totale sur le rejet d’un accord ciblant les énergies fossiles. À Dubaï, au cours de la première semaine de négociations, l’Arabie saoudite a décidé de bloquer plusieurs propositions concernant l’élimination progressive des combustibles fossiles, selon trois diplomates impliqués dans les négociations interrogés par le New York Times.Les positions se raidissent au moment où la COP 28 rentre dans sa dernière ligne droite afin de faire aboutir les négociations d’ici mardi. A la tribune, les pays se succèdent ce samedi sans montrer d’évolution notable dans leurs positions publiques. Les pays émergents et en développement demandent des contreparties aux pays riches pour signer l’abandon des combustibles fossiles. Les termes “équité” et “juste” sont de tous les discours.Le Canada “assez confiant”En coulisses, les ministres négocient pour trouver une formulation capable de cumuler un signal fort en faveur de la sortie des énergies fossiles, et la reconnaissance que les pays en développement ne doivent pas sacrifier leur développement économique. Malgré les divergences, le ministre canadien de l’Environnement, Steven Guilbeault, qui joue un rôle clef dans les discussions, a fait preuve d’un relatif optimisme, disant à l’AFP être “assez confiant” dans le fait d’avoir une mention des énergies fossiles dans le texte final.L’émissaire chinois sur le climat, Xie Zhenhua, a de son côté rapporté ce samedi à Dubaï des “progrès” dans les complexes négociations de la COP 28 sur les énergies fossiles. “Nous avons déjà fait des progrès sur ce sujet, et je pense que nous en aurons d’autres très bientôt, dans les prochains jours”, a déclaré Xie Zhenhua à des journalistes. “Car si nous n’y parvenons pas, si nous ne résolvons pas ce sujet, je vois peu de chance que nous ayons une COP 28 réussie”, a-t-il ajouté.”L’Union européenne va s’aligner avec de nombreux autres, une grande majorité de parties à cette conférence, pour s’assurer que nous obtiendrons un résultat significatif et productif sur la sortie des énergies fossiles, la transition énergétique, tout en assurant l’accès à l’énergie pour tous”, a de son côté déclaré Teresa Ribera.La lettre de l’Opep est en tout cas importante car, selon les règles de l’ONU, tout accord conclu lors du sommet sur le climat doit être approuvé à l’unanimité. N’importe laquelle des 198 nations participantes peut donc faire échouer un accord. L’ancien vice-président des Etats-Unis Al Gore fait cependant pression pour que les règles de l’ONU soient modifiées afin que les accords nécessitent l’approbation d’une soi-disant majorité qualifiée de 75 % des pays.Un moment historique à Dubaï ?La pression s’accentue donc sur les diplomates réunis à Dubaï afin qu’ils agissent. Alors que 2023 sera l’année la plus chaude mesurée dans l’histoire des relevés, les avertissements des scientifiques deviennent de plus en plus urgents.Si les nations acceptaient à Dubaï d’éliminer progressivement les combustibles fossiles, ou même de les réduire progressivement, ce serait un moment historique. Le New York Times rappelle que les précédents accords de l’ONU sur le climat avaient hésité à mentionner les mots “combustibles fossiles”.Lors de la COP 26 à Glasgow, en 2021, quand les négociateurs avaient tenté d’insérer dans l’accord final la mention d’une “élimination progressive” du charbon, la Chine et l’Inde s’y étaient opposées. Ils avaient opté pour une “réduction progressive” des centrales au charbon qui ne disposent pas de la technologie nécessaire pour capter leurs émissions… Mais aucun calendrier n’avait été établi.



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Publish date : 2023-12-09 14:54:58

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