Ce qui m’a réjouie cette année : Trois femmes ont révolutionné le documentaire
Cette année, des femmes aux nationalités différentes ont révolutionné sans se concerter le genre documentaire et en ont fait trembler tous les contours. Je songe tout particulièrement à Asmae el Moudir (La Mère de tous les mensonges) qui a eu recours à des figurines pour démêler des mensonges familiaux sur fond de violence des émeutes du pain ; Kaouther Ben Hania (Les Filles d’Olfa) qui a fait appel à des actrices pour reconstituer ce qui est trop douloureux pour être dit ; ou encore Mona Achache (Little girl blue) qui a offert à Marion Cotillard un de ses plus grands rôles en lui demandant d’interpréter sa propre mère. Trois femmes qui ont prouvé que le documentaire n’est pas ce genre poussiéreux que les spectateurs imaginent parfois, qu’il s’agit bel et bien d’un laboratoire de formes.
Ce qui m’a exaspérée : On a saboté la célébration du travail de Justine Triet
Je pourrais classer la Palme d’Or de Justine Triet dans ce qui me réjouit lorsque je fais le bilan de l’année. On aurait dû célébrer, se réjouir que la Palme soit de nouveau française et qu’une femme soit à l’honneur. Et ben non, Triet semble avoir payé le prix de son discours politique courageux lors de la remise. Entre le gouvernement de son propre pays qui l’a désavouée dès le lendemain et tous les rageux qui ont estimé qu’elle n’était pas légitime, cette Palme m’a fait penser au Nobel d’Annie Ernaux, où dès le lendemain des énervés disaient qu’elle ne le méritait pas. On a encore du mal avec la célébration du travail des femmes.
La Chair est triste hélas (Julliard, coll. Fauteuse de trouble). En librairie depuis mars 2023.
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Author : Nelly Kaprièlian
Publish date : 2023-12-18 17:01:22
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