*.*.*
close

Ukraine : derrière l’adhésion à l’UE, cette bataille agricole qui s’annonce

logo




Il y a les raisons stratégiques, sécuritaires, civilisationnelles. Et puis les équilibres et les crispations économiques. Derrière le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, une question est soigneusement passée sous silence. Avec ses règles de fonctionnement actuelles – notamment le vote à l’unanimité sur les sujets fiscaux, l’absence d’harmonisation sociale, l’insuffisance du budget et son allocation -, l’UE est-elle suffisamment solide pour cette nouvelle étape, même si elle n’interviendra pas avant des années ? L’Ukraine n’est pas le Monténégro, ni la Macédoine du Nord, deux autres candidats à l’adhésion. C’est une grande nation agricole, dont la puissance verte représente près de 15 % du produit intérieur brut et emploie plus de 20 % de la main-d’œuvre. Or, la Politique agricole commune (PAC) est le premier poste de dépenses de l’Union. A budget de la PAC inchangé, on imagine déjà le big bang dans l’allocation des aides.C’est peu dire que le sujet agricole est inflammable. En juin 2022, alors que les ports de la mer Noire se fermaient, l’Europe – à juste titre – ouvrait grand ses portes aux productions ukrainiennes pour aider Kiev à exporter : fini les droits de douane et les quotas. Mais rapidement, le ton est monté avec la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie qui, face à l’afflux de graines ukrainiennes bon marché concurrençant les productions locales, ont bloqué les importations.L’Ukraine n’est pas qu’un géant céréalier. C’est aussi un poids lourd dans le sucre, la volaille, les œufs… En un an, les exportations de poulet vers l’Union européenne ont bondi de 150 %. Celles de sucre ont été multipliées par 15. Très récemment, en France, la filière œuf a tiré la sonnette d’alarme, redoutant l’arrivée massive de produits de qualité médiocre alors que la grippe aviaire fait toujours des ravages dans les élevages français et que de nouvelles normes imposées par Bruxelles vont nécessiter de lourds investissements. Les deux plus gros producteurs ukrainiens, Avangard et Ovostar, tous deux cotés en Bourse, pèsent chacun entre trois et cinq fois plus que les plus grandes coopératives françaises. Ils ne respectent ni les mêmes règles environnementales, ni les mêmes règles sanitaires que les producteurs tricolores, tandis que le salaire minimum ukrainien dépasse tout juste les 200 euros mensuels.Alors que l’adhésion de l’Ukraine à l’Union est une nécessité pour la sécurité stratégique du continent, il faudra auparavant régler la question agricole. Aux Pays-Bas, le mouvement paysan BoerBurgerBeweging, populiste et anti-européen, s’est déjà imposé comme une force politique de premier plan. Faire l’autruche risque de se payer cher dans les urnes.



Source link : https://www.lexpress.fr/economie/politique-economique/ukraine-derriere-ladhesion-a-lue-cette-bataille-agricole-qui-sannonce-EC644FFKKVHO5KNDTNTR6I67XY/

Author : Béatrice Mathieu

Publish date : 2023-12-18 15:54:29

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags :L’Express

..........................%%%...*...........................................$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$--------------------.....