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Loi immigration : comment Emmanuel Macron a tué le macronisme

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Et si l’on définissait le macronisme ? C’est la quête du Graal depuis 2017, ou alors un serpent de mer. Mais l’idée était de nouveau en vogue ces derniers mois, ces dernières semaines. Emmanuel Macron, avait raconté L’Express, réfléchissait à un moyen de donner des mots à une pensée, ou une action, ou une ligne de conduite, qui sait vraiment ? Il y avait même quelqu’un, à l’Elysée, qui n’avait que le mot “legacy” à la bouche – héritage politique. Ce conseiller, Frédéric Michel, s’en va, c’est évidemment un hasard.Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous, disait Paul Eluard. Des rendez-vous manqués ? Voici Emmanuel Macron rattrapé par l’angle mort de sa politique, l’immigration. Ce mardi 19 décembre, en réunion de groupe, on a entendu des voix évoquer “clairement la fin du macronisme”, on a entendu une Première ministre, Elisabeth Borne, contrainte de monter au créneau en soulignant qu’elle “se bat pour qu’on ne perde pas nos ancres” et qu’elle “veille aux valeurs du macronisme historique”.Peine perdue : l’exécutif a perdu la bataille qui en politique est la plus importante, celle de la sémantique. Alimenté par le Rassemblement national d’un côté, la Nupes de l’autre, fatales tenailles, il s’est déplacé sur le terrain de “la priorité nationale”. Le totem de l’extrême droite au centre des débats, c’en est trop pour la majorité, qui a longtemps cru qu’il existait un juste milieu aussi en matière d’immigration. Elle n’avait rien retenu des leçons du passé : déjà le projet de loi Collomb, qui en 2018 voulait conjuguer fermeté et humanité, avait tourné au fiasco et été près de faire éclater le groupe. Cette fois, le texte devait concilier expulsions et intégration – il débouche donc sur la question de “la préférence nationale”. “Si c’est de l’ordre du technique ou du paramétrique, ça peut se regarder ; si c’est la remise en cause de principes fondamentaux, c’est un très gros problème”, prévenait un ministre mardi matin, dans la dernière ligne droite de la commission mixte paritaire.En annonçant son soutien au texte, Marine Le Pen savait ce qu’elle faisait. Immédiatement, dans la majorité, ce fut l’hécatombe. Se souvient-on de la principale préoccupation du président du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale, Sylvain Maillard, à l’approche de l’examen du texte ? Surtout, éviter les divisions. Résultat : le président de la commission des Lois, Sacha Houlié, vote contre le texte issu de la CMP qu’il présidait. D’autres suivent, des historiques, des néophytes, pendant que des ministres laissent courir le bruit de leur démission. Plus tard, c’est une figure importante de la Macronie, Philippe Grangeon, qui a fait part de sa “tristesse”, considérant que le texte “tourne le dos au logiciel doctrinal de 2017 et aux valeurs humanistes”, excusez du peu.Le baiser de la mort du RNLes macronistes n’ont plus de boussole. Longtemps ils ont regardé ailleurs, ou se sont bouché les oreilles. “Accueillir moins, mais accueillir mieux”, avait demandé Emmanuel Macron dans Le Figaro en 2021. “Nous devons réduire significativement l’immigration, à commencer par l’immigration illégale”, avait-il insisté dans Le Point du 24 août. Ils préféraient se rappeler les temps heureux de la première campagne, illustrés par le meeting de Montpellier, “une ville d’accueil”.Un temps, ils se sont accrochés à un ultime espoir. L’immigration, un sale moment à passer, avant de retrouver les sujets de prédilection. C’était ne pas comprendre que le monde avait changé, avec ses nouveaux défis et ses nouveaux périls, et que le président, leur président avait également changé.Jusqu’au reniement ? Le 24 avril 2022. Célébrant sa victoire contre Marine Le Pen, Emmanuel Macron lançait : “Je sais que nombre de compatriotes ont voté pour moi non pour soutenir les idées que je porte, mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite.” “Ce vote m’oblige”, dit-il. Personne n’avait compris, personne n’avait prévu qu’il serait obligé d’accepter, dix-huit mois plus tard, le baiser de la mort de la candidate du Rassemblement national.



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Author : Eric Mandonnet

Publish date : 2023-12-20 04:45:00

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Tags :L’Express

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