Faudra-t-il se balader dans les centres commerciaux pour observer des sapins enneigés ? Certes, leurs manteaux blancs sont artificiels, les arbres en plastique et la musique assourdissante… Mais ce décor factice a le mérite d’être conforme à la carte postale de Noël. Contrairement à nos paysages que la neige a désertés. Et si l’image d’une fin d’année enneigée n’était qu’un mythe ?L’hiver 2023 a été particulièrement doux et pluvieux, autour de 6 °C en moyenne sur l’ensemble de l’Hexagone. Prenons les températures du 25 décembre : 8 °C à Paris et entre 2 à 14 °C sur le pourtour méditerranéen. Aucune chance de voir la neige tomber en plaine. Et en montagne ? Il faut grimper de plus en plus haut pour en apercevoir. Les flocons en forme d’étoiles ont été remplacés par une pluie fine, au risque d’abîmer les brushings encore chauds.Très rares sont les Noël enneigés en France, le mois de décembre n’étant pas le plus froid de l’hiver. “Pour avoir de la neige, il faut avoir des pluies et des températures négatives. Les températures les plus basses sont le plus souvent enregistrées en janvier et en février”, explique à L’Express Françoise Vimeux, climatologue et directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement. Dans une note publiée mercredi 20 décembre, Météo France souligne qu’entre 1950 et 2022, “la présence de neige au sol à Noël a été observée en moyenne une dizaine de fois du Nord-Est au Massif central, bien plus rarement sur la moitié ouest du pays avec deux à quatre occurrences et exceptionnellement sur les régions au climat méditerranéen.”Des neiges qui fondent de plus en plus viteEt même les villes habituées aux manteaux blancs l’hiver, se retrouvent souvent nues. “Par rapport aux précédentes normales 1981-2010, le nombre annuel moyen de jours de neige (avec observation de neige) a diminué d’environ deux jours en plaine à Bourges (18), Caen (14), Roissy (95), Rouen (76), Lyon (69) et de trois à quatre jours à Besançon (25) ou Bâle-Mulhouse (68)”, énumère Météo France. Attardons-nous sur Besançon (Franche-Comté) : la ville n’a pas connu de neige à Noël depuis 2010. Un fait inédit depuis 1949, selon Météo France. Besançon a “perdu huit jours par an en moyenne de neige au sol entre la période 1961-1990 (28 jours/an) et 1991-2020 (19,7 jours/an)”, selon cette même source.Avec le dérèglement climatique, l’atmosphère se réchauffe et les températures négatives sont de plus en plus rares. Conséquences : la neige arrive tard et fond plus vite. “La neige se forme à la limite pluie-neige, qu’on appelle l’isotherme (le niveau d’altitude où la température de l’air passe par la valeur zéro en atmosphère libre). Or, avec le réchauffement climatique, on observe une remontée de cette isotherme. C’est d’ailleurs ce qui avait provoqué des crues dévastatrices dans les Alpes du Nord en décembre. Autrement dit, en dessous de 2 500 mètres, ce n’était pas de la neige mais de la pluie”, souligne Charlène Descollonges, hydrologue et auteure de L’Eau. Fake or not ? (éditions Tana).Au-delà de faire partie intégrante de l’imaginaire de Noël, la neige remplit plusieurs fonctions importantes. Tout d’abord, elle renvoie le rayonnement solaire, grâce à sa surface blanche, réduisant le réchauffement climatique. C’est ce qui s’appelle l’effet “aldebo” : plus un corps est clair et plus il est réfléchissant. Concrètement, si les moyennes montagnes ne sont plus enneigées, la chaleur s’installe.Mais il ne s’agit pas de sa seule fonction, comme le rappelle Françoise Vimeux : “La neige permet aussi de stocker l’eau. Quand elle fond à la fin du printemps, elle participe au niveau de beaucoup de cours d’eau. Sans ce manteau neigeux, plusieurs cours d’eau ne seront plus alimentés au début de l’été.” De son côté, l’hydrologue Charlène Descollonges compare la neige à un “compte épargne pour la sécheresse” qui va alimenter les rivières en montagne. “Ces dernières connaîtront plus de sécheresses, printanières et estivales, avec sa disparition.”Enfin, la neige pourrait-elle disparaître complètement ? Françoise Vimeux répond par l’affirmative. “En plaine, si on atteint des degrés de réchauffement important, les vagues de froid seront rares et les événements de neige de plus en plus exceptionnels. En montagne, la neige persistera, mais à des altitudes plus élevées.” Même son de cloche chez Charlène Descollonges : “L’ensemble des modélisations climatiques rapportées par Météo France montrent que d’ici à 2050, quel que soit le scénario, on aura une réduction de la durée d’enneigement de plusieurs semaines avec une diminution de la couche de neige.”D’ici là, la neige à Noël ne sera peut-être plus qu’un vague souvenir.
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Author : Audrey Parmentier
Publish date : 2023-12-27 13:39:07
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Météo : va-t-il falloir s’habituer à des Noël sans neige ?
