La plus haute juridiction des Etats-Unis devrait jouer un rôle crucial dans plusieurs affaires politiques, à moins d’un an de la présidentielle américaine prévue en novembre 2024. D’abord sur la possibilité même de l’ex-président républicain Donald Trump, en pleins déboires judiciaires, de se représenter face à son rival démocrate, alors que plusieurs Etats tentent au niveau fédéral de l’empêcher d’être candidat aux primaires de son parti.Mais aussi sur thème brûlant de la campagne : celui du droit à l’avortement. Deux ans après l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade, qui sacralisait sur l’ensemble du territoire américain le droit des femmes à recourir à l’interruption volontaire de grossesse, la Cour suprême a récemment annoncé qu’elle se prononcera également sur la question du recours à la pilule abortive. “En un éclair, la Cour suprême s’est placée au cœur de deux controverses susceptibles d’avoir des conséquences importantes pour l’élection de 2024”, analyse ainsi le média économique Bloomberg.Appelée à statuer rapidement sur l’éligibilité de TrumpEn moins d’une semaine, deux Etats américains, le Colorado et le Maine, ont tour à tour pris la décision d’interdire à Donald Trump d’y être candidat aux primaires républicaines, en raison de son rôle dans l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Des centaines de partisans avaient ce jour-là attaqué le siège du Congrès américain, où les élus certifiaient la victoire à la présidentielle de son rival Joe Biden. Les deux Etats qui souhaitent empêcher Donald Trump de participer aux primaires républicaines l’accusent d’avoir fomenté cette “insurrection”, mais restent suspendus à l’avis de la Cour suprême.”D’autres Etats pourraient bientôt suivre l’exemple du Colorado et du Maine, selon plusieurs juristes”, indique le Washington Post. Ce qui pourrait conduire à “un risque de décisions disparates, et que Trump apparaisse sur les bulletins de vote dans certains États, mais pas dans d’autres”, ajoute le quotidien.Le parti républicain du Colorado a ainsi demandé à la Cour suprême de revoir la décision de cet Etat, tandis que Donald Trump a également affirmé qu’il contesterait celle du Maine. Au total, une quinzaine d’autres Etats américains ont lancé des procédures pour empêcher l’ex-président, visé par quatre inculpations, de se représenter aux primaires de son parti, selon le site américain Lawfare, spécialisé dans les questions de sécurité nationale.Dans ce contexte, la plus haute juridiction du pays est appelée à se pencher rapidement sur cette question explosive afin d’éviter toute disparité. Tant qu’elle ne statuera pas sur cette décision, qui définira les contours du scrutin de novembre 2024, chaque Etat sera libre de permettre ou non à l’ex-président de se représenter.L’équipe de Donald Trump s’est, elle, montrée optimiste quant à une décision favorable au candidat républicain, favori des primaires. La Cour suprême a en effet largement basculé dans le camp des conservateurs au cours des dernières années. En attendant, rien n’empêche le milliardaire de poursuivre sa campagne, malgré ses nombreux déboires judiciaires.Accès à la pilule abortiveAutre sujet crucial de la campagne à venir : le droit à l’IVG. Aux Etats-Unis, la pilule abortive – méthode employée pour la moitié des interruptions volontaires de grossesse – est devenue le terrain de bataille entre les défenseurs et opposants au droit à l’avortement, depuis que la Cour suprême a annulé, le 24 juin 2022, l’arrêt Roe v. Wade qui constitutionnalisait cette procédure.Les juges ont annoncé, mercredi 13 décembre, se saisir de la question de l’avortement médicamenteux à la demande de l’administration Biden. Il s’agira de “la première grande décision concernant l’avortement” depuis 2022, selon le New York Times.Dans le détail, la méthode autorisée aux Etats-Unis, comme dans de nombreux pays, emploie deux médicaments : la mifépristone (ou RU 486), qui permet de stopper le développement de la grossesse, le second, le misoprostol, pris entre un et deux jours plus tard, et qui déclenche contractions et saignements. Depuis 2000, leur recours est autorisé par l’Agence américaine des médicaments (FDA), au départ jusqu’à sept semaines de grossesse, puis à 10 semaines après les dernières règles.Mais depuis la décision de la Cour suprême, en juin 2022, de revenir sur le droit constitutionnel à l’avortement, une vingtaine d’Etats ont interdit ou strictement restreint l’accès à l’IVG. Dans ces Etats, les avortements médicamenteux sont donc également interdits. Des groupes anti-avortement voudraient voir l’accès à la mifépristone restreint sur tout le territoire, y compris dans les Etats où l’avortement est resté légal.C’est une procédure lancée dans ce sens au Texas qui est remontée jusqu’à la Cour suprême. Elle doit trancher sur le fond d’ici fin juin 2024, à quelques mois des élections, et alors que la question de l’avortement reste “un sujet politique et juridique fort”, note le quotidien new-yorkais. Là où l’IVG a été interdit ou restreint depuis juin 2022, “les répercussions du verdict ont permis aux démocrates de mobiliser leurs électeurs, même dans des États à tendance conservatrice”.Les élections américaines doivent se tenir en novembre 2024. Dans un sondage publié par le New York Times, en novembre 2023, le potentiel candidat républicain Donald Trump est donné favori devant le président sortant Joe Biden dans cinq Etats clefs sur six.
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Publish date : 2023-12-30 16:38:39
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