*.*.*
close

Changement climatique : les trois leçons de 2023

La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, lors d'une visite à la centrale du Bugey dans l'Ain, le 24 juillet 2023




Il y a dix ans, seule une petite partie de la société se préoccupait véritablement du changement climatique. Aujourd’hui, 151 pays, 263 villes et plus d’un millier d’entreprises dans le monde visent la neutralité carbone, selon les données compilées par le site zerotracker.net. “La vision d’une économie entièrement décarbonée domine désormais, y compris dans les pays du Sud”, se félicitent les experts de l’ONG NewClimate Institute dans un rapport récent. Cependant, même si la direction suivie est la bonne, la transition qui se dessine sur le terrain ne ressemble pas vraiment à ce que souhaiteraient les écolos. Plus précisément, trois grandes tendances se sont confirmées en 2023, créant à la fois de l’espoir mais aussi des risques.Première leçon, le nucléaire sort grandi de la séquence. Pour la première fois, cette source d’énergie est citée au rang des solutions pour la lutte contre le réchauffement climatique dans l’accord final d’une COP. Le 2 décembre dernier, en marge de la grande messe dédiée au climat à Dubaï, 21 pays dont les États-Unis et la France se sont engagés à tripler les capacités nucléaires dans le monde d’ici à 2050. Enfin, en Allemagne, plusieurs figures politiques exigent un redémarrage des réacteurs. Y compris au sein de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), chère à l’ancienne chancelière Angela Merkel. Bien sûr, il ne suffit pas de réclamer une telle relance du nucléaire pour que celle-ci se matérialise. Il va falloir organiser cette montée en puissance dans un secteur aux capacités atrophiées, ce qui passe par des recrutements, des commandes fermes d’équipement ou encore une gestion des déchets améliorée… De l’aveu même des experts de la filière, le défi sera difficile à relever. Mais au bout du compte, les pays qui investissent dans l’atome bénéficieront d’une énergie dense – qui utilise peu de surface et de ressources par rapport au nombre de térawatts produits -, très bas carbone et pilotable. Trois avantages qui font du nucléaire un pilier incontournable de la transition, même si l’idée passe encore mal chez les Verts.Pragmatisme ou solutionnisme ?Deuxième leçon : l’idée de combattre le changement climatique à l’aide de la technologie fait son chemin. La captation de CO2 et son enfouissement font aujourd’hui partie des leviers jugés indispensables, alors qu’ils étaient qualifiés, il y a quelques années encore, de solutions déraisonnables. À l’occasion de la COP28, l’importance de cette nouvelle filière a de nouveau été soulignée. Mais il ne s’agit là que de la partie émergée de l’iceberg. A l’avenir, le monde comptera davantage de satellites de surveillance qui anticiperont les événements météorologiques extrêmes. Les fermes verticales géantes, destinées à produire de la nourriture en milieu aride, se multiplieront. L’ensemencement des nuages pourrait gagner de nouveaux adeptes, avant de possibles essais sur la gestion du rayonnement solaire, un procédé consistant à répandre des particules dans l’atmosphère dans le but de renvoyer une partie de la chaleur reçue par la Terre vers l’espace. Pragmatisme ou solutionnisme ? Si l’on considère que la technologie peut agir efficacement contre le changement climatique, le risque est grand de se reposer uniquement sur elle et de ne pas faire assez d’efforts pour réduire nos émissions de CO2. Sur ce point, les écolos ont raison : ce sont surtout les générations futures qui pourraient en subir les conséquences.Dernière leçon, et c’est sans doute la plus inquiétante d’un point de vue scientifique, les énergies fossiles font de la résistance. Il fallait s’y attendre. Les pays pétroliers ne sont pas prêts à abandonner leurs précieuses ressources qui servent d’ailleurs de socle à de nombreuses économies. Ainsi, la COP28 n’a pas véritablement acté la sortie de l’or noir. Le prochain sommet international dédié au climat, qui aura lieu à Bakou (Azerbaïdjan), fera-t-il mieux ? Pas sûr. 90 % de l’économie de l’Azerbaïdjan dépend du pétrole et du gaz, rappellent des élus dans une tribune récente, évoquant déjà une “COP de la honte et du déshonneur, pour la France, l’Union européenne et les démocraties”. Outre-Manche, le quotidien The Guardian s’inquiète lui aussi : “La Russie a travaillé en coulisses pour saboter les progrès, et elle le fera encore davantage l’année prochaine lorsque la COP se tiendra à Bakou, en Azerbaïdjan”.Parallèlement, le monde consomme toujours plus de charbon. En 2023, plus de 8 500 millions de tonnes sont parties en fumée, du fait notamment des énormes besoins de l’Inde et de la Chine. Il faudra bien s’attaquer à cette boulimie si l’on veut sauver la planète. Anticipant un éventuel échec de l’accord de Paris,Pascal Lamy, le président de la Commission sur le dépassement climatique,propose un système de sortie des énergies fossiles à deux vitesses, le Nord agissant avant le Sud. Mais son idée peine à prendre forme dans un monde fracturé où les nations défendent avant tout leurs intérêts. Cet immobilisme alimentera, à coup sûr, la désobéissance civile en 2024.



Source link : https://www.lexpress.fr/environnement/changement-climatique-les-trois-lecons-de-2023-J5BJVKX6A5FENBR5W3F3L2UQFQ/

Author : Sébastien Julian

Publish date : 2023-12-31 08:00:00

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Tags :L’Express

..........................%%%...*...........................................$$$$$$$$$$$$$$$$$$$$--------------------.....