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Liens du RN avec la Russie : ce que révèle l’enquête du Washington Post

Vladimir Poutine et Marine Le Pen, au Kremlin à Moscou le 24 mars 2017




A l’Est, rien de nouveau. Le Rassemblement national a dénoncé ce mardi 2 janvier “une cabale” après l’enquête du Washington Post l’accusant de liens persistants avec Moscou en vue d’affaiblir le soutien à l’Ukraine. Le parti confirme toutefois sa volonté de revenir sur les sanctions qui visent la Russie. Accusé depuis des années de servir la propagande du régime russe, le RN est de nouveau rattrapé par ses liens présumés avec Moscou.La polémique vient cette fois-ci d’outre-Atlantique : dans une enquête publiée samedi 30 décembre, le Washington Post accuse le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella de jouer un rôle décisif dans la stratégie orchestrée par l’entourage de Vladimir Poutine pour déstabiliser l’Europe et “saper le soutien à l’Ukraine”. Une vaste entreprise de subversion combinant des réseaux sociaux – orientés à l’aide de “fermes à trolls” – et la coopération de partis d’extrême droite, selon le quotidien américain qui s’appuie notamment sur des “documents du Kremlin obtenus par un service de sécurité européen”. La journaliste à l’origine de l’article, Catherine Belton, est une spécialiste du pouvoir russe. Elle a notamment publié le livre Les Hommes de Poutine : comment le KGB s’est emparé de la Russie avant de s’attaquer à l’Ouest, publié en 2022.Cette stratégie cible particulièrement la France, identifiée en 2022 par Moscou comme “vulnérable à l’agitation politique”, bien que le pouvoir russe s’intéresse aussi de près à l’Allemagne et l’Italie. A terme, “tous les gouvernements d’Europe occidentale seront changés”, assure Jean-Luc Schaffhauser, ancien député européen sous la bannière du Front puis du Rassemblement national, cité dans le journal. Ce personnage clé du parti de Marine Le Pen, qui avait négocié pour son parti le prêt obtenu en 2014 auprès d’une banque tchéco-russe, est mis en cause par le Washington Post, qui fait état de son lien avec un représentant du Kremlin dans l’Hexagone. D’après le quotidien, Jean-Luc Schaffhauser “loue un étage de sa résidence” à Strasbourg au numéro deux de l’ambassade de Russie en France, Ilya Subbotin, qui siégeait au Conseil de l’Europe jusqu’à son exclusion en mars 2022. Un simple “arrangement commercial” par l’intermédiaire d’une agence, tempère l’ancien eurodéputé.”Courroie de transmission”Si le parti a finalement reconnu la Russie comme “l’agresseur” dans le conflit en Ukraine, il continue de qualifier “d’inutile” les embargos imposés à Moscou, sur le gaz et le pétrole notamment. Des éléments de langages élaborés par “les stratèges du Kremlin” selon le Washington Post, et repris par le parti dans le but de discréditer les sanctions européennes de plus en plus sévères.Autre arme de choix du stratège russe : les armées de “trolls” présentes sur les réseaux sociaux pour critiquer massivement le soutien occidental au gouvernement ukrainien et le président Volodymyr Zelensky, en imitant des utilisateurs français. Un outil puissant, d’autant que “la visibilité des comptes pro-russes sur les médias sociaux augmente en France”, note le directeur de l’Institut français des relations internationales dans l’article. Par ailleurs, la rhétorique affirmant que “la France doit s’affirmer comme une grande puissance et rétablir ses relations avec la Russie” gagne du terrain, pointe la journaliste d’investigation.Des ingérences qui pèsent à l’approche des élections européennesDans le camp d’Emmanuel Macron, Renaissance y voit au contraire une preuve de plus que “le RN est bien le porte-parole du Kremlin en France”. Il “joue un rôle prépondérant pour relayer la propagande de Poutine”, écrit le parti sur X. L’accusation est récurrente depuis l’annexion de la Crimée en 2014, après un référendum controversé que Marine Le Pen avait jugé “sans contestation possible”, six mois avant de contracter le prêt auprès de la banque tchéco-russe, que son parti a finalement remboursé en septembre dernier. La triple candidate à l’élection présidentielle avait aussi nourri les critiques en rencontrant Vladimir Poutine au Kremlin en 2017, un mois avant le scrutin.Autant d’éléments retenus par la rapporteure macroniste d’une commission parlementaire qui a qualifié, en juin, le RN de “courroie de transmission” de la Russie, même si le parti a changé de discours depuis l’invasion de l’Ukraine début 2022 et reconnait que Moscou est “l’agresseur”. “Si la Russie nous avait donné nos éléments de langage je ne crois pas que nous dirions ça”, a objecté son porte-parole Laurent Jacobelli, martelant sur Sud Radio qu’il “n’y a pas de lien entre la Russie et le Rassemblement national”. “Tout ça est une cabale”, a-t-il insisté, assurant que pour le RN “l’objectif final c’est la paix” et que “l’Ukraine retrouve son indépendance, sa souveraineté et ses frontières” en passant par “la voie diplomatique”.La percée attendue de l’extrême droite dans plusieurs pays aux Européennes de juin pourrait changer la donne. Le porte-parole du RN ne s’en est d’ailleurs pas caché : “Si demain nous avons la majorité à Bruxelles, ça veut dire un changement radical, notamment dans les sanctions imposées à certains pays à cause de leur politique”.



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Publish date : 2024-01-02 17:18:07

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