Au Centre Pompidou, le sport se donne en spectacle au Festival Hors-Pistes

Les artistes du spectacle vivant n’ont pas attendu l’injonction des futurs Jeux Olympiques de Paris 2024 pour faire du sport un terrain de jeux. Et de réflexions. De Massimo Furlan, rejouant seul une finale de football dans un stade, à Pauline Bureau et son hommage aux sportives, sobrement intitulé Féminines, la liste est longue des essais transformés.

Le festival Hors-Pistes à Beaubourg y va, cet hiver, de sa petite musique avec comme sous-titre inspiré “Les règles du sport”. L’affiche est belle avec comme arbitre (des élégances ?) Rébecca Chaillon et la reprise attendue de son manifeste Où la chèvre est attachée, il faut qu’elle broute. Les “joueuses” convoquées s’y réapproprient ce sport qu’on leur a plusieurs fois confisqué, et racontent une histoire politique des corps, des identités féminines et du football. “Une approche intersectionnelle des discriminations rencontrées dans la société, où se mêlent performances, musique en direct et poésie”, selon la metteuse en scène.

Voie de traverse

Quant à Anna Chirescu et Grégoire Schaller, ils associent la chorégraphe post-moderne américaine Yvonne Rainer et la star de la gymnastique Nadia Comaneci le temps de Dirty Dancers dans un décor de gymnase ne semblant dédié à aucune discipline particulière. Une séance d’entraînement au risque, à la perfection et au spectaculaire à vivre en live.

Enfin, la chorégraphe Eszter Salamon présentera, elle, un film intitulé Sommerspiele. Renvoyant aux Jeux olympiques de 1936 à Berlin, il explore les liens entre passé et présent, performance et film, corps et architecture, examinant la présence et l’absence de corps dans l’espace public. La composition cinématographique se base sur des faits historiques, des souvenirs personnels et des spéculations. “Avec des références à Valeska Gert, artiste d’avant-garde allemande, le film aborde la politique du souvenir et de l’oubli, résistant poétiquement aux représentations de la propagande nazie et déstabilisant notre mémoire des Jeux de 1936”, dit la réalisatrice. On le voit, le sport selon Hors-Pistes explore à sa manière, engagée, plus d’une voie de traverse.

Festival Hors-Pistes, du 18 janvier au 18 février au Centre Pompidou, à Paris

Édito initialement paru dans la newsletter Scènes du 9 janvier. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !



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Author : Philippe Noisette

Publish date : 2024-01-08 16:49:29

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