Pour certains, le début d’année sonne comme une fausse note. Alors que les rumeurs sur son état de santé proliféraient depuis plusieurs jours, Lloyd Austin a reconnu vendredi 5 janvier être hospitalisé… depuis le 1ᵉʳ janvier. Une communication tardive qui a placé le secrétaire américain à la Défense et son entourage sous le feu des critiques.A l’origine de cet imbroglio politico-médiatique, une “grippe” qui aurait cloué au lit sa cheffe de cabinet, Kelly Magsamen, rendant ainsi impossible toute procédure de notification sur l’état de santé du ministre. Son adjointe Kathleen Hicks n’a été informée que jeudi soir, soit plus de 48 heures après son hospitalisation. Certains pouvoirs auraient pourtant été transférés à la numéro deux du Pentagone dès le mardi 2 janvier.Tout aussi surprenant, le Congrès n’a été informé que le 5, jour de la parution du communiqué du Pentagone. “Il est choquant et absolument inacceptable que le ministère de la Défense ait attendu plusieurs jours pour informer le président, le Conseil national de sécurité et le peuple américain”, tance Elise Stefanik, élue républicaine à la Chambre des représentants.Pour les Républicains, une tentative de dissimulationEn bon militaire, ce général quatre étoiles a appris à vivre dans le culte de la discrétion. Quitte à prendre des coups. “Je reconnais que j’aurais pu faire un meilleur travail pour m’assurer que le public était informé de manière appropriée”, concède Lloyd Austin dans un communiqué, assurant prendre “l’entière responsabilité de mes décisions concernant la divulgation.” Mais le mea culpa de l’intéressé ne suffit pas à éteindre l’incendie.Rapidement, la polémique enfle et l’opposition monte au créneau. Au premier rang de laquelle, le plus haut responsable républicain au sein du Comité des services armés du Sénat. Le sénateur Roger Wicker accuse l’administration de saper la confiance de la population. “Lorsqu’une des deux autorités nationales de commandement du pays est incapable d’accomplir ses fonctions, les familles militaires, les membres du Congrès et le public américain méritent de connaître toute l’étendue des circonstances”.Un épisode en deux tempsD’autant qu’au vu du contexte géopolitique brûlant, les “circonstances” méritent d’être exhumées. Tout commence vendredi 22 décembre. Le secrétaire à la Défense qui a soufflé en 2023 ses 70 bougies est admis une première fois, et dans la plus grande discrétion, à l’hôpital Walter Reed. Il n’y reste que vingt-quatre heures. Une opération “bénigne”, dont la nature n’a pas été précisée. D’apparence, rien de grave donc. Mais quelques jours plus tard, Lloyd Austin est frappé de “fortes douleurs”.C’est ainsi qu’au rythme des messages “Happy New Year, Good Health” (traduction anglaise de “Bonne année, bonne santé”), Lloyd Austin retourne à Walter Reed le lundi 1er janvier. Aux soins intensifs cette fois-ci, où il reste cinq jours. Cinq jours de silence radio. Pas de communiqué. Pas d’apparition médiatique. D’habitude très actif sur X (anciennement Twitter), son compte est comme figé depuis le 30 décembre. Date de son dernier tweet. En un mot comme en cent, le secrétaire d’Etat à La Défense a totalement disparu des écrans radars.Mauvais timingMais à l’heure où les États-Unis jouent un rôle clef dans les conflits en Israël et en Ukraine, ce “congé maladie” ne passe pas. Et outre les élus d’opposition qui font feu de tout bois, nombreux observateurs accusent l’administration Biden de mettre en danger les intérêts de la nation.”À un moment où les menaces contre les membres du service militaire américain au Moyen-Orient s’intensifient […] il est particulièrement crucial que le public américain soit informé de l’état de santé et de la capacité de prise de décision de son plus haut dirigeant de la défense”, alerte l’Association de la presse du Pentagone, dans une lettre adressée aux responsables de l’institution vendredi soir.Charge quasi identique du côté de Military Reporters and Editors (MRE), une organisation à but non lucratif regroupant des journalistes couvrant les forces armées américaines. “Cela constitue une violation de l’intention et de l’esprit des Principes de l’information du Pentagone, et ne respecte pas les normes de divulgation publique pour les hauts fonctionnaires gouvernementaux incapables d’exercer leurs fonctions”.Malgré les critiques, la Maison-Blanche prend le parti de faire fi des multiples appels à la démission du numéro 1 du Pentagone. Le président garde “entièrement confiance” dans son ministre, a notamment déclaré à la presse la porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre. Confiant sur l’idée selon laquelle une polémique en chasse une autre.
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Author : Ambre Xerri
Publish date : 2024-01-09 11:03:52
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Etats-Unis : le “congé maladie” du ministre de la Défense déclenche une polémique
