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Gabriel Attal : un Premier ministre populaire à droite, mais chez LR ?

Le nouveau Premier ministre Gabriel Attal lors de la passation de pouvoir à l'hôtel Matignon à Paris, le 9 janvier 2024




Les remaniements, c’était mieux avant. Edouard Philippe ? Un traître. Jean Castex ? Un collaborateur. Elisabeth Borne ? Une femme de gauche. La droite n’a jamais eu à se triturer les méninges pour étriller les Premiers ministres d’Emmanuel Macron. Elle pouvait définir à sa guise ces personnalités inconnues des Français, condamnées à rester dans l’ombre d’Emmanuel Macron. La nomination de Gabriel Attal rend la tâche plus complexe. Au terme d’une ascension météorique, le nouveau locataire de Matignon est devenu en décembre la personnalité politique préférée des Français, selon un baromètre Ipsos-Le Point.Mieux, il est entré dans le cœur du peuple de droite. Seuls Xavier Bertrand et Nicolas Sarkozy jouissent d”une popularité plus forte que lui auprès des sympathisants Les Républicains (LR), selon cette enquête. Le patron de LR Éric Ciotti s’est gardé, ce mardi 9 janvier, de toute critique personnelle envers le successeur d’Elisabeth Borne, l’appelant à rompre avec le “en même temps” et l'”obsession de la communication”. “C’est aux actes que nous jugerons Gabriel Attal”, ajoute le président des sénateurs LR Bruno Retailleau. A droite, tout juste épingle-t-on une promotion express sur la foi des sondages. Comme si l’avènement de Gabriel Attal illustrait l’évanescence de la fonction de Premier ministre d’Emmanuel Macron. “Il n’est pas là pour diriger la France et mettre en place des réformes, mais pour éviter une catastrophe aux européennes de juin”, raille le député du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont.Plébiscité par le peuple de droite”Coup de com'”, “manque de bilan”… LR n’entre pas en confrontation idéologique avec Gabriel Attal. Pas un hasard. L’homme enfourche les thèmes de la droite, et parle sa langue. A coup d’interdiction de l’abaya, de promotion des savoirs fondamentaux ou de lutte martiale contre le harcèlement scolaire, l’éphémère ministre de l’Education a conquis les électeurs LR. Comment résister à son ode à l’autorité ou à ses coups de menton contre sa propre administration ?Le 8 janvier, la députée LR Christelle D’Intorni – proche d’Eric Ciotti – a salué sa réforme du brevet des collèges, “un premier pas vers la recherche de l’excellence”. De son passage à Bercy, les électeurs de droite peuvent retenir ses annonces contre la fraude sociale ou son opération contre le ras-le-bol fiscal. Peut-être n’ont-ils pas oublié sa critique en 2018 de la “gréviculture”, formule à tonalité conservatrice. “Il vient du PS et s’est droitisé à mort”, note un cadre LR. “Il voit que le pays est à droite et essaye de casser cette image d’homme de gauche qui pourrait lui être accolée en raison de ses origines. Il est plutôt bon pour cela”, saluait à la rentrée un conseiller de l’exécutif.De gauche Attal ? L’homme en est issu. Cet ancien socialiste a fait ses classes au cabinet de Marisol Touraine avant de rejoindre l’aventure macroniste. Il évite toutefois de se définir ainsi et préfère s’inscrire dans le “dépassement” ouvert par le chef de l’Etat. En Macronie, les vieux clivages sont méprisés pour leur connotation partisane. Ils ôtent surtout toute mobilité idéologique à ceux qui s’en revendiquent. Et Gabriel Attal n’en manque pas.”Tu es plus à droite que moi !”Sa trajectoire épouse celle du pouvoir : un courant né sur les décombres du hollandisme mu en force de centre-droit. Eric Ciotti s’en est amusé il y a quelques mois auprès de l’intéressé. “Pour un mec de gauche, tu es plus à droite que moi ! Si tu étais de droite, qu’est-ce que ça serait.” En septembre, les députés LR se retrouvent pour leurs journées parlementaires à Saint-Malo (Bretagne). Le vice-président du groupe LR Patrick Hetzel évoque en séminaire la politique du nouveau ministre de l’Education, puis met en garde ses troupes. “Attention, ce n’est pas Pap Ndiaye.” Voilà la droite nostalgique de l’intellectuel, dépeint ad nauseam en “wokiste de salon”.Et puis, Gabriel Attal n’est pas du genre sectaire. Le ministre goûte les échanges informels avec les députés LR, au rôle d’arbitre sous majorité relative. Il les reçoit individuellement, évoque avec eux la situation politique. “Comment tu sens le pays ?” demande-t-il à un jeune député avant le remaniement estival de 2023. A Bercy, le ministre chargé des Comptes publics entretenait de bonnes relations avec la vice-présidente LR de la Commission des finances Véronique Louwagie. “Il est appréciable de ne pas trouver porte close quand on sollicite un ministre”, confiait-elle en septembre. Gabriel Attal s’amuse enfin de voir le patron des députés LR Olivier Marleix employer devant lui le pronom “nous”, lui qui peine tant à tenir son groupe parlementaire.Le Premier ministre aura besoin de ces 62 élus pour former des majorités à l’Assemblée. Une tâche ambivalente. Simple, au vu des convergences politiques entre LR et Renaissance. Complexe, car la droite souhaite réaffirmer sa singularité à six mois des élections européennes. N’a-t-elle pas tordu le bras de l’exécutif lors de la loi immigration ? Gérald Darmanin pensait fracturer son ancien parti, il a été réduit au rang de scribe de LR après le vote d’une motion de rejet. “Après plus d’un an, ils ont compris comment faire leur jeu”, note une députée Renaissance. Quelques semaines après son installation rue de Grenelle, la numéro 3 de LR Annie Genevard prévenait Gabriel Attal : “Le plus dur t’attend.” Elle ne croyait pas si bien dire.



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Author : Paul Chaulet

Publish date : 2024-01-09 15:45:25

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Tags :L’Express

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