Les trois mousquetaires étaient en réalité… quatre. Dans sa recherche d’un nouveau Premier ministre pour succéder à Elisabeth Borne, Emmanuel Macron avait, on le savait, identifié plusieurs candidats, aux profils éclectiques, susceptibles de devenir le prochain chef du gouvernement : le compagnon de route de toujours Julien Denormandie, l’actuel ministre des Armées Sébastien Lecornu et celui qui a finalement décroché la timbale, Gabriel Attal.La semaine dernière, le chef de l’Etat a d’ailleurs reçu, en compagnie du secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler, ces trois concurrents au Château pour des conversations à bâtons rompus qui avaient tout d’un entretien d’embauche. Pouls de la société, discussion générale sur la situation politique, état actuel de la majorité présidentielle, stratégie sur la manière d’aborder le contexte difficile au Parlement… Tout y est passé. Mais selon nos informations, un quatrième homme s’est invité dans cette course peu banale à Matignon : Roland Lescure.Le ministre délégué chargé de l’Industrie, qui travaille sous la tutelle de Bruno Le Maire à Bercy, a, lui aussi, eu le droit de passer la porte du 55 rue du Faubourg Saint-Honoré et du bureau du président de la République pour une entrevue secrète. “C’est un processus classique, il voit plein de candidats pour ”sentir les choses” et affiner ce qu’il cherche”, décrypte un interlocuteur régulier du chef de l’Etat. En voilà, une surprise, pour celui qui a fait son entrée au gouvernement à l’été 2022 dans le sillage d’Elisabeth Borne, en remerciement de ses bons et loyaux services. De toute évidence, le chef de l’État n’a pas tenu rigueur à ce macroniste des débuts, que l’on situe volontiers dans l’aile gauche de la majorité, d’avoir eu quelques états d’âme vis-à-vis de la loi immigration votée à l’Assemblée, aux côtés de Clément Beaune, Sylvie Retailleau ou encore Patrice Vergriete.Une surprise ? Vraiment ? Roland Lescure n’a certes pas l’impact médiatique d’un Gabriel Attal, la proximité avec le président d’un Julien Denormandie ou la politique qui coule dans ses veines comme un Sébastien Lecornu tombé dans la marmite UMP étant petit, mais il dispose d’un regard bienveillant de la part d’Emmanuel Macron. Preuve en est : l’ex-député et président de la commission des Affaires économiques au Palais Bourbon était, en juin 2022, le candidat soutenu par le Château pour le poste de président de l’Assemblée nationale. C’est peut-être, en partie, ce qui lui a coûté sa défaite face à l’actuelle titulaire du perchoir, Yaël Braun-Pivet. Un très proche du président traduit la réflexion du locataire de l’Elysée : “Lescure sait être un animateur, c’est un homme de collectif, il est apprécié de la majorité et c’est une nouvelle tête capable de symboliser le renouvellement.”En vadrouille d’usines en usines depuis un an et demi maintenant, sur le terrain pour chercher des repreneurs aux entreprises en difficulté, Roland Lescure symbolisait, de surcroît, le grand chantier de “réindustrialisation” du pays lancé par le président depuis la fin de la crise du Covid. Macroniste originel, loyal, consensuel : le ministre chargé de l’Industrie aurait pu donc, un temps, espérer remplacer une Première ministre dont il était proche et l’un des rares soutiens pugnaces quand le bateau tanguait. Contacté, Roland Lescure n’a pas souhaité faire de commentaires à propos de ce rendez-vous et de cette hypothétique promotion. Qui sait, une autre se profile peut-être ?
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Author : Erwan Bruckert
Publish date : 2024-01-10 18:53:30
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