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Argentine, Birmanie, Liberia… Les espoirs géopolitiques de 2024

Une combattante prodémocratie, membre des forces de défense du peuple (PDF), en train de nettoyer un fusil dans une base du nord de la Birmanie, le 8 décembre 2023




L’année 2024, qui voit se poursuivre deux guerres meurtrières surveillées par le monde entier, en Ukraine et à Gaza, s’annonce particulièrement mouvementée. Dans les mois qui viennent, les menaces seront innombrables : montée en puissance de la Russie en Ukraine, embrasement général au Moyen-Orient, pressions militaires chinoises sur Taïwan, provocations nord-coréennes, accès de l’Iran à la bombe atomique, coopération de plus en plus étroite entre Moscou, Pékin, Téhéran et Pyongyang… Et cela, au cours d’une année qui comptera plus de 70 élections sur la planète, dont la présidentielle américaine. Mais le pire n’est pas toujours sûr et les dictateurs ne sont pas éternels. L’année nous réserve peut-être de bonnes surprises.En Birmanie, la junte menacée par les rébellionsDes combattantes prodémocratie, membres des forces de défense du peuple (PDF), utilisent des drones dans la jungle du nord de la Birmanie, le 11 décembre 2023La dictature devra-t-elle déposer les armes en 2024 ? Lorsque le 1er février 2021 les forces armées birmanes, la Tatmadaw, confisquèrent le pouvoir à un gouvernement démocratiquement élu, elles paraissaient impossible à déloger. Trois ans plus tard, la situation laisse entrevoir une lueur d’espoir. Les militaires qui, pour justifier leur coup d’Etat, ont invoqué la nécessité de préserver l’unité du pays menacée selon eux par un pouvoir civil corrompu et des minorités ethniques irrédentistes a bien réussi à créer une union : celle du peuple contre eux.La répression dans le sang de manifestations civiles pacifiques a déclenché ou stimulé une multitude de mouvements armés. Il y eut le réveil des organisations ethniques montagnardes “traditionnelles” (Karens, Karennis, Palaungs, Kachins, etc) mais aussi, dans la plaine centrale, la création de centaines de groupes issus de la majorité ethnique Bamar, un soulèvement que n’avaient pas prévu les généraux. À la fin 2023, les insurgés contrôlaient une bonne partie du territoire birman. A tel point que le président par intérim Myint Swe parle d’un pays “menacé d’éclatement”. Début janvier, des rebelles se sont emparés de la ville de Laukkai, dans le nord de l’Etat Chan, à l’est de la Birmanie. Au total, la résistance contrôlerait désormais plusieurs centaines de postes de la junte, plus ou moins stratégiques.La junte a notamment sous-estimé la détermination d’une génération de jeunes qui, brutalement privée d’une décennie de liberté (entre 2011 et 2020), s’est retrouvée aux avant-postes de la résistance armée. La Tatmadaw, malgré de significatifs revers humains (nombreuses victimes, désertions) et territoriaux, reste toutefois maîtresse des airs – son aviation fait régner la terreur au sein des populations civiles – et s’appuie toujours sur des unités d’infanterie bien entraînées disposant de solides stocks d’armes. L’opposition, divisée sur ses objectifs, souffre quant à elle de l’absence d’un commandement unifié. Il faudra aussi voir si le grand voisin chinois, premier partenaire commercial qui n’a cessé de soutenir la junte, pourra ou voudra infléchir cette dernière dans sa stratégie mortifère.La guerre des Malouines n’aura pas lieuA quoi reconnaît-on un Argentin ? A son amour du football et à sa conviction que les îles Malouines, à 600 kilomètres de la Terre de Feu, sont argentines. Comme ses prédécesseurs, le président ultralibéral Javier Milei, au pouvoir depuis le 10 décembre, revendique la souveraineté sur les îles Falkland (Malvinas, en espagnol), où vivent 3 000 Britanniques. Cependant, quarante ans après la victoire du Royaume-Uni lors de la guerre des Malouines de 1982, Milei – paradoxalement admirateur de Margaret Thatcher – voudrait négocier une rétrocession sur le modèle de Hongkong : “Nous avons eu une guerre – que nous avons perdue –, et maintenant nous devons tout mettre en œuvre pour récupérer les îles par la voie diplomatique”, a-t-il déclaré pendant la campagne. Toutefois, 99 % des autochtones sont contre.Tusk, le Donald que l’on aime bien…Le chef élu du nouveau gouvernement polonais Donald Tusk présente son programme au Parlement, le 12 décembre 2023 à VarsovieLa dérive illibérale d’un pays n’est pas une fatalité. Démonstration faite avec le retour, à la tête du gouvernement polonais, du libéral Donald Tusk, après huit années au pouvoir des ultraconservateurs eurosceptiques du parti Droit et Justice. Une bonne nouvelle pour la Pologne, comme pour l’Union européenne : “Tusk a déjà été Premier ministre, avant de présider le Conseil européen, et maîtrise parfaitement le jeu institutionnel, pointe Lukas Macek, chercheur associé à l’Institut Jacques-Delors. A Bruxelles, l’influence positive qu’il va exercer, grâce à la stratégie constructive de son gouvernement, permettra en 2024 à la Pologne, au centre du jeu continental avec la guerre chez son voisin ukrainien, de compter au-delà de son poids démographique et économique.”Au Liberia, une transition pacifique du pouvoirUne élection “juste et libre”, selon Joe Biden. La présidentielle de novembre au Liberia – cinq millions d’habitants – a été saluée pour son déroulement. Le président sortant et ex-star du foot, George Weah, a rapidement reconnu la victoire de son opposant, Joseph Boakai (50,6 % des voix). Et ainsi dissipé les craintes de troubles post-électoraux dans ce pays situé au cœur d’une région particulièrement sensible. “Cette action a marqué une transition pacifique notable du pouvoir à un moment où de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest ont connu une résurgence de coups d’Etat militaires, une manipulation de la limitation des mandats présidentiels et des élections entachées d’allégations de mauvaise conduite”, souligne le Wilson Center, basé à Washington. Le nouveau président – âgé de 78 ans – prendra ses fonctions le 22 janvier.



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Author : Clément Daniez, Axel Gyldén, Paul Véronique

Publish date : 2024-01-12 04:54:41

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Tags :L’Express

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