Des menaces particulièrement virulentes. L’armée chinoise s’est engagée vendredi 12 janvier à “écraser” tout effort en faveur de l’indépendance de Taïwan, à la veille d’une élection présidentielle cruciale dans l’île qui, selon Pékin, fait partie de son territoire. “L’Armée populaire de libération de Chine maintient une vigilance élevée à tout moment et prendra toutes les mesures nécessaires pour écraser fermement les tentatives d’indépendance de Taïwan sous toutes leurs formes”, a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Zhang Xiaogang, dans un communiqué.Si la Chine fait les gros titres de la presse internationale en lançant des avertissements belliqueux, dans les médias nationaux étroitement contrôlés par le Parti communiste (PCC au pouvoir), rien ou presque n’a filtré concernant l’effervescence de la démocratie sur l’île. Les principales plateformes d’information chinoises – l’agence de presse officielle Chine nouvelle, le radiodiffuseur d’Etat CCTV et le Quotidien du Peuple, dirigé par le parti – n’ont consacré qu’une couverture minime, ce vendredi, à l’élection qui se tiendra à Taïwan le lendemain.D’autres sites Internet contrôlés par l’Etat ont à peine mentionné le scrutin au cours des dernières semaines, tandis que les commentaires sur les réseaux sociaux chinois l’ont évoqué soit pour le dénoncer, soit pour afficher leur soutien aux candidats appelant à établir des liens plus étroits avec Pékin. Au cours des derniers mois, la presse d’Etat a publié des articles critiquant le candidat Lai Ching-te, du Parti démocratique progressiste (DPP), pour ses positions en faveur de l’indépendance. Il y a également eu des articles soulignant la dépendance économique de Taïwan à l’égard du continent, ainsi qu’une couverture d’une manifestation sur l’île contre une prétendue politique du DPP consistant à retirer certains textes chinois classiques du programme scolaire.Des réseaux sociaux étroitement censurésAvec ses grands rassemblements et ses débats publics virulents, l’élection dynamique de Taïwan constitue en soi un motif d’anathème pour le système politique chinois dominé par un parti unique. Certains médias chinois ont tenté de présenter la démocratie comme un problème, le Taiwan Strait Online qualifiant les élections de “chaos de fond en comble”. Cette semaine, le journal basé dans la province chinoise de Fujian a écrit qu'”en fin de compte, ses partis politiques ne peuvent pas représenter la volonté du peuple et le système présente des lacunes”.Sur les réseaux sociaux chinois, strictement contrôlés et censurés par Pékin, la grande majorité des messages et des commentaires défendent la position officielle. “L’élection à Taïwan n’est pas une élection légale, elle est même illégale en vertu du principe de la Chine unique”, peut-on lire dans un commentaire, en référence à la politique déclarée de Pékin de “réunification” avec Taïwan, par la force si nécessaire. D’autres ont ouvertement soutenu le principal adversaire de Lai Ching-te, Hou Yu-ih, qui représente le parti Kuomintang (KMT), proche de Pékin. “(Lai Ching-te Lai) fera courir le risque d’une guerre à Taïwan… au moins Hou est terre à terre et fait des choses concrètes”, a écrit un internaute.Des campagnes de désinformation sur TikTokCertains commentaires ont également mis en doute la validité de l’élection en mobilisant la rhétorique nationaliste de la Chine à l’égard de Taïwan. “Le peuple taïwanais n’a en fait pas son mot à dire. Quel que soit le candidat élu, il ne peut que devenir le chien de salon des Etats-Unis”, a écrit un internaute. “Taïwan fait partie intégrante de la Chine. La manière dont la Chine contrôle Taïwan est une question qui relève du peuple chinois lui-même”, peut-on également lire.La tentative de la Chine de discréditer le vote s’est également traduite par une vague de désinformation visant essentiellement les candidats se prononçant pour l’indépendance de l’île avant le scrutin. Un hashtag chinois se moquant de Lai Ching-te a été vu plus de 8,5 millions de fois sur TikTok, et les réactions désobligeantes et autres théories du complot pullulaient en réponse aux messages et aux vidéos contre le DPP. De nombreuses vidéos TikTok ont été créées sur Douyin, la version chinoise de l’application vidéo, a révélé une enquête Fact Check de l’AFP. On saura ce samedi quel choix auront fait les électeurs taïwanais, pour la première élection d’une année 2024 de tous les dangers.
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Publish date : 2024-01-12 14:55:18
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