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Heures non remplacées : Amélie Oudéa-Castéra “regrette” avoir pu “blesser” des enseignants

Amélie Oudea-Castera, nouvelle ministre de l'éducation, des sports et des Jeux olympiques, à Paris, le 12 janvier 2024




C’est sa première polémique. A peine nommée à ce poste, jeudi 11 janvier, la ministre de l’Education nationale Amélie Oudéa-Castéra a été critiquée dès le lendemain par l’opposition politique ainsi que par des syndicats d’enseignants. Elle a en effet dû justifier sa décision de transférer ses enfants du public au privé.”Je ne vais pas esquiver votre question […] on va aller sur le champ du personnel”, a-t-elle répondu lors d’un point presse à un journaliste de Mediapart, après la visite d’un collège à Andrésy (Yvelines). Il s’agissait de son premier déplacement en tant que ministre de l’Education, aux côtés de son prédécesseur Gabriel Attal, désormais à Matignon.”Mon fils aîné, Vincent, a commencé, comme sa maman, à l’école publique (élémentaire) à Littré (VIe arrondissement de Paris)”, a-t-elle expliqué, avant d’évoquer sa “frustration” ainsi que celle de son mari, qui ont “vu des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées”. Le couple en a “eu marre, comme des centaines de milliers de familles qui, à un moment, ont fait un choix d’aller chercher une solution différente”, s’est-elle défendue, en précisant qu’il s’agissait d’un “choix de proximité” puisqu’ils habitaient rue Stanislas. Dans une déclaration transmise ce samedi après-midi à l’AFP, la ministre de l’Education a dit “regretter” avoir “pu blesser certains enseignants de l’enseignement public”, et a assuré qu’elle sera “toujours” aux “côtés” de “l’école publique et de ses professeurs”.”Les Français attendent de nous que nous soyons lucides sur les difficultés. Et ils attendent de nous que nous agissions pour les traiter, a-t-elle ajouté. L’année scolaire dernière, 15 millions d’heures n’étaient pas remplacées. C’est autant de pertes de chances pour notre jeunesse et son éducation […]. Il reste beaucoup à faire. Et je me suis engagée dès ma prise de fonction à prendre ce combat, en poursuivant les réformes engagées visant à la revalorisation des carrières.”Stanislas, un établissement épinglé par la presseLe collège-lycée Stanislas, également dans le VIe arrondissement, au cœur de Paris, est un prestigieux établissement privé catholique. Début 2023, le ministère de l’Education avait saisi l’Inspection générale et lancé un appel à témoignages après des accusations de dérives homophobes et sexistes relayées dans la presse visant cet établissement.Comme le révélait L’Express début juin 2022, ce collège d’élite parisien prône notamment la “pudeur” féminine face aux “pulsions” des garçons, interdit les “petits couples” et prône la contraception naturelle, sans évoquer les alternatives. Mediapart avait par la suite documenté, fin juin 2022, témoignages et documents à l’appui, “l’univers sexiste, homophobe et autoritaire du collège et lycée parisien Stanislas, établissement privé catholique décrit comme’le meilleur’lycée de France”.”Des propos lunaires et provocateurs”Les arguments avancés par Amélie Oudéa-Castéra ont immédiatement déclenché la controverse politique. “Sept ans qu’ils sont au pouvoir, sept ans qu’ils n’ont rien fait pour redresser l’école de la République. Et ils s’offusquent aujourd’hui du délabrement de l’enseignement public, comme s’ils n’en étaient pas responsables”, s’est ainsi indignée sur X (anciennement Twitter) la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen.Sept ans qu’ils sont au pouvoir, sept ans qu’ils n’ont rien fait pour redresser l’école de la République. Et ils s’offusquent aujourd’hui du délabrement de l’enseignement public, comme s’ils n’en étaient pas responsables. Plus que jamais, l’urgence, c’est l’alternance !— Marine Le Pen (@MLP_officiel) January 12, 2024Le patron du Parti socialiste Olivier Faure a jugé sur le même réseau “hallucinants” les propos de la ministre en les parodiant : “L’école publique dont je suis désormais la ministre n’était pas assez bien pour mes enfants alors je les ai scolarisés dans un lycée privé dont les valeurs sont, selon les enquêtes qui y ont été réalisées, loin des valeurs républicaines”. Le député Insoumis Rodrigo Arenas, ancien co-président de la fédération de parents d’élèves FCPE, a pour sa part annoncé saisir le recteur de l’académie de Paris “pour vérifier les propos dénigrants de la ministre de l’Education nationale à propos de l’école Littré à Paris.”Le gouvernement à la rescousseLa porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot, interrogée sur France 2, a assuré que l’exécutif a apporté une réponse à la hauteur du constat des “15 millions d’heures […] perdues” chaque année. Notamment avec le “doublement des heures remplacées pour les enseignants absents”. Promis par le président Emmanuel Macron lors de sa campagne, le “pacte enseignant” prévoit des hausses de rémunérations conditionnées à de nouvelles missions, dont des remplacements de courte durée. Gabriel Attal a indiqué cette semaine que près de 30 % des enseignants l’avait signé. Aurore Bergé, ministre déléguée à l’Egalité hommes-femmes, a également défendu sa collègue de l’Education : “Le problème, c’est que vous avez beaucoup trop de parents qui font un choix par défaut de scolariser les enfants dans le privé”, a-t-elle souligné sur France 5.Les syndicats enseignants ont eux aussi réagi vivement. “Des propos lunaires et provocateurs, contre le service public d’éducation et ses personnels”, a commenté sur X Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire. La CGT Educ’action a fustigé une “lamentable et indigne prise de parole de la nouvelle ministre”. Pour Jean-Rémi Girard, président du Snalc (collèges et lycées), c’est “une histoire intéressante par ce qu’elle dit sur l’abandon de l’école publique par nos dirigeants”.L’Unsa “ne manquera pas de rappeler très vite à la ministre que son sujet premier doit être l’Ecole publique, la seule école de tous et pour tous”, a fait savoir la secrétaire générale du syndicat des enseignants, Elisabeth Allain-Moreno. “Si les remplacements n’étaient pas assurés à Littré c’est parce qu’il y a eu des milliers de postes de remplaçants supprimés”, a embrayé de son côté la porte-parole du SNUipp-FSU (principal syndicat du primaire), Guislaine David.



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Publish date : 2024-01-13 16:44:16

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