Pauvres Créatures de Yórgos Lánthimos
C’est peut-être la plus grande beauté du film, de voir comme Emma Stone prend les rênes pour ne plus jamais s’incliner, comme elle est à la fois sauvage, bestiale et ingénue. Poupée toute puissante, la Barbie victorienne est le monstre qui dérègle tout sur son passage, ravage le carton-pâte et laisse sa chair envahir le cadre. À ses pieds, les pauvres créatures, les hommes misérables, et notamment l’avocat transi et dépossédé (Mark Ruffalo), vieux beau génialement pitoyable.
La critique d’Arnaud Hallet
Animal de Sofia Exarchou
Kalia (Dimitra Vlagkopoulou) est l’une des principales animatrices d’un hôtel grec all-inclusive. À l’intérieur de ce collectif de salarié·es, Kalia a beau connaître par cœur les rouages du métier rythmé par ses shows, son équilibre commence à tanguer, épuisée par l’enchaînement de nuits d’ivresse. Construit comme une spirale, le récit d’Animal nous aspire, un rouleau compresseur tout en répétition, telle une interminable gueule de bois, et saisit avec une lucidité toujours tendre cette vie sans sommeil. Pour Kalia, consumée par le chagrin, le travail devient le seul moyen de ne pas trop se faire dévorer par ses émotions, de penser à autre chose.
La critique de Ludocvic Béot
Godzilla Minus One de Takashi Yamazaki
Véritable tour de force, le film de Takashi Yamazaki redéfinit le prototype même du kaiju eiga (le film de monstre japonais) avec un savoir-faire impressionnant et une ligne claire opportune, à l’heure où le genre (côté américain) a plutôt tendance à se tuméfier en crossovers et autres spin-off indigents.
La critique de Léo Moser
Krisha et le maître de la forêt, de Park Jae-beom
S’adressant en premier lieu au jeune public, mais pas dénué de violence et de crudité, Krisha raconte l’éternel conflit entre nature et culture. L’antagoniste, un chasseur russe décidé à tuer l’ours mythique pour sa propre gloire – qui n’est pas sans rappeler la Dame Eboshi de Princesse Mononoké, une des inspirations les plus claires du film – incarne une certaine idée de l’asservissement de la nature par la culture.
La critique de Jérémie Oro
La Tête froide de Stéphane Marchetti
Malgré ses indéniables qualités de fabrication, ses dispositifs de tension scénaristique et mises à l’épreuve des limites physiques des corps, il y a dans La Tête froide une incapacité à s’envisager autrement que comme un réseau de tropes, qui lui donne l’air de se maintenir à la surface des représentations archétypales de son sujet.
La critique de Théo Ribeton
Les Chambres rouges de Pascal Plante
Toujours au diapason de son personnage principal, le polar est tout aussi robotique que vampirique, et ne se laisse guère aller au cœur des choses. Il réussit pourtant à certains endroits, et c’est déjà quelque chose, à mettre en scène Internet et ses navigations avec une folle intensité.
La critique d’Arnaud Hallet
Stella, une vie allemande de Kilian Riedhof
De Stella pour qui la talentueuse Paula Beer ne peut hélas pas grand-chose, Kilian Riedhof n’effleure que trop timidement son mal et ses tiraillements, visiblement plus à l’aise pour en faire le pantin uniforme et idéal d’hommes abuseurs. Le film lui réserve le même sort que celui réservé aux traîtres : une punition, justifiée par une scène de torture insoutenable, dont l’insistance cache mal la complaisance.
La critique de Marilou Duponchel
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Author : Service Cinéma
Publish date : 2024-01-16 16:52:02
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