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En Israël, grand coup de projecteur sur les divisions du cabinet de guerre

Des proches d'otages retenus à Gaza manifestent devant le ministère de la Défense à Tel-Aviv avant une réunion prévue du cabinet de guerre, le 25 décembre 2023




“Il ne faut pas raconter n’importe quoi… Aujourd’hui, la vérité, c’est que les objectifs de guerre ne sont pas atteints dans la bande de Gaza.” Dans un entretien donné à la chaîne de télévision israélienne Canal 12 jeudi 18 janvier, le ministre Gadi Eisenkot a exposé publiquement ses désaccords au sujet des objectifs de la guerre menée par Tsahal dans la bande de Gaza. “Il n’est pas réaliste de parler de victoire complète contre le Hamas”, a déclaré cet ancien chef d’état-major, selon des propos rapportés par le Times of Israel.Membre de l’opposition centriste, Gadi Eisenkot a rejoint en urgence le cabinet de guerre de Netanyahou, formé dans le contexte d’union nationale post-attaque du 7 octobre. Mais il ne cache pas ses désaccords avec la manière dont le Premier ministre israélien dirige le pays, et a appelé jeudi soir à convoquer des élections législatives dans les prochains mois. “Il faut que l’électeur israélien retourne aux urnes de façon à restaurer la confiance, car en ce moment, elle a disparu”, a-t-il argumenté.Gadi Eisenkot est présent à droite sur cette photo, prise en 2015 près de la bande de Gaza, aux côtés du Premier ministre Benyamin Netanyahou et de l’ancien ministre de la Défense Moshe YaalonDemande d’élections anticipéesUne demande de l’opposition à laquelle Benyamin Netanyahou se refuse catégoriquement. “Les propos de M. Eisenkot contrastent fortement avec ceux de M. Netanyahou, qui a promis lors de sa propre conférence de presse, jeudi en fin de journée, de poursuivre le combat avec toute la force nécessaire jusqu’à la victoire totale sur le Hamas”, analyse ainsi le Financial Times.Le Premier ministre israélien s’est en effet engagé à détruire les capacités militaires et gouvernementales du Hamas, mais il fait l’objet de critiques – à commencer par son allié américain – sur son manque de vision politique à long terme de la question palestinienne, et sur le grand nombre de victimes civiles provoquées par l’intervention de Tsahal à Gaza.Dans un bilan actualisé ce samedi 20 janvier, le ministère de la Santé de Gaza dirigé par le Hamas fait ainsi état de près de 25 000 morts dans l’enclave depuis le début des hostilités – des chiffres non vérifiables de source indépendante. De leur côté, les Etats arabes tentent d’arriver à un accord sur un cessez-le-feu et la libération des otages restants, mais en échange de mesures politiques visant à avancer vers la création d’un Etat palestinien.Face à la pression internationale qui s’exerce sur Israël, Gadi Eisenkot a tancé le gouvernement : “Je n’en suis plus au stade ou à l’âge où l’on fait aveuglément confiance à tel ou tel dirigeant. Je juge les personnes sur leurs décisions et la façon dont elles dirigent le pays”, a-t-il indiqué, suggérant que les positions prises par Benyamin Netanyahou mettaient en danger la sécurité nationale d’Israël.Désaccord sur les otagesIl explique notamment comment lui et le chef de son parti, Benny Gantz, également membre du cabinet de guerre, se seraient opposés à l’ouverture d’un nouveau front avec le Hezbollah à la frontière libanaise au début de la guerre, qui aurait provoqué d’immenses pertes pour Tsahal. Cette dernière connaît déjà “les plus graves pertes depuis la création de l’État”, a ajouté Gadi Eisenkot, toujours selon le Times. Le ministre a lui-même perdu son fils, âgé de 25 ans, et son neveu, 19 ans, tous deux engagés à Gaza.Egalement au centre des tensions au sein du cabinet de guerre : le sort des quelque 130 otages capturés le 7 octobre. Là où Benyamin Netanyahou estime que “seule une pression militaire continue” conduira à leur libération, rapporte le Financial Times, Gadi Eisenkot plaide quant à lui pour la négociation d’une nouvelle trêve. “Nous devrions dire courageusement qu’il est impossible de ramener les otages vivants dans un futur proche sans un accord”, a-t-il affirmé, alors que des voix s’élèvent en Israël parmi les familles d’otage en faveur d’un accord avec le mouvement islamiste.Un cabinet de guerre prêt à imploserGadi Eisenkot n’est pas le seul à avoir émis des réserves sur le flou stratégique de l’opération militaire à Gaza. Avant lui, le ministre de la Défense Yoav Gallant, qui défend pour sa part une poursuite plus vigoureuse de la guerre, avait critiqué l’indécision du gouvernement. De son côté, l’extrême droite d’Itamar Ben-Gvir milite pour le nettoyage ethnique et la recolonisation de la bande de Gaza.Aux côtés de Benny Gantz et Benyamin Netanyahou, Yoav Gallant constitue l’un des piliers d’un cabinet de guerre traversé par d’immenses tensions, selon le Jerusalem Post. “Le gouvernement d’urgence est proche de l’effondrement” et “la question n’est plus de savoir s’il y aura des élections anticipées en 2024, mais quand”, poursuit le journal.”La popularité du Likoud de M. Netanyahou et de la plupart de ses alliés de la coalition s’est effondrée dans les sondages d’opinion depuis l’attaque du Hamas, le parti de M. Gantz étant désormais largement en tête”, analyse de son côté le Financial Times.



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Publish date : 2024-01-20 17:14:28

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