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On a rencontré Burç Akyol avant son défilé d’ouverture de la Fashion Week

On a rencontré Burç Akyol avant son défilé d’ouverture de la Fashion Week



Paris, 8e arrondissement. La cour carrée de l’immeuble de Burç Akyol ne se métamorphosera pas en décor de show cette saison. Pas de banc, pas de palmier doré : le designer franco-turc quittera, le temps de son défilé, ce lieu de vie et de travail où il a fondé sa marque en 2019, et où il a déjà dévoilé trois collections à un public restreint. Un nouveau cap s’esquisse : direction l’Institut du monde arabe, où Akyol ouvrira une seconde fois la semaine de la mode parisienne.

Mais à 72 heures du show, la sphère mode grouille tout de même dans la cour de 60 m2 : des mannequins, venues passer le casting dans l’appartement-atelier du créateur situé au rez-de-chaussée, y croisent des attachés de presse faisant le point. Depuis la cour, on aperçoit les portants bouger. Des vêtements y sont déposés, d’autres sont en attente de finition. On repère de la georgette de soie bleue, une robe rouge à multiple drapés…

La mode persiste dans cette cour, lieu qui raconte la vie d’Akyol en tant que jeune créateur, et d’où il dessine aujourd’hui la suite de sa marque. Mais c’est un autre lieu ayant construit le trentenaire qui est au cœur de sa collection automne-hiver 2024-2025 : Dreux, commune d’Eure et Loire, qui l’a vu naître.

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Débuter dans la mode

“Je suis partie de Dreux où j’ai passé ma vie, avec plein de rêves en tête. Je n’avais pas les codes de la mode, je ne connaissais personne. J’ai frappé aux portes, je n’avais rien à perdre, et aujourd’hui, je transmets ce que j’ai pu apprendre de cette expérience à une jeune fille. Elle aussi est originaire de Dreux. Elle aussi rêve de mode, elle aussi se pose 10 000 questions, et elle aussi va devoir faire face à l’adversité”, raconte Akyol qui depuis octobre rencontre cette jeune étudiante chaque lundi. Inscrite au Studio Berçot, celle-ci a dû reprendre le train pour Dreux en juin dernier, quand l’établissement de mode a annoncé sa fermeture définitive.

Une situation à l’image d’un tableau d’incertitudes étudiantes plus globales frappant également les jeunes créateur·rices dans le champ de la mode. En réponse, Akyol fait le pari de la générosité, qui se devine à la fois dans les volumes et textures de la collection. Des pulls duveteux en mohair se marient aux pantalons en georgette de soie. Un épais blouson, à la fois armure et bijou, composé de tweed, précède un grand pan de cuir se transformant en écharpe entourant le corps.

Chez Akyol, le corps embrasse la soie ou la maille moelleuse, comme pour se donner un peu d’amour. “C’est très tactile, très sensuel, c’est beaucoup de self love”, commente-t-il en comparant la chaleur d’un col roulé à celle des mains d’un·e amant·e. Au creux d’une manche ou le long d’un mollet s’inscrivent des messages de soutien pour soi mais aussi pour les autres, comme “I know you’re tired, but come, this is the way” (de Djalâl ad-Dîn Muhammad Balkhi). Sa mode n’est pourtant pas que réconfort : c’est aussi parfois plus sexy et un brin kinky.

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Culture visuelle 90’s

Au fil des portants se construit un vestiaire varié, entre nocturne et diurne, red carpet et vêtements d’intérieur – mais toujours avec une touche Akyol. Les chemises sont modulables, les pulls transformables, et des bandes noires apposées au niveau de la braguette érotisent les jeans.

Sur le moodboard, les références sont elles aussi variées, allant de Nicole Kidman en robe grise à la remise des Oscars mi-1990 aux silhouettes opulentes et colorées de Christian Lacroix. “Parler avec cette jeune fille m’a aussi permis de me rappeler que ma découverte de la mode dans les années 1990 s’est faite à un moment où celle-ci était plurielle. Il y avait encore Lacroix, mais aussi le minimalisme de Calvin Klein ou Jil Sander. La culture de la célébrité était aussi très présente. Tout cela forge une approche particulière.” Un jukebox visuel, retravaillé et édité dans une collection ciselée, aux touches de couleur mesurées, pour un créateur montrant depuis sa première collection qu’Orient n’est pas forcément synonyme d’opulence.

Une collection qui permet aussi au finaliste du prix LVMH 2023 et lauréat du prix Fashion Trust Arabia 2022 d’étendre son registre, alors qu’il travaille à la refonte du logo de sa marque : “Mes parents sont turcs, et il n’y a pas de droit de territoire pour la nationalité française que j’ai dû demander à mes 13 ans. Quand tu arrives, on efface toutes les spécificités d’écriture de ton prénom : cédille, tréma, accent… J’ai perdu ma cédille à mes 13 ans, quand je suis devenu français. Aujourd’hui, je lui redonne une place.” Il faudra donc désormais écrire Burç.



Source link : https://www.lesinrocks.com/ou-est-le-cool/on-a-rencontre-burc-akyol-avant-son-defile-douverture-de-la-fashion-week-607184-19-01-2024/

Author : Manon Renault

Publish date : 2024-01-19 17:08:20

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Tags :Les Inrocks

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