MondialNews

Rian Jonhson et Natasha Lyonne ressuscitent avec brio la figure de Columbo dans “Poker Face”

Rian Jonhson et Natasha Lyonne ressuscitent avec brio la figure de Columbo dans “Poker Face”



Pourquoi la floraison actuelle des séries – en nombre – ne s’accompagne-t-elle presque jamais d’un regard rétrospectif ? Toutes les grandes œuvres ne sont pas nées d’hier, voilà une évidence qu’il n’est pas inutile de rappeler. Le créateur de Poker face, Rian Johnson, s’est manifestement posé la question, du haut de ses cinquante ans tout juste. Sa série, une très bonne surprise de ce début d’année, s’appuie sur le souvenir de Columbo, fleuron du modernisme seventies dont elle reprend la structure fondamentale – la résolution d’un meurtre à chaque épisode, en dévoilant le/la coupable d’entrée – et retravaille la figure centrale.

Il ne s’agit en rien d’un remake, plutôt d’une variation qui ne dit pas son nom. Et fonctionne d’entrée grâce à Natasha Lyonne, actrice débordante de malice. Repérée il y a vingt-cinq ans dans la romance lesbienne But I’m a Cheerleader, la New-Yorkaise est parvenue à se façonner une carrière solide – Orange is The New Black, Poupée russe – où elle brille par une forme d’ironie revêche. La voilà dans la peau de Charlie Cale, personnage doté d’une capacité hors-norme : elle sait d’instinct quand une personne ment. Elle n’y peut rien, c’est comme ça. La jeune quadra a d’abord écumé les casinos pour s’enrichir discrètement au poker, avant de se retrouver traquée par un malfrat, et forcée de vivre sur la route. 

Rêve américain

Elle tient un peu du Mentalist, mais sa petite moue perpétuelle et son air de ne pas y toucher rappellent vraiment l’inspecteur à imper. Même si elle n’est pas flic, elle résout des meurtres. On suit ses aventures au fil des semaines avec, chaque fois, un décor et des personnages différents : un garage au bord d’une route désertique, un restaurant de campagne, ou encore, dans le réjouissant quatrième épisode, le quotidien d’un groupe de rock devenu ringard, avec Chloë Sevigny en guest. À chaque fois, un petit monde apparaît et disparaît, un morceau d’Amérique désolée, regardée de l’intérieur. 

La réussite de Poker Face tient à la façon dont la série prend au sérieux le genre qu’elle investit, sa façon de filmer la pensée et la réflexion de son héroïne, en quête de vérité dans un monde qui globalement préfère le mensonge. C’est souvent assez fin, constamment drôle et réjouissant. C’est aussi très contemporain, malgré la référence vintage. Comme toutes les bonnes séries qui reposent sur une recette narrative répétée, Poker Face en profite pour creuser sur place. Elle tente de comprendre les enjeux qui sous-tendent ce qui reste aujourd’hui du rêve américain : l’appât du gain, le repli sur des valeurs conservatrices, le regret d’un âge d’or perdu.

10 épisodes à voir sur TF1+

Rian Jonhson, cinéaste très respectable (le beau Looper, en 2012, avant sa percée avec Star Wars VII puis À couteaux tirés), a aussi traversé Breaking Bad en tant que réalisateur, ce qui donne une élasticité hors-norme à son travail capable de naviguer du mainstream à une touche plus indé. Poker Face en bénéficie directement, même si la série, au quotidien, est drivée par les sœurs Nora et Lilla Zuckerman.

TFI +, nouvelle plateforme gratuite (et avec pub) du leader de la télé française, diffuse la série avec un an de retard. Cela devrait permettre d’enchaîner les dix épisodes de la première saison avec la seconde fournée, longtemps retardée à cause de la grève à Hollywood, mais prévue pour les mois qui viennent.

Poker Face de Rian Jonhson avec Natasha Lyonne, Adrien Brody, Cherry Jones… Sur TF1 +.



Source link : https://www.lesinrocks.com/series/rian-jonhson-et-natasha-lyonne-ressuscitent-avec-brio-la-figure-de-columbo-dans-poker-face-607699-25-01-2024/

Author : Olivier Joyard

Publish date : 2024-01-25 12:13:16

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Exit mobile version