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Colère des agriculteurs : ce qu’ils ont obtenu, ce qu’ils demandent encore

Des agriculteurs bloquent l'autoroute A16, près de Beauvais, le 29 janvier 2024




C’est un mouvement aux revendications multiples, et souvent propres à chaque secteur. Si les agriculteurs ont obtenu du gouvernement l’abandon d’une hausse des taxes sur le carburant des tracteurs, de premières mesures de simplification, la promesse de davantage de contrôles visant les industriels, la grande majorité du secteur continue sa mobilisation et juge les premières annonces insuffisantes face à l’ampleur de leur colère.Parmi les sujets qu’ils veulent voir abordés, on retrouve la question des pesticides, la critique des accords de libre-échange ou encore la garantie d’un revenu décent. Alors que Gabriel Attal doit recevoir, lundi soir, à Matignon les dirigeants de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs, et que le gouvernement promet de “nouvelles mesures prises dès demain”, retour sur ce que les agriculteurs ont obtenu et ce qu’ils réclament encore.Les mesures déjà actéesEn déplacement en Haute-Garonne vendredi dernier, Gabriel Attal a annoncé une première salve de mesures dans l’espoir d’atténuer la colère du mouvement agricole. Sur le gazole non routier (GNR), le gouvernement a tout d’abord abandonné la hausse prévue de la taxe sur ce carburant des tracteurs. Il a aussi promis qu’à partir de juillet, les agriculteurs bénéficieraient de l’avantage fiscal dont ils bénéficient sur le GNR dès la livraison, c’est-à-dire qu’ils n’auront plus à en demander le remboursement après coup.Le Premier ministre s’est aussi engagé à prendre dix mesures immédiates de “simplification administrative”, pour accélérer par exemple les procédures concernant le curage des cours d’eau, la construction de bâtiments d’élevage ou de projets de stockage d’eau par exemple. Pour garantir le respect des lois EGAlim, qui visent à protéger les revenus des agriculteurs, le gouvernement a également prévu de multiplier les contrôles et devrait prononcer des “sanctions lourdes” contre trois entreprises, non nommées.Des aides supplémentaires vont être débloquées, notamment pour les éleveurs dont les vaches sont touchées par la maladie bovine MHE (50 millions d’euros), pour la filière bio (également 50 millions), pour les exploitations bretonnes affectées par la tempête Ciaran et pour la viticulture. Enfin, Gabriel Attal a rappelé l’opposition de l’exécutif français à la ratification de l’accord de libre-échange avec le bloc sud-américain Mercosur.Là où les syndicats veulent aller plus loinSur le GNR, la Coordination rurale (CR), deuxième syndicat agricole, demande l’abandon de toute taxe. La CR souhaiterait par ailleurs plus de détails sur les fonds d’urgence et regrette que la grippe aviaire n’ait pas été abordée. “Le gouvernement s’engage à quoi exactement ?”, a résumé la présidente de la CR, Véronique Le Floc’h, auprès de l’AFP.Au sujet des accords de libre-échange, tous les grands syndicats veulent que le gouvernement s’engage davantage pour éviter une “concurrence déloyale”. Il faut que les produits importés soient soumis aux mêmes normes que les produits français, plaide le patron de la FNSEA qui, avec les Jeunes agriculteurs, forme le premier syndicat du secteur. Arnaud Rousseau mentionne régulièrement l’accord en discussion avec le Mercosur, mais aussi avec l’Ukraine, qui bénéficie de la suspension des droits de douane sur certains produits agricoles depuis l’invasion de son territoire par la Russie, en 2022. Véronique Le Floc’h invoque une “exception agriculturelle”, exigeant de ne plus sacrifier l’agriculture en échange d’avancées dans d’autres secteurs économiques. La Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, classé à gauche, exige que la France s’implique fortement pour arrêter les négociations avec le Mercosur.Sur les lois EGAlim, La Confédération paysanne voudrait non seulement qu’il y ait davantage de contrôles, mais aussi qu’il y ait un “arbitrage public” dans les négociations, pour s’assurer que les agriculteurs ne vendent pas sous leur “prix de revient” (coût de production + rémunération), a déclaré la secrétaire générale du syndicat, Véronique Marchesseau.Pour faciliter l’installation des nouveaux agriculteurs, objet d’une loi en préparation, la Coordination rurale plaide également pour la suppression des droits de succession. La CR demande aussi une revalorisation des retraites agricoles, tandis que la FNSEA regrette qu’un rapport sur le sujet prévu de longue date n’ait toujours pas été publié.Les mesures que le gouvernement n’a pas ou peu abordéesIl faut que le gouvernement “change de logiciel”, notamment en affirmant renoncer à produire moins, comme l’implique le “Pacte vert” (Green deal, le plan de transition écologique de l’UE), a avancé Arnaud Rousseau lundi. Il plaide aussi pour que le gouvernement renonce à toute “surtransposition”, c’est-à-dire à l’application en France de mesures réglementaires plus strictes que celles demandées par Bruxelles, notamment sur les pesticides. Ces demandes figuraient déjà parmi la liste de revendications communiquées par la FNSEA et les JA mercredi dernier, avant les premières annonces de Gabriel Attal donc, et auxquelles le Premier ministre n’a pour l’instant pas donné suite.Allant plus loin, la Coordination rurale demande que la France “obtienne la renégociation immédiate de la PAC (Politique agricole commune)”, qui conditionne le paiement des aides à certaines normes environnementales, a indiqué Véronique Le Floc’h. L’obligation de consacrer 4 % des terres arables à de la jachère ou à des infrastructures agroécologiques (haies, fossés, mares) est conspuée par la FNSEA comme la CR. Sur ce sujet, tous les syndicats ne sont néanmoins pas d’accord : la Confédération paysanne estime à l’inverse que c’est de la “démagogie totale de faire des normes environnementales le bouc émissaire du malaise agricole”, selon Véronique Marchesseau, qui estime que ces normes “ne sont pas nocives” mais “nous protègent”.



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Publish date : 2024-01-29 18:21:10

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