FARaway, festival des arts à Reims
Cap sur la Méditerranée pour l’édition 2024 du festival FARaway, qui met en avant les héritages politiques des pays invités, de l’Espagne à l’Italie et du Liban au Maroc. De nombreuses créations (danse, théâtre et performance) sont attendues, à commencer par Portrait de l’artiste après sa mort (France 41 – Argentine 78) de l’Italien Davide Carnevali, qui s’intéresse aux “disparu·es” que les dictatures laissent derrière elles : un récit autobiographique qui se décline en fonction du vécu des interprètes. Ici, c’est l’Argentin Marcial Di Fonzo Bo qui nourrit de son histoire celle de tous·tes les desaparecidos, ces victimes au destin incertain, entre la déportation, l’emprisonnement et la mort. À voir également : Ordalie de Christèle Khodr, Il tango delle capinere d’Emma Dante, ou encore Le Cabaret de la rose blanche de Radhouane El Meddeb. Sans oublier Un silence parfait de Yaël Rasooly et Amit Dolberg, entre théâtre visuel et performance musicale.
Festival FARaway, du 30 janvier au 10 février, à Reims.
La Mort d’Empédocle (Fragments), par Bernard Sobel
De même qu’Hölderlin a écrit trois versions différentes de son poème inachevé La Mort d’Empédocle, Bernard Sobel ne cesse de revenir à ce qu’il nomme “l’atelier du poète” pour proposer au public plusieurs versions du spectacle. Ou plutôt diverses étapes d’un travail au long cours pour tenter de s’approcher de la tragédie politique d’Empédocle, qui refuse le pouvoir et sa fascination pour la disparition dans la mort.
La Mort d’Empédocle (Fragments), d’Hölderlin, mise en scène Bernard Sobel. Du 6 au 18 février, au théâtre de l’Epée de bois, à Paris.
Rohtko, par Lukasz Twarkowski
Au titre, on pourrait penser qu’il s’agit d’un biopic théâtral en forme de contrepoint à l’exposition que consacre la Fondation Louis Vuitton à Mark Rothko. Que nenni. C’est dans une réflexion autour de la valeur de l’art – financière et/ou esthétique – et de la distinction entre original et copie (qui dépasse le seul artiste Rothko) que nous plonge ce long spectacle créé par le metteur en scène polonais Lukasz Twarkowski en Lettonie, avec des acteurs polonais, lettons et chinois. Où il sera question des faussaires en art – notamment le faux Rothko vendu 8 millions de dollars par une galerie à un collectionneur en 2004, et dont on a découvert des années après qu’il fut peint dans son garage par Pei-Shen Qian, un peintre chinois devenu prof de maths dans le Queens –, et du développement esthétique des arts visuels depuis l’époque de Rothko jusqu’à l’art digital ou le crypto art d’aujourd’hui. Avec en toile de fond, une question philosophique de taille, relève Twarkowski : “Dans toute l’histoire de l’art, c’est la valeur symbolique qui prime – regardez l’urinoir de Duchamp. La valeur qu’on accorde à une œuvre repose sur un certain contrat social, et ça ne change pas tellement avec l’ère numérique.”
Rohtko, texte et dramaturgie Anka Herbut, mise en scène Lukasz Twarkowski. Du 31 janvier au 9 février, aux Ateliers Berthier (Odéon-Théâtre de l’Europe), à Paris.
L’Autre Voyage, par Raphaël Pichon et Silvia Costa
Difficile à croire, mais une bonne partie de l’œuvre de Schubert est restée inachevée et jamais présentée au public. C’est à l’exhumation de ces partitions lyriques que se livrent le chef d’orchestre Raphaël Pichon et la metteuse en scène Silvia Costa dans L’Autre Voyage. Outre la découverte d’œuvres créées pour la scène mais restées partitions mortes pendant longtemps, le spectacle pose aussi de façon ontologique la question de l’inachèvement, comme paradigme du vivant. Pour Silvia Costa, “le voyage dont il est question dans le titre est celui d’une introspection et le voyage d’une vie. C’est un voyage qui commence par la fin, avec la découverte d’un corps mort et cette question pressante : comment vivre lorsque nous sommes conscients d’être en proie à la mort ? Comment vivre en supportant la mort d’autrui ? L’inachèvement propre aux œuvres qui nous intéressent n’est pas qu’un élément esthétique. Cet inachèvement revêt un caractère existentiel, ontologique. Chaque vie porte en elle quelque chose d’inachevé”.
L’Autre Voyage, d’après Schubert, direction musicale Raphaël Pichon, mise en scène Silvia Costa. Du 1er au 11 février, à l’Opéra Comique, à Paris.
Source link : https://www.lesinrocks.com/arts-et-scenes/festival-faraway-lautre-voyage-rohtko-les-spectacles-a-voir-cette-semaine-608198-31-01-2024/
Author : Fabienne Arvers
Publish date : 2024-01-31 14:02:00
Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.