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Gabriel Attal à l’Assemblée : quand l’écologie tue la politique

Le Premier ministre français Gabriel Attal prononce la déclaration de politique générale de son gouvernement devant l'Assemblée nationale le 30 janvier 2024, trois semaines après sa nomination par le président français.




Il est 16h03 ce mardi 30 janvier, le discours de politique générale de Gabriel Attal devrait être terminé depuis un quart d’heure – on avait annoncé un propos de 45 minutes. C’est le moment choisi par le Premier ministre pour “proposer d’accélérer encore notre transition écologique”. Mais soudain le ton n’est plus le même : ici pas de grande déclaration martiale, pas de mesure structurante, encore moins de “Tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies”. Qui à cet instant se rappelle encore qu’il y a moins de deux ans, Emmanuel Macron, tout à sa volonté de s’adresser aux électeurs de gauche du premier tour de l’élection présidentielle, décrétait solennellement à Marseille : “La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne sera pas” ? S’inspirait de Jean-Luc Mélenchon pour faire de son Premier ministre celui qui serait “directement chargé de la planification écologique” ?Le président et, par ricochet, son chef de gouvernement sont des grands brûlés. L’écologie, ils la définissent d’abord par ce qu’elle ne doit pas être, celle de “la brutalité”, celle de “la décroissance”, celle “des boucs émissaires”. C’est le seul moment où, sur ce sujet, Gabriel Attal fait encore de la politique. Cibler les écologistes pour se donner une colonne vertébrale dans la lutte pour l’environnement, c’est un peu faible. Agiter la muleta du nucléaire avec d’autant plus de force qu’on le dénonçait jadis, ça permet de cliver à bon compte.”Une écologie à la française””On ne fait pas l’écologie contre le peuple”, lance le Premier ministre, ce qui ne mange pas de pain à défaut de nourrir les campagnes. On croirait entendre le président de la FNSEA Arnaud Rousseau qui, jeudi 25 janvier à l’aube, passait un coup de fil à Christophe Béchu : “Notre mouvement, ce n’est pas contre l’écologie en soi.” Surtout, ne pas être contre. Comment être contre “une écologie des solutions”, mieux, “une écologie populaire”, voire – le pompon de la pomponnette – “une écologie à la française” ? Au nom du pragmatisme contre l’idéologie, l’écologie cette fois tue la politique. Dehors, les paysans vous entendent, il ne faudrait pas jeter de l’huile sur des bottes de foin. Histoire que son tic de langage n’épargne pas l’environnement, Gabriel Attal y va de sa mesure concrète : “Je vous annonce que nous lancerons une initiative contre la pollution plastique, pour les 50 sites qui mettent le plus d’emballages plastiques sur le marché.” Puis de sa mesure emblématique : “Réussir la transition écologique est le défi de notre génération. C’est pourquoi nous lancerons un Service civique écologique, qui rassemblera d’ici la fin du quinquennat 50 000 jeunes prêts à s’engager concrètement pour le climat.”Le gouvernement a tranché : sur ce sujet, “LFI et les écologistes dominent en termes de bruit”, constate un ministre, alors rien ne sert de bâtir un vrai discours alternatif, il faut plutôt slalomer entre “les injonctions contradictoires”. Christophe Béchu, chargé, entre autres, de la Transition écologique, en a des exemples à la pelle : sur le débroussaillage, indispensable pour lutter contre les incendies mais que certains veulent interdire à des moments cruciaux pour ne pas nuire à la reproduction des espèces ; sur les haies, tellement précieuses à la sauvegarde de la biodiversité et qui font désormais l’objet de 14 réglementations différentes… Et le ministre de résumer la ligne stratégique : “A partir de quand le mieux est-il l’ennemi du bien ?”Les européennes arrivent, avec ses deux batailles, l’immigration et l’écologie. Sur la première, le gouvernement a voulu sortir trompettes et tambours, avec un succès inégal ; sur la seconde, il joue profil bas. “Oui, disait Gabriel Attal mardi, nous ferons rimer climat avec croissance.” Pas même une rime pauvre, juste l’espoir de passer entre les gouttes.



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Author : Eric Mandonnet

Publish date : 2024-01-31 04:00:00

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Tags :L’Express

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