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Aide à l’Ukraine : à Bruxelles, crise de nerfs et tractations de dernière minute

Le président français Emmanuel Macron s'entretient avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban lors d'une table ronde du Conseil européen au siège de l'Union européenne à Bruxelles, le 14 décembre 2023.




C’est le match retour, après un match aller qui s’était conclu sur un score nul. En décembre 2023, les dirigeants européens avaient réussi à valider l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine, mais Viktor Orban était parvenu à bloquer les 50 milliards d’euros destinés à Kiev pour les quatre prochaines années. Jeudi 31 janvier, les 26 espèrent, cette fois, faire plier l’irréductible Hongrois. Formellement, les Européens doivent valider à l’unanimité la révision du budget multi-annuel de l’Union pour y intégrer l’aide à l’Ukraine, mais aussi des fonds pour les politiques migratoire et industrielle.Depuis des jours, les diplomates bruxellois testent différentes options pour amadouer Budapest. Aux dernières nouvelles, ils proposent une discussion annuelle au plus haut niveau sur les grandes lignes de l’assistance à l’Ukraine, mais Viktor Orban exige de pouvoir mettre son veto à chaque étape. En dépit d’une dernière réunion mercredi 31 janvier, les conciliations n’ont pas abouti. Les enjeux sont pourtant conséquents. Pour l’Ukraine tout d’abord : alors que le Congrès américain bloque tout versement, Kiev a besoin de l’argent européen pour faire fonctionner l’Etat et payer les salaires. Le temps presse. Dès le mois de mars, le pays manquera de liquidités, selon les organisations financières internationales. Pour l’Union européenne ensuite : les 26 partenaires de Viktor Orban veulent montrer qu’ils restent unis face à la Russie, alors que la guerre s’apprête à entrer dans sa troisième année.Fuite malvenue”Le niveau de nervosité est plutôt élevé”, constate un diplomate européen. De récentes fuites dans la presse ont nourri les récriminations du Premier ministre hongrois. “Nous avons fait des propositions de compromis et en retour, nous subissons un chantage de Bruxelles”, a-t-il dénoncé sur le réseau social X, après la publication par le Financial Times d’une note de fonctionnaires européens. Celle-ci prédit un désastre pour l’économie hongroise si Budapest ne touche pas les 20 milliards de fonds européens gelés par Bruxelles pour violations de l’Etat de droit. “Cette fuite est malheureuse, elle lui donne un argument idéologique qui sert son narratif”, s’agace une source impliquée dans les négociations. L’Elysée reconnaît malgré tout que des “options radicales” font partie du débat face aux “signaux mitigés” envoyés par Viktor Orban.Tous continuent d’espérer un accord à 27. Jusqu’ici, l’homme fort de Budapest est toujours rentré dans le rang in extremis. Les crises se dénouent en général dans l’enceinte du Conseil européen, lorsqu’il fait face à ces pairs. Ainsi, en décembre dernier, il est opportunément sorti de la salle alors que ses homologues donnaient leur feu vert au lancement des négociations d’adhésion de l’Ukraine et de la Moldavie. Sur le sujet du budget européen, un tel stratagème n’est pas possible, car il faut l’imprimatur de tous.Différents scénarios circulent pour disposer d’une parade en cas de désunion. “Le Conseil européen ne peut s’achever sur un échec”, a mis en garde le représentant d’un grand Etat-membre. “Si une solution à 27 n’est pas possible, nous devrons bouger à 26”, explicite un autre diplomate. À 26, les Européens peuvent continuer à aider financièrement l’Ukraine, mais ce sera plus “acrobatique”, selon l’Elysée et avec moins de visibilité de long terme pour Kiev. Le cadre commun du budget européen permet d’agir plus vite et plus efficacement.”N’ayez pas peur, nous y arriverons”Au-delà de l’aide à l’Ukraine, un veto persistant d’Orban posera ouvertement la question de sa “coopération loyale”, l’une des bases des Traités européens. Le Parlement européen réclame déjà le passage à un nouveau stade de l’article 7, qui prévoit qu’un pays peut être privé de son droit de vote. “S’il y a un problème politique ce jeudi, nous basculons dans une autre situation, nous allons réfléchir différemment, reconnaît un diplomate de haut rang. Dans ce cadre, l’article 7 pourrait devenir une option, à condition d’être sûrs de pouvoir aller jusqu’au bout de la procédure.” Il faut en effet l’unanimité face au pays mis en cause.”Espérons que la sagesse et le sens de la responsabilité vont l’emporter”, soupire une source bruxelloise. Avant de s’asseoir autour de la table, la plupart des chefs d’Etat et de gouvernement auront participé à un hommage à Jacques Delors, mort le 27 décembre. “N’ayez pas peur, nous y arriverons”, avait lancé en 2013 l’ancien président de la Commission européenne dans un discours testament. Un encouragement dont ils auront bien besoin ces prochains jours.



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Author : Isabelle Ory

Publish date : 2024-02-01 04:30:00

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Tags :L’Express

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