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Crise du logement : “Le diagnostic de Gabriel Attal est mauvais”

Le Premier ministre Gabriel Attal, le 30 janvier 2024 à l'Assemblée nationale, à Paris




Les cris d’alarme se sont multipliés ces derniers mois. La crise du logement ne cesse de s’aggraver, amplifiée en 2023 par la remontée des taux d’intérêt. “Nous ne vendons quasiment plus rien”, alertait déjà mi-novembre Pascal Boulanger, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers. Dans sa déclaration de politique générale, Gabriel Attal a formulé plusieurs mesures, affichant sa volonté de provoquer un “choc d’offre”. Mais le nouveau Premier ministre fait fausse route, estime le représentant des promoteurs.L’Express : Le gouvernement Attal n’a pas encore de ministre du Logement, mais le Premier ministre s’est montré offensif sur le sujet. Le “choc d’offre” est-il la clef ?Pascal Boulanger : Cela va dans le bon sens, et c’est une bonne chose de l’avoir annoncé. Sauf que ce n’est plus le sujet depuis novembre 2022 ! Avec la remontée des taux d’intérêt et les critères, sévères, fixés par le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF), on arrive à une situation où coexistent un besoin énorme et une demande inexistante. Dans ce contexte, à quoi sert-il d’avoir de l’offre ? Le vrai enjeu, plus qu’urgent, est de retrouver des ménages qui ont envie d’acheter et qui seront financés. Le diagnostic est mauvais, donc le traitement ne soignera pas la maladie.Pourquoi cet aveuglement ?Le gouvernement a la conviction que les prix du logement neuf peuvent encore baisser. C’est peut-être vrai à hauteur de quelques pourcents, pas plus, car on ne peut diminuer le coût de la main-d’œuvre, celui des matières premières, les honoraires de l’architecte qui produit le même travail. Les marges des promoteurs sont faibles, de l’ordre de 5 %, et il est impossible de les réduire, autrement les banques ne nous accorderaient plus nos garanties financières.Alors que préconisez-vous ?Nous avons fait plein de propositions au ministère de la Transition écologique, au ministère du Logement, à Bercy. Des mesures qui ne coûteraient rien à l’Etat, comme desserrer les règles du HCSF. Les banques nous font part de leur souhait de prêter et jugent que le principe de précaution va trop loin. Par ailleurs, la décision a été prise d’arrêter le Pinel fin 2024 alors que la demande des investisseurs s’est déjà effondrée, si bien que le flux de nouveaux biens sur le marché locatif s’est tari. Ce n’était pas le moment. Bercy ne veut pas entendre parler de la déduction des intérêts d’emprunt, car cette mesure aurait un coût immédiat.Gabriel Attal a aussi annoncé vouloir accélérer les procédures, une bonne idée ?Cela concerne l’architecture préventive, les autorisations de permis de construire… Vingt métropoles en zones tendues en feraient l’expérimentation. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire, il y a toujours des points de blocage.Il prévoit aussi une vaste opération de simplification. Quelles règles devraient être élaguées en priorité ?Il y en a tellement ! Entre les architectes des bâtiments de France qui prennent un temps fou à nous répondre, les normes incendie pour les immeubles bois qui conduisent à devoir les encercler de béton, les trente mois imposés pour achever un immeuble en Pinel, intenables en ce moment…Quels sont les retours des adhérents de la FPI ces derniers temps ?Nous avons prévenu qu’il y aurait de la casse. La Fédération française du bâtiment s’attend à 150 000 pertes d’emplois ouvriers. Nous en prévoyons autant parmi les cols blancs du logement : bureaux d’études, notaires, géomètres, etc. Tous les jours, j’entends parler de licenciements, de plans de sauvegarde de l’emploi, de dépôts de bilan. Les promoteurs ne remplacent pas les démissions, les départs en retraite, ce qui les soulage financièrement dans un premier temps. Mais ils perdent aussi un sacré savoir-faire ! Former un monteur d’opération prend du temps. Ce sont des métiers qui nécessitent des compétences juridiques, techniques, de négociation, de pilotage, de coordination de chantier… Le jour où la demande redémarrera, ces collaborateurs nous manqueront cruellement.



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Author : Muriel Breiman

Publish date : 2024-01-31 18:42:20

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Tags :L’Express

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