La première édition avait marqué les esprits : 140 patrons venus du monde entier, une quinzaine de ministres sur le pont, dont le Premier d’entre eux, Edouard Philippe. Et pour clore la journée, un discours d’Emmanuel Macron sous les ors du Château de Versailles, avant un dîner de gala dans la galerie des Batailles. La convention Choose France, orchestrée début 2018, se voulait l’acte fondateur d’une nouvelle romance avec les investisseurs étrangers. Cinq autres sommets ont suivi, déroulant le même tapis rouge aux multinationales en quête d’un point de chute européen. La magie a opéré un temps. Avant qu’une forme de routine ne s’installe, comme le montre l’indice 2024 de l’attractivité du territoire, dévoilé le 6 février.Pour établir ce baromètre, près de 1 600 conseillers du commerce extérieur (CCE) – des chefs d’entreprise français installés à l’étranger – ont évalué, entre mi-décembre et mi-janvier, la perception qu’ont les investisseurs potentiels des charmes de l’Hexagone, selon douze critères.Premier enseignement : la note globale de la France, 60/100, est en baisse de 4 points par rapport à l’an dernier et retrouve son étiage de 2017. “Nous avons progressé depuis quelques années sur nos points faibles traditionnels : le coût de la main-d’œuvre, les charges administratives ou la flexibilité du travail, rappelle Gilles Bonnenfant, le président de la Commission attractivité des CCE. En revanche, nous avons baissé la garde sur nos points forts, comme la culture, la qualité des infrastructures ou le cadre de vie. Cette édition 2024 sonne comme un rappel à l’ordre : rien n’est jamais acquis, le monde bouge autour de nous.”L’énergie plébiscitée, la sécurité critiquéeAux deux extrémités de l’indice, l’environnement culturel est crédité d’un robuste 87,5/100, la fiscalité d’un modeste 26,3/100. Mais le premier enregistre une chute de 4,5 points quand la seconde limite la casse, à – 1,1 point. Un seul critère gagne du terrain cette année, l’approvisionnement énergétique et le coût de l’énergie, avec une note de 62,5/100, en hausse de 8,8 points. Le nucléaire est un diamant national qui n’a pas fini de faire des envieux… pour peu qu’on le polisse comme il se doit.De police, il est aussi question dans cette enquête. Et pas en bien : la note relative à la sûreté des personnes dégringole de 11,8 points, à 56/100, soit le plus faible score depuis la création de l’indice en 2015. “Les différents mouvements sociaux de l’année 2023 ont pu jouer un rôle négatif dans la perception de la France depuis l’étranger”, note fort diplomatiquement le rapport des CCE, placés sous la double tutelle de Bercy et du Quai d’Orsay. Avant d’admettre, quelques lignes plus bas, que “ces événements ne peuvent expliquer en totalité les inquiétudes autour de ce critère.”Gilles Bonnenfant pointe d’autres raisons : “la menace terroriste qui plane toujours en France, les émeutes en banlieue de l’été dernier. Et ces faits divers, parfois dérisoires, mais qui sont abondamment relayés sur les réseaux sociaux. Je reviens de Bangkok, où j’ai rencontré de nombreux dirigeants locaux. Ils m’ont tous parlé de la Joconde aspergée de soupe…”
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Author : Arnaud Bouillin
Publish date : 2024-02-06 06:30:34
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