Néo Stetson blanc à bord large et veste damier en cuir brodé de strass : pour assister à la cérémonie Grammy Awards 2024, Beyoncé s’est glissée dans un ensemble Louis Vuitton homme issu de la troisième collection de Pharrell Williams. Celle qui a révolutionné la mode avec des ensembles pailletés glamours et des armures couture futuristes tout au long de l’été avec son Renaissance World Tour, s’inscrit dans la relecture de l’archétype patriarcal américain du cow-boy.
Longs cheveux platine, bagues Cartier brillantes aux doigts, comme la cow-girl domina de Madonna époque Music, ou le cow-boy queer noir de Lil Nas X, Beyoncé participe à un nouvel imaginaire du grand mythe américain liant ici hyper féminité et hyper luxe. Une version plus ostentatoire que discrète, plus Mob Wife que Quiet Luxury.
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Mob Wife versus quiet luxury
Pull en cachemire et ensemble beige, le luxe anodin et sans logo du quiet luxury explosait en 2023, une tendance interprétée comme une quête de sobriété en plein contexte de crise financière. Forte d’une hausse de recherches sur Google atteignant 614 %, la trend coexiste avec de nombreuses esthétiques sur TikTok à l’instar de l’Indie Sleaze désordonné des années 2000 ou la néo femme enfant au ruban dans les cheveux, nommé Coquette Core.
Moins grunge que l’Indie et plus adulte que la coquette, la Mob Wife se taille une place de choix sur Tiktok. Manteau en fausse fourrure, perles, diamants et verre de Martini à la main, cet hybride de femme de gangster évoque plusieurs héroïnes de la pop culture : Michelle Pfeiffer en robe de satin, diamants aux oreilles et cocaïne au bout du nez dans Scarface (1983) ou encore Sharon Stone enroulée dans un manteau de fourrure, les bras garnis de bracelets en or dans Casino (1995).
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Si les mob wifes étaient à l’époque au second plan, femme trophée du grand écran, elles sont devenues des icônes racontant une féminité émancipée des codes patriarcaux. Surmaquillées sans chercher à satisfaire, elles exposent les outils de construction de la féminité dans leur performance, jouant avec les codes du bon goût bourgeois eurocentré.
Bling-bling et élections
Ce bling-bling théâtralisé à dimension critique et féministe a été aperçu aux Grammy Awards 2024. Avec son brushing digne de sa marraine bimbo de la country Dolly Parton, Miley Cyrus a été récompensée pour son hymne féministe Flowers. Pendant la soirée, elle a porté plusieurs tenues dont une robe réalisée à partir de 14 000 épingles à nourrice en or signé Maison Margiela. Entre déesse antique et garçonne des années 1920, ce bricolage bling-bling s’impose comme un détournement punk de différents signifiants féminins.
La mob wife se devine également dans la robe fourreau argentée, fendue et à large décolleté portée par Dua Lupa et signée Courrèges, mais aussi dans la robe blanche corsetée Schiaparelli Couture –accessoirisée d’un ras-de-cou en diamants 300 carats – de Taylor Swift. Enfin Lana Del Rey (qui jouait les mob wifes avant l’heure dans les clips de West Coast ou Shades of Cool en 2014) était vêtue d’une robe noire Vivienne Westwood, de mains gantées, et maquillée d’un épais trait de liner noir, et de lèvres soulignées par un crayon brun.
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Autant de performances à rebours de la discrétion qui provoquent des discussions sur Internet tel que l’appropriation culturelle d’un style italo-américain originaire de New York et du New Jersey. Pourtant cette esthétique outrancière accompagne une expression critique rappelant qu’en 2018, en pleine élection américaine, le style Camp faisait la une.
Un style caractérisé par Susan Sontag dans son essai de 1964 Note on Camp comme “ l’ironie, la théâtralité, un brin de vulgarité et un goût jovial pour le superflu”. En 2018, le Camp était analysé par Andrew Bolton, conservateur du Costume Institute du Metropolitan Museum of Art comme “un outil politique des plus sophistiqué”. Six ans plus tard, la théâtralité de la mob wife sera-t-elle un nouvel outil politique synonyme de progrès ?
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Source link : https://www.lesinrocks.com/ou-est-le-cool/quand-la-tendance-mob-wife-sinvite-aux-grammy-awards-608667-06-02-2024/
Author : Manon Renault
Publish date : 2024-02-06 16:52:17
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