L’exécutif à la rescousse de Mayotte ? Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et la nouvelle ministre des Outre-mer Marie Guévenoux, nommée jeudi 8 février, se rendront sur l’archipel de l’océan Indien, dimanche 11 février, pour aborder la crise sécuritaire et préparer une opération “Wuambushu 2”, “contre la délinquance et l’immigration illégale”.Lors de ce déplacement, Gérald Darmanin “échangera avec les forces vives de l’île afin de préparer la mise en œuvre d’une nouvelle opération d’ampleur pour lutter contre la délinquance et l’immigration illégale”, a-t-il indiqué dans un communiqué. Il s’agit de préparer une “opération Wuambushu 2”, a précisé à l’AFP l’entourage du ministre de l’Intérieur.Gérald Darmanin et Marie Guévenoux seront notamment accompagnés de plusieurs directeurs généraux du ministère de l’Intérieur “et d’une quinzaine de gendarmes du GIGN qui viendront renforcer les effectifs sur place pour mener des opérations coup de poing”. Ils “entendent également renouer le dialogue avec les élus de l’archipel et les citoyens, mais également avec les acteurs économiques dont l’activité est rendue difficile par les barrages qui bloquent la circulation depuis plusieurs semaines”, selon Beauvau.Une crise aiguë de l’eauEn effet, les ministres vont arriver à Mayotte dans une période tendue. Le 101e département français, déjà touché par une crise de l’eau aiguë, est paralysé depuis le 22 janvier par des barrages routiers installés par des “collectifs citoyens”.Mayotte voit les rayons de ses supermarchés se vider et les risques de pénurie poindre, alors que la contestation s’amplifie. Sur le port de Longoni, principale porte d’accès des produits et denrées alimentaires à destination de l’archipel français de l’océan Indien, les containers s’entassent. L’objet de leur colère ? L’insécurité et l’immigration incontrôlée. Ils demandent l’expulsion de réfugiés originaires d’Afrique des Grands lacs, installés dans un camp de fortune autour du stade de Cavani, à Mamoudzou, et réclament la fin des actes de délinquance et des affrontements.”La priorité, c’est Mayotte”Le mouvement a en outre élargi ses revendications et demande la fin de “mesures législatives d’exception” qui, selon les manifestants, consacrent l’inégalité de Mayotte avec le reste de la France. Ils visent notamment le “séjour territorialisé”, qui empêche les détenteurs d’un titre de séjour à Mayotte de se rendre en métropole. Une situation qui rappelle le conflit social de 2018, qui avait duré 44 jours et laissé le département exsangue.”Je crois que la priorité aujourd’hui, c’est Mayotte”, a affirmé aux journalistes vendredi matin Marie Guévenoux, en marge de la cérémonie de passation de pouvoir avec son prédécesseur Philippe Vigier. L’arrivée au ministère des Outre-mer de la députée macroniste, quatrième titulaire du poste en vingt mois, a laissé un goût amer aux élus ultramarins, qui dénoncent le manque de considération de l’exécutif pour leurs territoires.Le droit du sol dans le viseur de DarmaninC’était donc pour répondre à ces critiques que le gouvernement avait lancé au printemps 2023, l’opération contestée “Wuambushu”. Son objectif était de lutter contre la criminalité, l’immigration illégale et l’habitat insalubre à Mayotte. Cette mission visait notamment à tarir le flux des arrivées de migrants des Comores voisines et à détruire les “bangas” (cases) insalubres organisés en bidonville, de plus en plus nombreux. Cependant, l’opération n’a pas eu les résultats escomptés, puisque Mayotte connaît toujours de nombreuses difficultés.Jeudi 1er février, Gérald Darmanin a dit vouloir durcir le droit du sol à Mayotte et estimé nécessaire pour cela de modifier la Constitution sans avancer sur un calendrier. Il laisse à Emmanuel Macron “le droit de faire ces annonces dans les prochains temps”. Depuis la loi asile et immigration de 2018, le droit du sol est déjà durci à Mayotte pour faire face à la très forte immigration clandestine en provenance des Comores voisines. Il est exigé pour les enfants nés à Mayotte que l’un de ses parents ait, au jour de la naissance, été présent de manière régulière sur le territoire national depuis plus de trois mois. Ailleurs en France, aucun délai de résidence n’est exigé. “Notre volonté est de faire en sorte que les deux parents doivent être français ou réguliers, et que ce soit plus d’un an avant votre naissance”, a poursuivi le ministre de l’Intérieur.
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Publish date : 2024-02-10 16:17:04
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