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Guerre Israël-Hamas : à Rafah, dernière chance avant la catastrophe humanitaire annoncée

Débris dans une rue de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, après un bombardement israélien le 9 février 2024, dans le cadre de des opérations militaires d'Israël contre le Hamas palestinien




A Rafah, au sud de la bande de Gaza, l’inquiétude s’intensifie au même rythme que le bruit des bombes. Dans cette ville située à quelques centaines de mètres à peine de la frontière égyptienne, l’armée israélienne a accentué ces derniers jours sa campagne de frappes aériennes, touchant au moins sept cibles lors de la seule journée du 8 février. La veille, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait ordonné à l’armée de “préparer une opération” sur la cité, quatre mois jour pour jour après le début de sa guerre contre les terroristes du Hamas.Devant la perspective d’un assaut terrestre imminent, la tension est montée d’un cran dans cette zone où se trouvent aujourd’hui plus de 1,3 million de Palestiniens – dont une large majorité de déplacés, entassés dans des tentes après avoir fui les combats plus au nord. “Les conséquences humanitaires d’une offensive israélienne sur Rafah seraient catastrophiques, résume Hugh Lovatt, spécialiste du Moyen-Orient au European Council on Foreign Relations. Il y a déjà sur le terrain des problèmes d’accès à l’eau, à la nourriture et un manque d’hébergement.” En cause, une surpopulation record excédant de loin les maigres capacités des infrastructures sur place.Mise en garde de WashingtonConscients des risques d’aggravation de la situation humanitaire, les Etats-Unis ont indiqué le 8 février ne pas soutenir une opération qui se déroulerait “sans planification sérieuse et crédible” concernant la gestion des civils, mettant en garde contre un possible “désastre”. Le même jour, Joe Biden a lui-même qualifié la riposte israélienne “d’excessive”. Si, le 9 février, le Premier ministre israélien a demandé à son armée de lui soumettre un “plan combiné” d'”évacuation” des civils de Rafah, l’opération s’annonce particulièrement complexe. “Un nouveau transfert des Palestiniens vers le nord n’est pas réaliste, dans la mesure où les infrastructures ont été détruites et ne peuvent plus permettre d’accueillir plus d’un million de personnes”, relève Hugh Lovatt.Autre difficulté : la technique visant à prévenir la population des zones de frappes, en amont des bombardements, a montré ses limites lors des précédentes offensives sur les villes de Gaza ou Khan Younès. “L’armée israélienne prendra probablement les précautions habituelles, comme l’envoi de tracts ou de SMS détaillant les zones ciblées, mais elles sont peu efficaces, explique Amélie Férey, coordinatrice du laboratoire de recherche sur la défense du centre des études de sécurité de l’Ifri. On sait que les gens ne reçoivent pas forcément ces informations sur leur téléphone, faute de réseau ou d’électricité, et qu’ils ne leur font pas toujours confiance.”Un enfant palestinien montre un tract de l’armée israélienne enjoignant aux habitants de Gaza de ne pas retourner dans le nord du territoire, le 24 novembre 2023De la même manière, la capacité de la population à évacuer les zones de combats n’est pas non plus garantie. “Dans ce type de configuration, on trouve des personnes âgées, ou malades, des enfants, dont la mobilité est très réduite, pointe le général Nicolas Richoux, ancien commandant de la 7e brigade blindée. Au nord, tout le monde n’est pas parti, et de nombreux civils se sont retrouvés en zone de combat.”Risque de déstabilisation régionaleUne offensive sur la ville serait d’autant plus périlleuse que le poste-frontière de Rafah, à la frontière avec l’Egypte, joue un rôle crucial dans l’acheminement de l’aide humanitaire, vitale pour la population. “Il est difficile d’imaginer comment il pourrait continuer à opérer en cas d’offensive à Rafah”, note Hugh Lovatt. Au-delà, se pose aussi le risque d’une plus grande déstabilisation régionale. “Si l’opération israélienne sème la panique au sein de la population, il y a un réel danger de voir de nombreux Palestiniens chercher à franchir la frontière vers l’Egypte, reprend le chercheur. Or le gouvernement égyptien a été très clair sur le fait qu’il refusait tout mouvement de réfugiés palestiniens sur son territoire.” Un scénario considéré au Caire comme une menace politique et sécuritaire.Pour l’heure, le gouvernement israélien ne donne toutefois pas de signes de vouloir mettre sur pause son offensive. “La victoire est à portée de main. Cela ne se compte pas en années ou en décennies, c’est une affaire de mois”, a déclaré Benyamin Netanyahou le 7 février, rejetant la proposition de trêve du Hamas, qualifiée de “délirante”.”Chaque terroriste qui se cache à Rafah doit savoir qu’il connaîtra la même fin que ceux de Khan Younès et de la ville de Gaza”, avait martelé, deux jours plus tôt, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, après avoir présenté la ville comme “le dernier bastion du Hamas”. “Il est impossible de mener une guerre au milieu de la population sans causer des dommages collatéraux importants, résume le général Richoux. Décider de le faire malgré tout, c’est accepter le fait qu’il y aura des pertes chez les civils.” Selon les chiffres communiqués le 9 février par le ministère de la Santé du Hamas, au moins 27 940 Palestiniens seraient morts dans la bande de Gaza depuis le début du conflit.



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Author : Paul Véronique

Publish date : 2024-02-10 06:00:00

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Tags :L’Express

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