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Immigration : Mayotte, l’espoir français pour les Comoriens

Des migrants à bord d'un bateau de la Police de l'air et des frontières (PAF) après leur interception alors qu'ils naviguaient clandestinement de nuit depuis les Comores vers l'île de Mayotte, le 24 mai 2023




Gérald Darmanin s’y est engagé. “Il ne sera plus possible de devenir français si l’on n’est pas soi-même enfant de parents français”. En déplacement officiel à Mayotte ce dimanche 11 février, le ministre de l’Intérieur a annoncé la volonté de l’exécutif de supprimer le droit du sol dans le département le plus pauvre de France.Dans le viseur du gouvernement : une immigration en particulier. Celle en provenance de l’archipel des Comores. En 2019, la quasi-totalité (95 %) des 123 000 étrangers présents à Mayotte étaient de nationalité comorienne, selon l’Insee. Ils représentaient près d’un tiers de la population mahoraise.Un phénomène qui s’explique par des facteurs historiques, de proximité ou encore socio-économiques, qui poussent chaque année plusieurs milliers de Comoriens à quitter l’archipel – composé de trois îles : Grande Comore, Anjouan et Mohéli.Proximité géographiqueL’île d’Anjouan, appartenant à l’archipel des Comores, se situe à moins de 70 kilomètres de Mayotte. Une distance qui, de toute évidence, ne représente pas un obstacle pour quiconque envisage d’effectuer une traversée en bateau.C’est ainsi qu’entre 2012 et 2017, 5 630 Comoriens ont tenté de rejoindre l’île française à bord des “kwassa kwassa”, petites embarcations de pêches motorisées utilisées par nombreux candidats à l’immigration clandestine.Mais avec Mayotte, les Comores partagent bien plus qu’un simple voisinage. Les deux entités sont liées par une histoire coloniale commune, qui a notamment été à l’origine de nombreuses tensions et qui explique en partie pourquoi les Comoriens migrent vers Mayotte.Histoire coloniale communeLe chapitre colonial s’ouvre en 1841, lorsque Mayotte, achetée par la France, quitte administrativement l’archipel des Comores. La séparation dure un peu plus de quatre décennies, jusqu’à ce que les trois autres îles composant l’archipel deviennent des protectorats français en 1886.Mais à l’issue de la Seconde guerre mondiale, les mouvements indépendantistes gagnent les Comores. En particulier sur les îles d’Anjouan et de Mohéli. À rebours de Mayotte, qui souhaite rester dans le giron français. En 1974, une consultation portant sur l’indépendance des Comores est organisée. Grande Comore, Anjouan et Mohéli recueillent chacune plus de 99 % de votes en faveur de l’indépendance. Contre seulement 36 % à Mayotte.Et alors que le président Ahmed Abdallah proclame unilatéralement l’indépendance de l’archipel dans sa configuration coloniale – à savoir, Mayotte, Anjouan, Mohéli et Grande Comore – un nouveau référendum est organisé en 1976 à Mayotte et signe la scission définitive de l’île avec le reste de l’archipel.Pauvreté, et faible espérance de vieDepuis, les relations entre les deux entités n’ont eu de cesse de se dégrader, creusées par le fossé toujours plus important des inégalités socio-économiques entre les Comores, devenues indépendantes au début des années 1970, et Mayotte, restée française. Car si l’île demeure le département plus pauvre de France, le niveau de vie y est bien plus élevé qu’aux Comores.En 2018 par exemple, le produit intérieur brut par habitant dans les Comores était sept fois inférieur à celui de Mayotte. 9 380 euros contre quelque 1 300 euros dans l’archipel, selon l’Insee. L’espérance de vie y est également plus faible. Hommes et femmes confondues vivent en moyenne jusqu’à 64 ans aux Comores, contre 76 ans à Mayotte.”Mayotte offre une qualité largement supérieure à celle des Comores et Madagascar. Ceci entraîne donc des inégalités considérables dans la région”, décrypte Fahad Idaroussi Tsimanda, docteur en géographie université Paul-Valéry-Montpellier sur le site de l’ENS Lyon.Mayotte, l’espoir français pour les ComoriensPour le chercheur, cela ne fait aucun doute : pauvreté et mauvaises conditions de vie sont les principaux moteurs de l’immigration. “Il existerait sur l’île (de Mayotte) “un marché d’emploi” (encouragé par certains locaux) pour les migrants illégaux, notamment dans l’agriculture, la pêche et le bâtiment, pour un salaire supérieur à 400 € en moyenne, ce qui est considérable puisque le salaire moyen aux Comores est de 64 dollars”, note-t-il.Par ailleurs, pour de nombreux Comoriens, Mayotte est perçue comme la première étape d’une destination finale beaucoup plus lointaine : la France métropolitaine. “96 % des migrants arrivés à Mayotte sont des Comoriens […] dont le but est généralement de déposer une demande d’asile”, soulignait Estelle Youssouffa, députée Liot de Mayotte, au printemps dernier.Wuambushu II ?En avril dernier, le locataire de Beauvau avait déjà tenté de répondre aux inquiétudes d’élus locaux qui interpellaient le gouvernement sur la situation sécuritaire à Mayotte. Une situation “catastrophique” imputée par de nombreux acteurs politiques mahorais à l’immigration comorienne.Face aux cris d’alarmes, le gouvernement français avait alors réagi, en mettant sur pied l’opération “Wuambushu”. L’objectif était de mettre fin à l’habitat insalubre, à l’insécurité, ainsi qu’à l’immigration clandestine comorienne à Mayotte.Etait alors né un véritable bras de fer entre l’Etat français et les autorités de l’archipel comorien, qui avaient dans un premier temps refusé de reprendre des migrants en provenance de Mayotte, avant d’y accéder, sur la base du volontariat de ceux-ci. Une situation qui pourrait se représenter, tant les dernières sorties de Gérald Darmanin laissent penser que l’opération Wuambushu entre dans sa deuxième phase.



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Author : Ambre Xerri

Publish date : 2024-02-12 18:44:53

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Tags :L’Express

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