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Croissance révisée à la baisse, 10 milliards d’économies… Le Maire tombe le masque

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire le 16 octobre 2023 au Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris




La vieille dame avait vu juste. Le 18 septembre dernier, les économistes de la Banque de France annonçaient que la croissance du PIB français tournerait autour de 0,9 % en 2024. Loin, très loin, du 1,4 % retenu par le gouvernement dans la construction du budget. Auditionné quelques jours plus tard par la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Bruno Le Maire s’en était expliqué.Avec un brin de condescendance pour la vénérable maison gouvernée par François Villeroy de Galhau : “En ce qui concerne la croissance, pointait alors le ministre de l’Economie, je rappellerai que notre prévision est en ligne avec celles de l’OCDE et du FMI – 1,2 % et 1,3 % respectivement. Quant à la prévision de la Banque de France, l’estimation basse de l’institution pour la croissance en 2023 était de moins 0,5 %, soit un écart d’1,5 par rapport à ce que la France a réalisé. Cela m’amène à penser que notre prévision de croissance pour 2024 est réaliste et sincère.”Dimanche soir, la mine sombre, Bruno Le Maire est allé à Canossa. Au JT de TF1, il a confirmé ce que la Banque de France répète depuis des mois : la croissance sera moins forte que prévu cette année, de l’ordre, ô surprise, de 1 %. Et pour tenir son objectif de déficit public à 4,4 % du PIB, le gouvernement va devoir trouver séance tenante 10 milliards d’euros d’économies supplémentaires.Faute de quoi, les agences de notation pourraient bien perdre patience et dégrader la note de la France. Le calendrier est serré : Fitch et Moody’s livreront leur verdict le 26 avril, avant celui, plus crucial encore, de Standard & Poor’s le 31 mai. Une sanction que la majorité présidentielle veut à tout prix éviter. Les élections européennes qui se tiendront dans la foulée, le 9 juin, s’annoncent déjà douloureuses pour elle. Si les agences mettent du sel sur la plaie, elles risquent de tourner au supplice.Rabotage à tous les étagesPour sauver les meubles, le ministre de l’Economie a esquissé deux pistes : la baisse des dépenses de fonctionnement dans tous les ministères, à hauteur de 5 milliards d’euros. Et la réduction de différentes enveloppes : l’aide publique au développement, le dispositif MaPrimeRénov – étoffé de 1,6 milliard d’euros en octobre, délesté à présent de 1 milliard – et les budgets alloués aux opérateurs de l’Etat comme Business France, l’Agence nationale de la cohésion des territoires ou France Compétences.Du rabotage, sans réflexion d’ensemble sur la finalité et l’efficacité des dépenses publiques, mais qui offre un avantage politique immédiat : celui de ne pas avoir à défendre un budget rectificatif devant le Parlement, à grand renfort de 49.3, et d’éviter ainsi une éventuelle motion de censure à la veille des européennes. Quitte à présenter, en bonne et due forme cette fois, un collectif budgétaire à l’été, une fois le scrutin passé.La géopolitique, argument attrape-toutAux dires de Bruno Le Maire, cette petite cuisine comptable serait rendue nécessaire par le “nouveau contexte géopolitique”. “La guerre en Ukraine, les affrontements au Moyen-Orient, les difficultés en mer Rouge, un ralentissement économique très marqué en Chine, une récession en 2023 en Allemagne” conduisent aujourd’hui Bercy à réviser à la baisse la croissance française. En somme, si la loi de finances 2024, adoptée juste avant Noël, se retrouve caduque aux vacances suivantes, c’est parce que le monde entier a plongé dans le chaos en l’espace de quelques semaines… On a connu argument plus “réaliste et sincère -“. La Russie a envahi son voisin en février 2022. Les trois plus grands instituts allemands de prévisions ont pronostiqué le déclin économique outre-Rhin en septembre de la même année. Et c’est en 2022, encore, que la Chine a enregistré la pire croissance de son PIB (3 %) depuis quarante ans, exception faite de 2020, année noire du Covid. Si “contexte géopolitique” il y a, sa “nouveauté” saute de moins en moins aux yeux.”Chaque année, c’est le même discours, les mêmes souffrances des ministres sommés de tailler dans leur budget, les mêmes protestations de ceux qui bénéficiaient de ces dépenses ou de ces aides fiscales et, au bout du compte, le même résultat : la France reste championne du monde des dépenses publiques et son déficit se réduit marginalement, avant, en général, de réaugmenter significativement”, prophétisait notre chroniqueur Nicolas Bouzou il y a quelques mois. Nous y sommes. Quant aux 10 milliards d’économies que l’Etat se fait fort de sortir de son chapeau, ils ressemblent plus à une grosse couleuvre qu’à un sémillant lapin.



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Author : Arnaud Bouillin

Publish date : 2024-02-19 05:22:39

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Tags :L’Express

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