Pourtant, le danseur est l’un·e des artistes les plus complet·ètes qui soit, endurant·e, expressif·ve, sensuel·le. Il suffit de découvrir Boléro, le court métrage de Nans Laborde-Jourdàa, nommé cette année aux César, pour s’en convaincre. Le danseur et chorégraphe François Chaignaud se glisse dans la peau de Fran, de retour sur ses terres natales. Il y croisera des “fantômes de fantômes” et, le temps d’un solo comme volé au regard des autres, son propre passé.
Laborde-Jourdàa filme la montée en puissance du désir dans une scène prodigieuse d’engagement, les pieds ou les mains du danseur saisis en plans successifs, alors que le rythme du Boléro de Ravel s’affirme. Sur le visage, tel un paysage, les émotions affleurent. Ce corps dansant est un vertige.
Comme si Alain Guiraudie rencontrait Nijinski
François Chaignaud avait jusqu’ici donner de sa personne en fusionnant la danse et le chant, la performance et le souffle. Jamais là où on l’espère. On a pu le croiser dans Taxidermisez-moi, de Marie Losier, ou Sphinx, de Tito Gonzáles Garcia, deux courts. Patricia Allio en fait l’une de ces figures dans le film Brûler pour briller. Boléro est encore ailleurs une fiction de peu de mots que la grammaire chorégraphique d’un virtuose transcende.
Un peu comme si Alain Guiraudie rencontrait Nijinski – audacieux raccourci s’il en est. Déjà repéré, du prix Découverte Leitz Ciné à la Queer Palm du 76e Festival de Cannes, Boléro pourrait décrocher ce vendredi 23 février un César. On le lui souhaite. Quant à François Chaignaud, il y a déjà un moment qu’il est hors catégorie.
Édito initialement paru dans la newsletter Scènes du 20 février. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !
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Author : Philippe Noisette
Publish date : 2024-02-21 10:53:33
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