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Sanctions américaines contre la Russie : qui est visé ?

Le président américain Joe Biden à la Maison Blanche, le 13 février 2024




Joe Biden avait promis des “sanctions majeures” en réponse à la mort de l’opposant Alexeï Navalny, alors que ce 24 février marquera le début de la troisième année de l’invasion russe en Ukraine. C’est chose faite, avec la plus importante salve de sanctions américaines prise par Washington depuis le début du conflit, ciblant plus de 500 personnes et organisations de différents pays. “Sachez que la mort tragique d’Alexeï Navalny et les abus qui l’ont précédée ne seront pas oubliés et ne resteront pas sans réponse”, a ainsi insisté ce vendredi 23 février le secrétaire adjoint au Trésor, Wally Adeyemo.Trois responsables russes font notamment partie des personnes ciblées par les Etats-Unis, pour leur implication dans le décès de l’opposant numéro 1 du Kremlin, a annoncé le département d’Etat. “Si Poutine ne paye pas le prix de la mort et de la destruction qu’il répand, il continuera”, a averti le président américain Joe Biden vendredi, dans un communiqué. Il a fait état de sanctions ciblant “des individus liés à l’emprisonnement de Navalny”, mais aussi le “secteur financier russe, l’industrie de défense, les réseaux d’approvisionnement et les auteurs de contournement des sanctions, à travers plusieurs continents.”Le Trésor et le département d’Etat ont ciblé plus de 500 individus et organisations dans respectivement 11 et 26 pays (dont la Chine et l’Allemagne), bloquant leurs avoirs aux Etats-Unis et restreignant leur accès aux visas. Par ailleurs, le département du Commerce a ajouté 93 entreprises à sa liste noire. De quoi porter à plus de 4 000 le nombre d’entités visées par les sanctions américaines depuis le début de la guerre.Le système de paiement Mir dans le collimateurLes Etats-Unis ne comptent pas s’arrêter là, loin de là. “Vous pouvez compter sur plus de mesures de la part du gouvernement pour faire rendre des comptes au Kremlin pour la mort de Navalny. Celles annoncées aujourd’hui n’étaient que le début”, a ainsi prévenu ce vendredi John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale.L’objectif de ces sanctions : limiter les ressources financières dont dispose le gouvernement russe pour financer la guerre contre l’Ukraine, lancée il y a tout juste deux ans, le 24 février 2022. “Nous prenons des mesures pour continuer à réduire les revenus du secteur de l’énergie russe, et j’ai demandé à mes équipes de renforcer le soutien à la société civile, aux médias indépendants et à tous ceux qui se battent pour la démocratie autour du monde”, a encore écrit Joe Biden. Parmi la longue liste, des entreprises technologiques des secteurs des semi-conducteurs, de l’optique, des drones, ou encore des systèmes d’information, et même un institut de mathématiques appliquées.Mais aussi le système russe de paiement Mir, dont le développement “a permis à la Russie de construire une infrastructure financière qui lui permet d’échapper aux sanctions et de reconstituer les liens rompus avec le système financier international”, selon le département américain du Trésor. Développées en 2015 face aux sanctions des Occidentaux après l’annexion de la Crimée en 2014, les cartes Mir – terme qui signifie “monde” et “paix” en russe – permettent aux Russes d’effectuer des règlements et de retirer de l’argent dans certains pays étrangers. S’attaquer à ce système vise ainsi à faire peser plus lourd le poids des sanctions contre ceux qui continueraient à commercer et à alimenter les caisses du Kremlin à travers le monde.Les Etats-Unis visent également à renforcer le “plafonnement des prix” en vigueur dans les pays occidentaux sur le pétrole russe, qui oblige les acheteurs à se procurer le pétrole de Moscou à un tarif préférentiel sous peine de lourdes sanctions financières. Or, de nombreuses enquêtes ont montré que la Russie parvenait toujours à vendre son pétrole à des tarifs très avantageux travers le monde – avec la Chine, l’Inde et le Brésil achetant du pétrole russe à des quantités records -, contournant ainsi assez largement les sanctions occidentales. Cité dans le journal américain The Washington Post, le secrétaire adjoint au Trésor, Wally Adeyemo, a déclaré que les Etats-Unis ne visent pas à réduire le prix auquel les Russes peuvent vendre du pétrole, mais qu’ils prendraient des mesures sévères à l’encontre des acteurs qui enfreindraient le plafond.La Russie dénonce une ingérence “cynique” américaineWashington dit cibler “les personnes situées en dehors de la Russie qui facilitent, orchestrent, participent ou soutiennent de toute autre manière le transfert de technologies et d’équipements critiques vers la base militaro-industrielle russe”, a souligné le département du Trésor dans un communiqué. Et avertit que des sanctions continueront d’être imposées “aux personnes, où qu’elles se trouvent, qui permettent à la Russie de se reconnecter aux marchés financiers mondiaux en utilisant des canaux illicites”.Car, malgré la multitude de sanctions occidentales, la Russie a enregistré une croissance de 3,6 % de son PIB en 2023, grâce aux commandes de munitions et d’armements. Pour la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, Vladimir Poutine “a hypothéqué le présent et l’avenir du peuple russe”, et “le Kremlin choisit de réorienter son économie pour fabriquer des armes pour tuer ses voisins au plus vite, aux dépens de l’avenir économique de sa propre population”.La Russie a très vite réagi à cette nouvelle salve de sanctions américaines, la qualifiant d’”ingérence”, destinée à diviser les Russes avant la présidentielle de la mi-mars qui doit voir Vladimir Poutine réélu triomphalement. “Les nouvelles restrictions sont une nouvelle tentative éhontée et cynique de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Russie, de nous forcer à renoncer à nos intérêts vitaux, de diviser la société russe à la veille […] de l’élection présidentielle”, a dénoncé l’ambassadeur aux Etats-Unis, Anatoli Antonov, cité par l’agence d’Etat russe Tass.Des sanctions qui s’intensifient aussi en EuropeLes sanctions et annonces contre la Russie se sont multipliées au sein des pays occidentaux à l’approche du deuxième anniversaire de l’invasion de l’Ukraine. Les pays de l’UE se sont ainsi mis d’accord sur un treizième paquet de sanctions, tandis que le Royaume-Uni a pris des mesures contre plus de cinquante personnalités et entreprises, et annoncé de nouvelles livraisons de missiles aux Ukrainiens. Le président Emmanuel Macron, lui, organise lundi à Paris une réunion de soutien à l’Ukraine avec plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement ou leurs représentants ministériels.Et, si l’administration Biden assure régulièrement l’Ukraine de son soutien, une aide militaire américaine de 60 milliards de dollars est néanmoins bloquée au Congrès, en raison de l’opposition de Donald Trump, dont nombre de lieutenants siègent à la Chambre des représentants. Joe Biden a appelé les parlementaires à approuver ce financement au plus vite, “avant qu’il ne soit trop tard”, martelant que “c’est le moment de prouver que les Etats-Unis s’engagent pour la liberté et ne se soumettent à personne”. Reste à savoir si ces nouvelles sanctions pourront avoir un impact significatif sur la suite de la guerre, alors qu’elles n’ont pour l’instant pas freiné les velléités expansionnistes du chef du Kremlin.



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Publish date : 2024-02-23 18:12:37

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