L’enfant terrible de la tech américaine fait encore des siennes. Le milliardaire Elon Musk a déposé plainte, jeudi 29 février, contre la société OpenAI, l’un des grands leaders mondiaux de l’intelligence artificielle. Sa plainte concerne également les deux cofondateurs de la société mère de ChatGPT, Sam Altman et Gregory Brockman. Son action en justice replace la jeune société sous le feu des projecteurs, quatre mois après la crise provoquée par le limogeage surprise – puis le retour – de Sam Altman décidé par le conseil d’administration de l’entreprise.Comprendre les raisons de cette action en justice implique de revenir neuf années en arrière. En 2015, le 11 décembre, plusieurs figures de l’entrepreneuriat américain se réunissaient pour fonder OpenAI, pensé comme un organisme à but non lucratif. La “raison d’être” de cette société ? La recherche sur l’intelligence artificielle. Son objectif à long terme ? S’assurer que l’IA “bénéficie à l’humanité dans son ensemble”, promettait le communiqué de presse actant la naissance de l’entreprise, “sans être contraint par la nécessité de générer un rendement financier”.Plus d’un milliard de dollars avaient été réunis pour donner naissance au centre de recherche. Parmi les cofondateurs d’OpenAI se trouvaient Sam Atlman et Gregory Brockman, mais aussi Peter Thiel, Ilya Sutskever et… Elon Musk. L’entrepreneur originaire d’Afrique du Sud, par ailleurs fondateur de SpaceX et directeur de Tesla, multipliait les alertes au cours des années précédentes sur les dangers potentiels qui entourent l’IA. L’enjeu d’OpenAI était de développer un modèle libre de droits, en capacité de contrer les mastodontes du secteur (Meta, Amazon, Google). “Je suis la raison pour laquelle OpenAI existe”, a-t-il même lâché l’an passé au micro de CNBC.Musk-Altman, le tournant 2018Mais en 2018, une annonce fait figure figure de coup de tonnerre dans la tech : Musk quitte OpenAI. Un bref communiqué fait état d’un “potentiel conflit d’intérêts”, alors que Space X et Tesla investissaient et recrutaient également dans l’intelligence artificielle. Hissé à la tête de la société, Sam Altman décide de modifier le statut d’OpenAI, dans la perspective d’améliorer les modèles d’algorithme. Pour le génie de l’IA originaire de Chicago, la fin justifie les moyens. Le discours altruiste a laissé place à une nouvelle stratégie, vouée à attirer de nouveaux investisseurs et à générer davantage de revenus. Le modèle juridique de la société, singulier, est désormais une “entreprise à but lucratif plafonné”.Cette nouvelle stratégie, qui a amené OpenAI à se rapprocher de Microsoft, a rapidement rencontré l’hostilité d’Elon Musk. Pour cause : cette alliance rentre en confrontation avec l’esprit initial de la société, pensée à l’origine comme une entreprise à “but non lucratif”. Le propriétaire du réseau social X (ex-Twitter) estime qu’OpenAI a trahi cet engagement. Dans sa plainte, il estime qu’avec l’actuel conseil d’administration, “l’entreprise ne se contente pas de développer mais affine en réalité une intelligence artificielle générale pour maximiser les profits de Microsoft, plutôt que pour le bien de l’humanité”.Une “rupture du contrat initial” ?Dénonçant une “rupture du contrat initial”, le sulfureux milliardaire pointe en particulier le rejet de “l’open source” par OpenAI. Alors que ce modèle assurait l’accessibilité et la transparence des logiciels développés par la société fondée en 2015, celle-ci n’avait pas rendu public le code de son logiciel GPT-4. “Contrairement à l’accord fondateur, les défendeurs ont choisi d’utiliser GPT 4 […] en tant que technologie exclusive visant à maximiser les profits de la plus grande entreprise au monde”, accuse Elon Musk.Pour rivaliser avec OpenAI, le patron de Tesla a lancé en 2023 sa start-up – sobrement nommée xAI – et conçu son propre chatbot, “Grok”, un rival de ChatGTP qu’il décrit “anti-woke”. Dans sa plainte déposée ce jeudi devant un tribunal de San Francisco, Elon Musk demande que GPT-4 ne soit plus inclus au sein de la licence accordée par OpenAI à Microsoft. Sa plainte met en lumière les courants divergents qui traversent ce secteur florissant, divisé entre entre les conceptions lucrative et altruiste du développement de l’IA.
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Publish date : 2024-03-01 17:07:38
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