40 minutes d’enregistrement ont suffi à provoquer des jours de scandale. Diffusé sur les réseaux sociaux vendredi 1er mars par le média de propagande russe Russia Today, un audio dévoile l’intégralité d’une conversation entre les officiers de l’armée de l’air allemande, notamment autour de la livraison de missiles à longue portée Taurus en Ukraine. Réalisé par des “espions russes”, cet enregistrement révèle “des détails classifiés sur l’implication occidentale” à Kiev, souligne le quotidien américain Wall Street Journal (conservateur).La conversation entre les hauts gradés allemands “aborde, entre autres, la question de savoir si les missiles de croisière Taurus seraient théoriquement capables de détruire le pont construit par la Russie vers la péninsule ukrainienne de Crimée, annexée en violation du droit international” en 2014, rapporte le journal allemand Die Welt (libéral).Qu’ils en soient capables ou non, la position du chancelier allemand reste la même : Olaf Scholz refuse de livrer ces missiles à l’armée ukrainienne depuis le début de la guerre. Et ce, malgré les appels répétés de Kiev – ces engins ayant une portée de plus de 500 km. “Avec la publication de cette conversation de l’armée de l’air, le Kremlin veut s’assurer que Scholz reste dans son choix de ne pas livrer de missiles Taurus”, suggère le quotidien Der Spiegel (centre-gauche).”Des informations militaires très sensibles”Une question demeure : pourquoi le chancelier allemand refuse-t-il ces livraisons ? L’utilisation des Taurus nécessiterait la présence de soldats allemands sur le sol ukrainien, ce qui ferait d’eux des cobelligérants, d’après Berlin. A moins que les Ukrainiens ne soient formés par la Bundeswehr – la défense fédérale allemande.Après la prise d’Avdiïvka et les difficultés auxquelles fait face l’armée ukrainienne sur le terrain, la diffusion de cet audio tombe à point nommé. En effet, elle “intervient alors qu’un paquet d’aide américain de 60 milliards de dollars est bloqué au Congrès, ce qui entraîne une pénurie d’armes et de munitions sur les lignes de front”, observe The Washington Post (centre-droit).Dans l’enregistrement, les participants évoquent également des détails des livraisons et l’emploi de missiles de longue portée Scalp par la France et la Grande-Bretagne. “Ce sont des informations militaires très sensibles […] pour le gouvernement fédéral, le chancelier fédéral et l’ensemble de l’alliance occidentale”, soutient le Rheinische Post (centre-gauche).L’Allemagne, nouvelle cible de Poutine ?Pour le quotidien allemand, ce “scandale d’écoute” met en avant les lacunes du gouvernement allemand en matière de sécurité. Pire, le Rheinische Post accuse “les cercles les plus élevés de la Bundeswehr” d’agir de manière “naïve et légère” face “au dirigeant du Kremlin”. “Le fait qu’un chef de l’armée de l’air ait une conversation militaire sensible via la plateforme WebEx [utilisée pour les visioconférences] avec ses officiers, l’un d’entre eux étant à Singapour, est effrayant”, dénonce le journal.Moscou aurait-elle pris Berlin pour nouvelle cible ? “Poutine voit l’Allemagne en guerre contre la Russie depuis longtemps”, affirme le Rheinische Post. Mais une étape semble avoir été franchie et, au sein du gouvernement allemand, la crainte de l’escalade se fait ressentir.”Il s’agit d’une attaque hybride de désinformation qui vise à nous déstabiliser”, a déclaré ministre allemand de la Défense Boris Pistorius, selon la chaîne de télévision allemande Tagesschau. L’objectif du Kremlin semble tout trouvé, selon le Der Spiegel : il ne s’agit plus “seulement de discréditer la Bundeswehr, mais aussi le chancelier lui-même”.
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Publish date : 2024-03-04 13:11:33
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