Influencée par l’acupuncture et le shiatsu hérités de son éducation new age, Sequoia Scavullo, artiste américaine diplômée des Beaux-Arts de Paris, où elle vit, convoque la culture amérindienne des Taïnos, une ethnie issue de la tribu des Arawaks dont son père est originaire. Ces dernier·ères utilisaient un système de pictogrammes sacrés pour illustrer leurs grottes, dont l’artiste s’inspire tel un code à déchiffrer et qu’elle décline à la surface de ses toiles ou dans la bande-son de ses films.
L’univers de Sequoia Scavullo reflète ainsi une déconstruction du logos comme ensemble de lettres et système de pouvoir au profit d’une réflexion sur la communication non verbale et sensorielle. Peintures fantomatiques aux couches et sous-couches successives, ses œuvres aux tons rouges, rosés et violacés dévoilent des formes habitées et des éléments du corps humain — mains, pieds, organes sexuels — dissimulés derrière des voiles telle une seconde peau.
Cette poésie de la confusion, comme l’artiste la définit, semble faire écho au concept derridien de pharmakon, terme désignant à la fois le remède, le poison et le bouc-émissaire. Si la mémoire des corps malades et des accidents hante le travail de Scavullo, cette dernière leur oppose des rituels de purification par l’eau et autres bains de jouvence donc les Taïnos sont à l’origine. Intimité et érotisme s’entremêlent alors pour former une zone grise entre abstraction et figuration, où les rêves prennent forme et où la réalité s’incarne dans tous ses paradoxes.
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Author : ceciledesclaux
Publish date : 2024-03-05 18:00:00
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