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Covid-19 en Espagne : le scandale de corruption qui ébranle le gouvernement Sánchez

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez au parlement à Madrid, le 30 janvier 2024




Un scandale dont l’exécutif espagnol se serait bien passé. Depuis plusieurs semaines, le gouvernement socialiste est englué dans une affaire de corruption présumée autour d’un système de contrats d’achats de masques pendant la pandémie de Covid-19. Et ce mercredi 6 mars, une première tête est tombée. Il s’agit d’Álvaro Sánchez Manzanares, un haut fonctionnaire du ministère des Transports qui dirigeait jusqu’alors l’entité chargée des ports. “Une mise à pied” seulement, relativise l’actuel ministre des Transports, Óscar Puente, dont le prédécesseur, José Luis Ábalos, redevenu aujourd’hui membre du Cortes Generales – le Parlement espagnol – se trouve au cœur du scandale.C’est en effet au sein même de son équipe que le montage crapuleux aurait été imaginé. Depuis plusieurs mois, son ancien bras droit et homme de confiance Koldo Garcia Izaguirre est notamment accusé d’avoir joué un rôle clef dans une escroquerie de grande envergure. Et les soupçons autour de ce personnage qui a donné son nom à “l’affaire Koldo”, également baptisée “Combine Koldo” par les journaux conservateurs, n’ont eu de cesse de grandir à mesure que l’enquête avançait. Au point, le 21 février dernier d’être arrêté par la Guarda Civil – la police espagnole – dans la ville portuaire d’Alicante au sud-est de l’Espagne.Pots-de-vin, contrats à 50 millions d’euros…Il faut dire que les charges à son encontre sont lourdes. Selon nos confrères du quotidien espagnol El País, Koldo Garcia Izaguirre aurait touché des pots-de-vin sur des achats de masques sanitaires “via des entreprises qu’il contrôlait”. Parmi ces sociétés, Soluciones de Gestión y Apoyo a Empresas SL, qui se décrit comme une société de développement et de conseil technique pour des projets internationaux d’infrastructures dans les domaines de la santé, de l’énergie, de l’eau et de l’agriculture. Si le montant de ces commissions n’a toujours pas été officiellement révélé, celui-ci est estimé à près de 10 millions d’euros pour des contrats dont la somme totale atteint plus de 50 millions d’euros.En voyage à Rabat lors de l’arrestation de l’ancien conseiller, le chef du gouvernement espagnol Pedro Sánchez a assuré ne pas être au courant de l’existence de pots-de-vin, pas plus que du rôle supposé de son ancien ministre de la Santé. Et d’assurer qu’il condamnerait fermement “toute tentative de s’enrichir en percevant des commissions sur une tragédie telle que la pandémie, comme cela s’est produit dans d’autres instances et régions autonomes”.Pedro Sánchez fragiliséMais pour ses opposants, ça ne fait aucun doute : la mise à l’écart de José Luis Ábalos du gouvernement en juillet 2021 démontre que le Premier ministre était bien informé de l’escroquerie. À droite de l’échiquier politique, on accuse même Pedro Sanchez d’avoir passé sous silence cette affaire de corruption. “Vous étiez au courant et vous l’avez couvert”, sermonne Alberto Nuñez Feijoo, le chef du Parti populaire (PP). Des allégations réfutées de toutes pièces par le chef du gouvernement, qui dénonce de son côté les “calomnies” incessantes du parti conservateur à son endroit.Le 21 février, Cuca Gamarra, la secrétaire générale du PP, a exhorté l’ancien ministre des Transports José Luis Ábalos, le Premier ministre Pedro Sánchez, ainsi que l’ancien ministre de la Santé Salvador Illa, et sa remplaçante Mónica García, à fournir des explications concernant les commissions illégales perçues par Koldo Garcia Izaguirre. Présent ce jour dans la chambre des députés en tant qu’élu de Valences, José Luis Ábalos a assuré tout ignoré de l’implication de son ancien collaborateur avec qui les relations se seraient distendues “avec le temps”. Alors même que les deux hommes se sont rencontrés dans un restaurant de fruits de mer pas plus tard que le 10 janvier dernier.Ábalos, bientôt exclu du PSOE ?Selon l’ancien ministre des Transports, “tout s’est déroulé dans le respect des mécanismes légaux […] les contrats ont été passés avec des entités autonomes qui ont été examinés par la Cour des comptes”. “J’aimerais pouvoir fournir [des explications], mais je n’ai pas plus d’informations que ce que j’ai lu. Et ce que j’ai lu, c’est qu’en plus, [l’affaire est] confidentielle” a-t-il martelé, se disant “stupéfait”. “Pour autant que je sache, Koldo Garcia Izaguirre a eu une vie tout à fait normale”. Raison pour laquelle “j’ai du mal à y croire […] c’est un choc”.Dans l’émission espagnole “Todo es mentira” (en français “Tout est mensonge”, NDLR), sur la chaîne Cuatro, l’ancien ministre des Transports a réaffirmé jeudi 29 février son soutien à son ancien collaborateur. “Il m’a toujours témoigné loyauté et affection”. Et de concéder : ” Y a-t-il eu des commissions ? Oui absolument, car il s’agissait d’un commerce.”Appelé de part et d’autre à démissionner depuis l’arrestation de Koldo Garcia Izaguirre, José Luis Ábalos refuse catégoriquement d’abandonner son siège de député. “Je ne suis accusé de rien” martèle-t-il, assurant qu’il “ne (finirait) pas (sa) carrière comme un corrompu” alors même qu’il est “innocent”. Mais face à la menace croissante de déstabilisation du Parti socialiste espagnol (PSOE), la direction du mouvement a entamé, mardi 27 février, une procédure d’exclusion de l’ancien ministre des Transports, membre du parti depuis 1981. À raison peut-être, puisque le juge chargé de l’enquête a confirmé quelques jours plus tard, que José Luis Ábalos avait bien joué un “rôle d’intermédiaire” dans “l’affaire Koldo”.



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Author : Ambre Xerri

Publish date : 2024-03-06 13:33:01

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