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Munitions, recrutement, budget… Pourquoi l’armée canadienne est à bout de souffle

Des soldats se tiennent au volant d'un véhicule blindé léger (VBL) 6.0 des Forces armées canadiennes, à Toronto, le 16 septembre 2023.




A la suite de l’invasion russe en Ukraine, le 24 février 2022, le Canada s’était engagé à aider Kiev à hauteur de 2,4 milliards de dollars (2,2 milliards d’euros) sous forme d’équipements militaires. Deux ans plus tard, la promesse est loin d’avoir été honorée. Selon les données du gouvernement canadien, rapportées par le journal québécois Le Devoir, “1,4 milliard ne s’est toujours pas matérialisé sur le terrain, […] soit 58 % du montant total des dons annoncés”.Ce montant comprend notamment le système national de missiles surface‑air perfectionné (NASAMS) et les munitions associées, d’une valeur de 406 millions de dollars, qu’Ottawa avait pour ambition d’acheter aux États-Unis en janvier 2023 pour les livrer à l’Ukraine par la suite. A l’heure où Kiev fait face à une importante pénurie de matériel et à la recrudescence d’attaques aériennes russes, ces défauts de livraison pèsent lourdement sur les forces armées ukrainiennes.Outre l’impact sur le champ de bataille, l’écart entre le soutien affiché et chiffré d’Ottawa envers Kiev et la réalité détériore “l’image du Canada auprès de [ses] alliés”, regrette le spécialiste des armées Christian Leuprecht, professeur au Collège militaire royal du Canada, dans les colonnes du Devoir. Des alliés qui, de fait, perçoivent le pays comme “de plus en plus indifférent face à cette guerre et surtout peu fiable”.1,38 % du PIB canadien alloué à la défenseMais cette situation est liée à problème plus global concernant l’armée canadienne. Alors que l’article 5 de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan) stipule que les Etats signataires sont tenus d’aider leurs alliés en cas de crise majeure, “à l’heure actuelle, seulement 58 % des Forces armées canadiennes […] seraient en mesure d’intervenir […] – et près de la moitié de l’équipement militaire est considéré comme ‘indisponible et inutilisable'”, est-il précisé dans un rapport interne du ministère de la Défense, mentionné par le diffuseur public national canadien, la CBC.Concernant l’Aviation royale canadienne, toujours selon ce rapport, 55 % des chasseurs, de l’aviation maritime, de la recherche et du sauvetage, de l’aviation tactique, des appareils d’entraînement et des moyens de transport sont jugés hors d’usage. Du coté de la marine, 54 % des frégates, sous-marins, navires de défense côtière, patrouilleurs arctiques et offshore sont également inutilisables.En 2023, selon les données de l’Otan, 1,38 % du PIB canadien a été alloué à la défense. Le pays est ainsi classé 25e sur 30 par l’organisation internationale. Un constat qui semble – une nouvelle fois – en contradiction avec la promesse faite par Ottawa devant ses alliés de l’Otan, le 11 juillet dernier. A cette date, le Canada avait affirmé sa volonté de se joindre à “l’engagement durable” de consacrer au moins 2 % du PIB à la défense. Or, le 24 février dernier, le gouvernement canadien a ordonné une réduction équivalant à 1,1 milliard d’euros du budget de la défense, comme le rapporte Defense News.”Des décennies de sous-financement””Si Ottawa avait délibérément essayé de détruire la crédibilité du Canada le plus rapidement possiblement, elle n’aurait pas pu faire mieux”, s’insurge la rédaction du Global and Mail, pointant la responsabilité du gouvernement libéral de Justin Trudeau. Et de poursuivre : “La proportion du budget fédéral allouée au ministère de la Défense est passée de 6,6 % au cours de l’exercice 2015 à environ 5,3 % au cours de l’année en cours.”Conséquence : faute de munitions, le pays serait “hors d’état de combattre en quelques jours” en cas de conflit, a admis le 7 mars le ministre de la Défense, Bill Blair, devant le comité de la défense de la Chambre des communes.Une situation “extrêmement désastreuse”, comme la qualifie la chaîne de télévision CTV News, qui découle de “décennies de sous-financement, gouvernement après gouvernement”. “Les lacunes en matière de recrutement persistent. Et les défis stratégiques augmentent, de la guerre de conquête de la Russie à l’affirmation croissante de la Chine, énumère le Globe and Mail. Mais à leurs yeux, les libéraux n’ont qu’une seule bataille à mener : les élections fédérales de 2025.”



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Publish date : 2024-03-10 16:47:28

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Tags :L’Express

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