Ne lui parlez pas de “suicide assisté” ou d'”euthanasie”. Le projet de loi sur la “fin de vie”, fruit de multiples concertations, est un texte de “fraternité” et de “rassemblement”. Emmanuel Macron le défend avec une prudence de sioux. Chaque mot est pesé au trébuchet. Le chef de l’Etat n’en a-t-il pas dévoilé les grandes lignes dans La Croix et Libération, deux quotidiens aux sensibilités distinctes ? Cette réforme ne sera pas imposée par une France à une autre.L’objectif est noble. Il sera difficile à atteindre. Emmanuel Macron admet lui-même l’existence de “67 millions d’avis” sur ce sujet intime. A l’Assemblée nationale, il y en aura 577. La majorité présidentielle pourrait être prise en étau entre une gauche tentée d’élargir la loi et l’opposition philosophique d’élus conservateurs. Mais qu’on se le dise : le camp présidentiel incarnera la voix de la modération dans l’hémicycle. Celle d’un juste milieu, respectueux de toutes les oppositions mais déterminé à “regarder la mort en face”.Quelques outrances ne déplairaient en réalité pas au camp présidentiel, à trois mois des élections européennes. Le cynisme n’est pas un délit. “L’unique motivation de Macron est de cliver, note un interlocuteur régulier du chef de l’Etat. Que ceux qui sont contre se fassent entendre, afin de renforcer ce clivage.” Au hasard, la tête de liste LR François-Xavier Bellamy, au net tropisme conservateur. “On n’est pas dupe de cette diversion”, assure l’eurodéputé. Cette lucidité ne rend pas le piège moins efficace.
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Author : Paul Chaulet
Publish date : 2024-03-11 17:57:34
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