Comme prévu, la barre des 80 % a été franchie. À plus de 87 % des suffrages (après le décompte de 36 % des bureaux), Vladimir Poutine est sacré ce dimanche soir grand vainqueur de l’élection présidentielle 2024 – son plus haut score depuis son arrivée au pouvoir en 2000. Qu’importe si le plébiscite est, une fois de plus, entaché d’irrégularités, ou s’il a été perturbé par des attaques ukrainiennes dans plusieurs villes russes et par l’arrestation de dizaines d’électeurs votant ensemble à midi, ce dimanche, “contre Poutine”. Vladimir Poutine ira sûrement lundi soir au concert donné en l’honneur des dix ans de l’annexion de la Crimée à la Russie, sur la Place rouge, afin de célébrer sa victoire et entamer sereinement ses six prochaines années à la tête du Kremlin.Sereinement ? Rien n’est moins sûr. Il n’y a qu’à voir le dispositif exceptionnel déployé autour de cette élection, une véritable “opération spéciale électorale” organisée par le Kremlin avec l’introduction du vote électronique à distance, un scrutin organisé sur trois jours, et la disqualification de tous les candidats présentant les moindres aspirations libérales et pacifiques en Ukraine. Tout comme les méthodes de coercition des électeurs – du jamais vu-, symptomatiques d’une paranoïa du pouvoir.Durcir le tonÀ coup sûr, celle-ci les amènera à durcir le ton durant ce sixième mandat. La diplomatie russe n’envoie aucun signe de volonté de paix ou de négociation en Ukraine, le chef du Kremlin préférant agiter la menace nucléaire contre les Occidentaux à chaque intervention publique. Dans son discours à l’Assemblée fédérale, à la fin février, à l’inquiétude de la population et la dégradation de son niveau de vie, Vladimir Poutine a préféré répondre : augmentation d’impôts et poursuite d’une économie de guerre. Le remaniement ministériel qui suivra l’élection, “s’il a lieu, ne changera rien à la politique du Kremlin”, balaye Andreï Kolesnikov. “C’est comme si l’élite russe se retrouvait dans un sous-marin : il n’y a pas d’issue possible pour eux s’ils ne soutiennent pas Poutine”, explique ce chercheur au Centre Carnegie Russie-Eurasie, spécialiste de la politique russe.Une nouvelle vague de mobilisation semble, quant à elle, imminente, car nécessaire à une “offensive majeure de la Russie cet été”, comme l’anticipe le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Tout comme une répression des citoyens, encore plus féroce. La mort d’Alexeï Navalny, et l’absence de mouvement de grande ampleur qui s’en est suivi, ne peut que conforter le Kremlin dans ses méthodes. Désormais débarrassé d’échéances électorales et d’un leader d’opposition populaire, le dictateur à la voie libre pour six années de plus. En Russie, la spirale du pire est enclenchée.
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Publish date : 2024-03-17 20:03:44
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