Mathieu (Guillaume Canet) a la cinquantaine. Il débarque hors-saison dans une thalasso chic d’une presqu’île célèbre de la côte bretonne, Quiberon, pour se retaper pendant une semaine. Mathieu est un acteur connu et il vient de craquer, abandonnant sans raison un projet théâtral qui lui tenait à cœur. Il ne va pas bien. Il traîne sa dépression dans le palace, acceptant gentiment de faire des selfies avec tout le monde, même quand il est dans un bain de boue, jouant avec les télécommandes de sa suite – scènes très drôles.
Et puis, un jour, il trouve une lettre à la réception. C’est Alice, son amoureuse italienne d’il y a quinze ans, qu’il avait quittée. Elle vit dans la région et aimerait bien le voir. Il accepte.
Brizé revient à l’amour
Ce n’est évidemment pas la première fois que Stéphane Brizé raconte la rencontre entre un homme et une femme, puisque son talent avait été révélé par Mademoiselle Chambon, d’après le roman du regretté Éric Holder, avec Sandrine Kiberlain et Vincent Lindon. Mais, cette complicité avec le même Lindon l’avait amené, depuis quelques films, à abandonner cette veine, comme on dit dans les mines, pour tourner des films dits sociaux, assez réussis d’ailleurs. C’est avec joie (la nôtre, celle qu’il nous procure), que l’amour revient dans la filmographie de Brizé.
Et il faut le dire : c’est une réussite. D’abord parce que – je le confesse – Guillaume Canet est un acteur qui, jusqu’à présent, ne m’avait jamais rien inspiré – et j’ai bien peur d’avoir écrit des horreurs sur lui, surtout au sujet de son jeu dans Joyeux Noël de Christian Carion. Il est ici exceptionnel. Peut-être parce qu’il ne fait pas le malin, comment le dire autrement. Il sous-joue tout et c’est impressionnant. Quand il dit : “Je ne suis pas très intéressant, tu sais”, ou un truc comme ça, l’émotion passe. On y croit, on hoquète presque un court sanglot auquel on ne s’attendait pas. Alba Rohrwacher, elle, est merveilleuse, mais elle est toujours une merveille, alors nous trouvons cela presque banal et nous avons tort, bien évidemment.
Le sujet du film, bercé par la musique obsessionnelle de Vincent Delerm, est moins les retrouvailles d’une femme et d’un homme qui se sont aimés, que la conclusion lente – Brizé prend tout son temps – d’une liaison qui ne s’était pas faite dans les règles de l’art. Brizé est un peu comme ces “passeurs de morts” qui aident ceux et celles qui sont décédé·es dans des conditions difficiles, un peu ratées, à rejoindre l’au-delà dans la sérénité et à s’y installer à jamais. C’est assez beau.
Hors-saison de Stéphane Brizé. Avec Guillaume Canet et Alba Rohrwacher. En salles le 20 mars 2024.
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Author : Jean-Baptiste Morain
Publish date : 2024-03-18 15:17:25
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