“La maison des regards”: que vaut le récit autobiographique de l’Italien Daniele Mencarelli ?

“L’impression d’être enfermé dans un sarcophage, cloué de l’intérieur”. Ainsi Daniele Mencarelli se souvient de ses années de dépression. Les éditions Globe avaient publié en 2022 Nous voulons tous être sauvés, où il racontait son internement précoce dans les années 1990. Ce nouveau texte autobiographique pourrait être considéré comme une suite : il a 25 ans et a déjà publié mais ne s’en sort toujours pas, et sa dépression se double d’un alcoolisme chronique. Un ami lui trouve un emploi d’agent d’entretien dans le plus grand hôpital pédiatrique de Rome. L’expérience le transforme.

L’auteur tient la chronique de ces jours gagnés sur l’alcool. Il raconte sa découverte de l’injustice brute – la mort inacceptable d’un enfant. Il décrit aussi ce travail pénible qui lui donne la force de se lever le matin. Car ce qui agit sur lui est le fait d’appartenir à la “brigade”. Une équipe d’hommes et de femmes assurant, dans une totale absence de reconnaissance, la propreté de l’hôpital. 

Rapport à l’écriture

Phrase après phrase se dessine une lente résurrection. Mencarelli parle de solidarité, s’intéresse à la vie des gens qu’il croise, trouve les mots pour évoquer le sourire d’un petit garçon. Et l’expérience ne le sort pas seulement de son malheur, elle modifie son rapport à l’écriture. “La poésie doit se faire l’esclave des expériences dont j’ai été le témoin, elle doit s’offrir dans sa pauvreté miraculeuse. Il ne faut pas que sa forme soit une manière, il faut qu’elle obéisse aux visages et aux histoires censés vivre à travers elle”.

Traduit de l’italien par Nathalie Bauer(Globe), 320 p., 23 €. En librairie.



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Author : Sylvie Tanette

Publish date : 2024-03-20 14:17:32

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