Après Neil Young, c’est au tour de Joni Mitchell de faire machine arrière. Il y a de cela plus d’une semaine, le Canadien annonçait ainsi faire son retour sur Spotify, deux ans après avoir pris la décision d’y enlever sa musique. Un geste protestataire à l’encontre du géant suédois, auquel il reprochait d’accueillir en exclusivité le podcast de Joe Rogan, humoriste accusé de propager un discours un brin complotiste et franchement anti-vaccin, en pleine crise du Covid-19.
La musicienne folk n’avait pas tardé à lui emboîter le pas, cinglant dans une lettre ouverte publiée sur son site officiel, datée du 28 janvier 2022 : “Des irresponsables répandent des mensonges qui coûtent la vie à des gens. Je suis solidaire de Neil Young et des communautés scientifiques et médicales mondiales sur cette question.” Le contrat d’exclusivité entre ledit podcast et Spotify ayant été rompu en février 2024, il est désormais disponible sur Apple et Amazon. D’où le retour des deux artistes sur la plateforme suédoise.
Dépendance aux plateformes de streaming
Si Joni Mitchell ne s’est pas exprimée à propos de ce revirement, Neil Young l’a justifié en ces mots sur son site officiel : “Je ne peux pas quitter Apple et Amazon, comme je l’ai fait avec Spotify, car ma musique n’aurait alors que très peu de débouchés en streaming pour les amateurs de musique.” Le musicien canadien touche ainsi du doigt une donnée pour le moins pernicieuse : à l’heure où les plateformes de streaming règnent en maîtresses, il est tout bonnement impossible pour les artistes de les déserter en masse.
C’est se priver de nouveaux·elles auditeur·rices et, par conséquent, tirer une croix sur des revenus dont les musicien·nes ne peuvent finalement pas se passer. Aussi minimes soient-ils. Ce n’est plus un secret, Spotify rémunère peu les artistes. Du moins, pas assez. C’est en tout cas ce que dénonçait James Blake une semaine auparavant, rappelant qu’un stream ne rapportait qu’“entre 0,003 et 0,005 dollar” selon la plateforme – soit 3 000 dollars pour 1 million d’écoutes. “Si nous voulons une musique de qualité, quelqu’un devra payer pour cela”, assénait-il.
Un système nébuleux
Du côté de Spotify, autre son de cloche. Dans son rapport annuel sur l’économie de la musique de 2023, la plateforme se targue de détenir le “record de paiement annuel le plus élevé versé à l’industrie musicale”, avançant la somme de 9 milliards de dollars. Un chiffre qui a “presque triplé au cours des six dernières années”, dit-elle. Le géant suédois se réjouit également du sort des musicien·nes émergent·es qui, pour la première année, “représentent environ la moitié de ce que l’ensemble du secteur a généré sur Spotify”.
Si le système de rémunération des artistes demeure nébuleux, l’entreprise le résume en ces termes, sur son site Internet : “Contrairement à ce que vous avez pu entendre, Spotify ne verse pas de redevances aux artistes selon un tarif par lecture ou par streaming ; les paiements de redevances que les artistes reçoivent peuvent varier en fonction des différences dans la manière dont leur musique est diffusée ou des accords qu’ils ont conclus avec des labels ou des distributeurs.”
Mais omet de rappeler que depuis janvier 2024, les morceaux qui n’atteignent pas le millier de streams sur une année ne rapporteront plus un seul centime aux artistes concerné·es. Par mégarde, sans doute…
Source link : https://www.lesinrocks.com/musique/joni-mitchell-fait-son-retour-sur-spotify-apres-deux-ans-de-boycott-613746-25-03-2024/
Author : Louise Lucas
Publish date : 2024-03-25 18:05:27
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