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Mortalité maternelle : suicides, maladies cardiovasculaires… Quelles sont les causes de décès ?

Des maternités du nord-est francilien font face à un afflux de mères sans-abri coincées à l'hôpital après leur accouchement faute d'hébergement d'urgence




La mortalité maternelle touche une femme tous les quatre jours en France. Selon une étude publiée ce mercredi 3 avril par l’Inserm et Santé publique France, 272 morts maternelles ont été recensées entre 2016 et 2018. Le ratio de mortalité maternelle (11,8 décès pour 100 000 naissances vivantes), qui se situe dans la moyenne européenne, n’a pas évolué par rapport aux enquêtes précédentes, selon la 7e édition de cette enquête de l’ENCMM (enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles).Pour mesurer cette mortalité, l’ENCMM a inclus tous les décès “associés à la grossesse”, c’est-à-dire “survenus pendant la grossesse ou jusqu’à un an suivant sa fin, quels que soient la cause et le mode de terminaison”. L’ENCMM se distingue donc de la plupart des pays en ne comptant pas seulement les décès survenus jusqu’à 42 jours après la grossesse, la période classique d’étude de la santé maternelle. “L’avancée des connaissances montre que la santé des femmes reste affectée par la grossesse au-delà de ces 42 jours. Ainsi, l’OMS recommande, pour les pays qui le peuvent, d’étendre la fenêtre jusqu’à un an, en incluant les morts maternelles ‘tardives’, c’est-à-dire celles qui surviennent entre 43 et 365 jours après la fin de la grossesse”, indique le rapport.”La mortalité maternelle reste rare, mais il faut rester vigilant”, résume auprès du Monde Catherine Deneux-Tharaux, directrice de recherche à l’Inserm et responsable scientifique de l’enquête. Selon ce rapport, 60 % des décès maternels sont considérés comme “probablement” (17 %) ou “possiblement” (43 %) évitables. “Cette proportion de plus de la moitié des morts maternelles potentiellement évitables montre qu’une diminution de la mortalité maternelle est possible et doit être obtenue, l’objectif étant de prévenir tous les décès évitables”, peut-on lire dans ce rapport.Le suicide devient la première causeLe suicide (45 décès), avec d’autres causes psychiatriques, est devenu la première cause de mortalité maternelle en France (17 %), devant les maladies cardiovasculaires (39 décès, 14 %). “C’était la deuxième cause, ça devient la première : ce n’est pas une modification de tendance radicale mais une confirmation accrue du poids des suicides”, déclare à l’AFP Catherine-Deneux Tharaux. Comme le relève Le Monde, le pic des suicides survient vers quatre à cinq mois après l’accouchement. Il s’agit souvent de femmes dont c’est la première grossesse, qui ont déjà eu des antécédents psychiatriques avérés ou des troubles du comportement alimentaire.Sur les seuls 42 jours après la fin de la grossesse, 197 décès sont survenus entre 2016 et 2018, causés d’abord par des maladies cardiovasculaires. “Les deux premières causes de morts maternelles, suicides et maladies cardiovasculaires, sont extra-obstétricales, et leurs niveaux absolus augmentent un petit peu”, note à l’AFP Catherine-Deneux Tharaux, cette spécialiste d’épidémiologie périnatal invitant à “considérer la santé des femmes globalement”.Par ailleurs, depuis une dizaine d’années, les hémorragies obstétricales ne sont plus prépondérantes. Réduite de moitié en 15 ans, la mortalité due à ces saignements excessifs pendant l’accouchement ou dans les 24 heures suivantes stagne désormais, dans le haut de la fourchette des pays européens, avec une vingtaine de cas enregistrés en France.Des inégalités importantesDe fortes inégalités, territoriales et socio-démographiques persistent dans la mortalité maternelle. Le risque est ainsi multiplié par deux en outre-mer, comparé à la métropole, alors que cet écart était supérieur auparavant. Pour les femmes migrantes, la mortalité est en moyenne deux fois celle des natives de France. Les femmes socialement vulnérables sont par ailleurs 1,5 fois plus représentées parmi les décès maternels.L’âge augmente aussi le risque, “de façon marquée” après 35 ans. “A partir d’un certain âge, les complications sont plus fréquentes, et lorsqu’il y a complication, la capacité du corps de la femme pour lutter contre cet événement est moins bonne, rappelle au Monde Catherine-Deneux Tharaux. Néanmoins, si ces femmes sont plus nombreuses et plus à risques, elles ne meurent pas plus, notre système de soins arrivant à compenser cette augmentation du risque. Et ça, c’est une bonne nouvelle.”Un autre facteur, l’obésité, augmente également le risque de décès, avec deux fois plus de morts maternelles chez des femmes obèses. “Une amélioration est possible, car plus de la moitié des décès maternels sont considérés comme probablement ou possiblement évitables, et, dans deux tiers des cas, les soins dispensés n’ont pas été optimaux”, souligne l’étude.Mieux prévenir et dépister les troubles mentauxLa prévention, le dépistage, une prise en charge coordonnée et multidisciplinaire restent recommandés. Les auteurs du rapport déclinent ces recommandations en 30 messages-clefs. Pour éviter des suicides, “les facteurs de risque, personnels et familiaux, de dépression périnatale doivent être connus des professionnels […] et recherchés tout au long du suivi de la grossesse et du postpartum”, soulignent les experts.Outre l’implication de tous les soignants pour dépister des symptômes de troubles mentaux jusque dans l’année suivant l’accouchement, ils recommandent aussi l’information des femmes enceintes, de leur entourage et du grand public sur la dépression périnatale. La dépression post-partum est également à prendre en compte. Catherine-Deneux Tharaux observe que “des femmes ressentent encore une forte culpabilité à éprouver de la tristesse, un manque de plaisir avec leur enfant, un sentiment de n’être pas une bonne mère, mais verbalisent peu.”Dans le monde, cette fois, une femme meurt toutes les deux minutes de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement (jusqu’à 42 jours après), selon des estimations, en 2023, d’organismes des Nations unies. Il y a eu environ 287 000 décès maternels en 2020, principalement dans les régions les plus pauvres et celles touchées par des conflits. Les principales causes sont les hémorragies graves, l’hypertension artérielle, les infections liées à la grossesse, les complications d’avortements à risque et les affections susceptibles d’être aggravées par la grossesse (sida, paludisme…).



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Publish date : 2024-04-03 13:53:41

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