MondialNews

Géorgie : la loi sur les agents de l’étranger continue de faire des vagues

Des manifestants se rassemblent pour protester contre la réintroduction du "projet de loi sur les agents étrangers" à Tbilissi, Géorgie, le 15 avril 2024




“Non à la loi russe !”, scandait la foule au nez de la police, brandissant, à l’extérieur du Parlement, le drapeau national et celui de l’Union européenne que la Géorgie ambitionne de rejoindre. Ils étaient plus de 10 000 manifestants rassemblés, lundi 15 avril, au soir à Tbilissi en Géorgie contre le projet de loi controversé sur les “agents de l’étranger”.Les députés géorgiens ont commencé mardi l’examen en première lecture du projet de loi que ses détracteurs, qui appellent à se mobiliser, jugent liberticide. Le parti au pouvoir du Rêve géorgien, qui dispose de la majorité au Parlement, devrait cependant être en mesure de faire voter ce texte, tandis qu’une manifestation de protestation est prévue dans la soirée à Tbilissi, la capitale de ce pays du Caucase.La première mouture avait été abandonnée l’année dernière après des protestations ayant rassemblé des dizaines de milliers de personnes à Tbilissi en mars 2023. Le parti au pouvoir dans ce pays du Caucase avait finalement annoncé début avril le retour de ce projet de loi. Selon ses détracteurs, la loi serait, si elle est adoptée, une manière de faire taire les voix dissidentes au pouvoir en place, comme c’est le cas en Russie.Intimider ONG et voix dissidentesLe texte oblige notamment les organisations recevant plus de 20 % de leur financement de l’étranger à s’enregistrer sous le label infamant d'”organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère”, sous peine d’amendes. Le pouvoir défend ce projet de loi comme une façon d’obliger les organisations à faire preuve de davantage de “transparence” sur leur financement. Les détracteurs du texte y voient, eux, un outil d’intimidation des ONG et médias indépendants. Selon des experts interrogés par l’AFP, le parti au pouvoir, accusé de collaborer en secret avec le Kremlin, considère le financement de certaines ONG et médias par les Occidentaux comme un défi à sa mainmise sur le pays.”La Géorgie ne sera pas admise dans l’UE avec de telles lois anti-démocratiques, c’est pourquoi nous ne les laisserons pas passer”, lance Giorgi Lachkhi, un dentiste présent dans la foule. “La Géorgie appartient à l’Europe, elle ne sera plus jamais l’arrière-cour de la Russie”, ajoutait-il. En décembre, la Géorgie s’est vue accorder le statut officiel de candidat à l’adhésion à l’Union européenne, mais Tbilissi doit encore procéder à des réformes judiciaires et électorales, renforcer la liberté de la presse et réduire le pouvoir des oligarques avant que des négociations soient effectivement lancées.Neutraliser l’influence européenneSi Géorgie a l’ambition depuis des années d’approfondir ses relations avec les Occidentaux, le parti au pouvoir est accusé de vouloir, au contraire, rapprocher cette ex-république soviétique de la Russie. Le Premier ministre géorgien, Irakli Kobakhidzé, connu pour sa rhétorique anti-occidentale, se défend de tout sabotage du processus d’accession à l’UE, bien que Bruxelles ait réclamé l’abandon du texte.Mais “le Rêve géorgien ne cache pas que la loi vise à neutraliser l’influence occidentale”, souligne le politologue Ghia Nodia. “Le parti ne cesse de dire qu’il dirige la Géorgie vers l’UE, mais en fait il sabote la voie européenne de la Géorgie”, qui est soutenue par environ 80 % de la population, selon des sondages d’opinion, dit-il.La semaine dernière, environ 8 000 personnes avaient déjà manifesté contre le projet de loi dans la capitale géorgienne. Ce 15 avril, quatre manifestants ont déjà été interpellés par la police, selon l’AFP. Plus tôt dans la journée, au moment où les débats ont commencé entre les députés sur ce texte, plusieurs élus en étaient venus aux mains en plein hémicycle.Le vote de ce texte devrait également raviver les tensions entre le parti au pouvoir et la présidente Salomé Zourabichvili. En 2023, cette dernière avait ouvertement soutenu les manifestants. “La Géorgie ne se rendra pas à la re-soviétisation !”, avait-elle déclaré la présidente géorgienne sur X, farouche partisane du rapprochement avec l’UE, mais dont les prérogatives sont toutefois limitées.



Source link : https://www.lexpress.fr/monde/europe/georgie-la-loi-sur-les-agents-de-letranger-continue-de-faire-des-vagues-KRI7CKRTVRCH3JLOA7K2SFPQYA/

Author :

Publish date : 2024-04-16 15:07:38

Copyright for syndicated content belongs to the linked Source.

Exit mobile version