Et si la métaphore du “musée à ciel ouvert” devenait réalité ? Venise semble en tout cas en prendre le chemin. Depuis ce jeudi 25 avril, la Cité des Doges impose une taxe de cinq euros à ses visiteurs journaliers. Une première mondiale, obtenue après six ans de débats vifs. L’objectif du dispositif : donner un coup de canif au surtourisme, dont se plaignent les quelque 260 000 Vénitiens.Ainsi, pour pénétrer dans la Sérénissime, les touristes doivent désormais se munir d’un billet électronique qui prend la forme d’un QR code. Ces entrées sont vendues en ligne, ou dans des guichets postés aux deux principaux points d’entrée de la ville : la Piazzale Roma, et le parvis de la gare Santa Lucia. Au total, soixante-dix agents ont été recrutés pour contrôler les billets. Des patrouilles de la police locale, seront également prêtes à intervenir en cas de problème, et pourront verbaliser les fraudeurs qui s’exposent à une amende allant de 50 à 300 euros.Aucun plafond de ventePas sûr toutefois que le montant de cinq euros soit suffisamment dissuasif pour décourager les touristes de visiter la ville. En fin de matinée, près de treize mille billets auraient été vendus, affirme l’hôtel de ville auprès de nos confrères de l’AFP. Et de préciser que ce chiffre est “en constante évolution”. D’autant qu’aucun plafond de vente n’a pour l’heure été fixé.Par ailleurs, l’expérience est à portée très limitée : en 2024, seuls 29 jours de grande affluence sont concernés par cette nouvelle taxe, qui sera appliquée presque tous les week-ends de mai à juillet. Et la taxe ne cible que les touristes journaliers entrant dans le centre historique entre 8h30 et 16h00.Pour l’adjoint au Tourisme Simone Venturini, il s’agit “surtout de décourager le tourisme de proximité des habitants de la région Vénétie qui peuvent visiter Venise quand ils veulent”. Le premier magistrat de la ville, Luigi Brugnaro, a lui-même reconnu auprès de nos confrères de la Repubblica que le dispositif était “perfectible”. Un seuil devra notamment être défini dans les prochaines semaines de sorte à faire varier le prix selon l’affluence.En Italie, la mesure n’a pas forcément été bien accueillie. Certains craignent que la ville ne devienne définitivement “un musée”. Ce jeudi matin, des manifestants se sont notamment réunis sur la Piazzale Roma aux cris de “Non au ticket ! Oui aux logements et aux servies pour tous”, ou encore de “Venise ville ouverte”. D’autres moquent l’inefficacité de la mesure. “8 000 touristes journaliers entreront dans la ville en présentant le bon de 5 euros […] tandis que plus de 40 000 en seront exemptés, y compris les plus de 30 000 visiteurs qui passent la nuit et qui paient déjà la taxe de séjour”, tance la Repubblica.”Des dérogations infinies”, moque la presse italienneIl faut dire que les cas d’exemption prévus sont nombreux. Les mineurs âgés de moins de 14 ans, les étudiants, et les travailleurs n’auront par exemple pas à s’acquitter de la taxe. De même que les touristes dormant au moins une nuit sur place. Et la liste n’est pas exhaustive. En outre, les accès aux îles de la lagune, telles que le Lido, Murano et Burano restent gratuits.”Les dérogations sont si nombreuses, qu’il est difficile d’entrer dans l’une des catégories sans billet”, raille le quotidien transalpin La Stampa, dépeignant une Venise “qui peine encore à s’affranchir du rôle de ‘ville carte postale’ qu’on lui a cousu”.
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Author : Ambre Xerri
Publish date : 2024-04-25 17:04:24
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