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Après “Irmina”, Barbara Yelin bouleverse avec  “Emmie Arbel – La couleur du souvenir”

Après “Irmina”, Barbara Yelin bouleverse avec  “Emmie Arbel – La couleur du souvenir”



Il y a plus d’une décennie, la dessinatrice Barbara Yelin était tombée sur un carton, laissé par une de ses grands-mères, contenant lettres et carnets intimes. À partir de cette matière première, elle avait imaginé le destin d’une femme allemande, Irmina. Juste avant la Seconde Guerre mondiale, celle-ci était déchirée entre l’espoir d’une vie aventureuse en Angleterre avec son amoureux, un étudiant noir, et une existence sans état d’âme dans son pays à l’époque aux mains des nazis.

Alors que le bouleversant Irmina, récit d’un profond conflit intérieur, est réédité, Barbara Yelin raconte une autre trajectoire éloquente. Mais cette fois-ci, son héroïne, Emmie Arbel, existe réellement et a opposé face à toutes les ignominies une force de caractère impressionnante. Maintenant âgée de près de 90 ans, elle apparaît plusieurs fois dans le livre la clope au bec, balayant de la main toute forme de pitié. Elle avoue cependant : “Parfois, je n’arrive pas à croire que je suis restée en vie.”

Déportée à l’âge de 5 ans, Emmie Arbel, native des Pays-Bas, perd ses parents et grands-parents en camp de concentration. Placée en famille d’accueil à la Libération, elle est ensuite victime de violences sexuelles. La bande dessinée que lui consacre Barbara Yelin s’ouvre sur une scène saisissante datant de 1977 où les traumas ressurgissent dans une explosion de couleurs. L’artiste allemande réalise le portrait d’Emmie sans donner dans le récit documentaire – les annexes sont là pour rétablir la chronologie.

Ce sont les chemins tortueux de la mémoire qui la passionnent et l’intriguent. Elle laisse les encres se répandre sur ses pages pour représenter l’incertitude, les abîmes, tous ces moments où son interlocutrice hésite ou se contredit. Loin d’être gratuit, le sous-titre La couleur du souvenir résume sa démarche graphique impressionniste et sensible. Les pages où elle se met en scène avec sa protagoniste ou la famille de celle-ci éclatent de mille feux, pendants lumineux aux séquences plus sombres où le noir cache la violence. 

Emmie Arbel – La couleur du souvenir de Barbara Yelin (Actes Sud/“L’An 2”), traduit de l’allemand par Olivier Mannoni et Thierry Groensteen, 200 p., 27 €. En librairie.
Irmina de Barbara Yelin (Actes Sud/“L’An 2”), traduit de l’allemand par Paul Derouet, 288 p., 29,50 €. En librairie.



Source link : https://www.lesinrocks.com/livres/apres-irmina-barbara-yelin-bouleverse-avec-emmie-arbel-la-couleur-du-souvenir-616120-27-04-2024/

Author : Vincent Brunner

Publish date : 2024-04-27 10:00:00

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