Il n’y a pas d’âge pour parler d’amour… Avec Illusions, le dramaturge russe Ivan Viripaev imagine, en 2011, les confessions de deux vieux couples ayant dépassé les quatre-vingts printemps. À l’approche de l’heure de leur mort, chacun témoigne de ce que furent les raisons de la réussite de leur vie amoureuse. C’est Dennis qui ouvre le bal. Il résume les cinquante-deux dernières années de son existence au bonheur partagé avec sa femme Sarah dans l’éloge d’un ciel sans nuage ayant valeur de leçon de vie.
Versions et sentiments entremêlés
Pour autant, pas question de se limiter à une unique vérité. Ouvrant le champ des investigations aux témoignages de Sarah et à ceux d’un couple d’amis, Margaret et Albert, l’auteur reprend à chaque fois le motif de l’adresse au public d’un monologue testamentaire. Une manière de brouiller les pistes en complexifiant la première version. Contredisant les vérités des uns par celles des autres, Ivan Viripaev s’amuse d’un texte qu’il fait progresser en le cousant successivement un point à l’endroit et un point à l’envers, jusqu’à donner à l’œuvre les allures d’un chaos d’émotions. Au final, c’est une drôle de dentelle de sentiments contradictoires qui se déploie sous nos yeux.
Avec une belle dose d’humour, de mauvais esprit et une pointe de perversion délicieusement sadique, Ivan Viripaiev creuse son paysage amoureux de zones d’ombres et de passages interdits. Comparant la version de Dennis à celle de sa compagne et de leurs ami·es, aucune de ces vies n’échappe à l’expérience d’affinités électives les rapprochant en secret les unes des autres.
Un grand déballage
Conçue par le metteur en scène Galin Stoev comme un exercice de style méritant des règles dignes d’un jeu de rôle, l’histoire de ces quatre vieillards est déconstruite pour être interprétée par la troupe des sept jeunes comédiens et comédiennes de l’AtelierCité.
Dans ce récit où chaque information se plait à contredire la précédente, l’enquête assume de multiplier les intervenant·es pour tenter d’éclaircir l’imbroglio de situations qui passent de limpides à troubles et de complexes à inextricables. Foire aux désillusions, la pièce s’avère un monumental puzzle justifiant avec ironie de la complexité des rapports humains. C’est la belle énergie de cette jeunesse qui nous embarque sans coup férir dans la découverte du vide-grenier qu’est ce lot d’illusions et de malentendus que représente les évènements d’une vie.
Illusions d’Ivan Viripaev, mise en scène Galin Stoev. Avec Marine Déchelette, Mathieu Fernandez, Élise Friha, Marine Guez, Alice Jalleau, Thomas Ribière et Julien Salignon.
Jusqu’au 7 mai, ThéâtredelaCité-CDN Toulouse Occitanie. Du 18 au 20 mai dans le cadre du Festival Théâtre en mai, Théâtre Mansart, Dijon. Le 23 mai, Festival de Figeac.
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Author : Patrick Sourd
Publish date : 2024-04-26 15:07:14
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