Avec la hausse des taux d’intérêt, des rendements solides en 2023, et un début d’année 2024 très prometteur, le ciel s’éclaircit pour les épargnants. Outil flexible doté d’une fiscalité préférentielle, l’assurance-vie redevient attractive et le plus sûr des investissements bancaires. Toutefois, dans un contexte d’inflation, la diversification reste la plus sage des voies. Identifier ses besoins, cerner les différents produits disponibles, négocier son contrat, passer par une société de gestion, surveiller les frais, générer de la performance à long terme : L’Express vous guide.Les Français ont adopté les unités de compte, ces supports non garantis qui permettent d’investir sur les marchés. En 2023, plus de 4 euros versés sur 10 sont allés se loger dans ces produits. Et malgré des rendements en nette hausse sur le fonds en euros, ils conservent tout leur intérêt. “Le premier réflexe consiste à diversifier son contrat au-delà de l’actif général pour obtenir une performance supérieure, recommande Patrick Thiberge, directeur général de Meilleurtaux Placement. D’autant que dans les prochaines années, le rendement du fonds en euros risque de se stabiliser autour de 2 ou 3 % lorsque les bonus vont se tarir, ce qui ne comblera pas l’inflation.” Mais sélectionner les bons fonds n’est pas chose aisée, d’autant que certains contrats référencent plusieurs centaines d’unités de compte.Une première étape consiste à bien identifier ses besoins. “Il faut partir de son horizon d’investissement, qui est l’élément fondamental, estime François Gazier, responsable de l’allocation d’actifs et de la sélection de fonds au sein du cabinet Haussmann Patrimoine. Si l’on souhaite récupérer ses capitaux à court terme, il faut privilégier le fonds en euros ou les Sicav monétaires. Avec un horizon de moyen ou court terme, il est possible de diversifier davantage son contrat.” Ainsi, pour bénéficier des atouts du marché actions, mieux vaut avoir au moins huit ans devant soi afin de passer outre les différents cycles de marché.Investir dans de multiples secteursIl convient aussi de bien cerner les véhicules à disposition. Les unités de compte couvrent un large spectre de placements, du moins risqué au plus périlleux. Elles permettent ainsi d’investir sur l’immobilier, les obligations, les actions ou encore le capital investissement, etc. “D’où l’intérêt de connaître le niveau de risque de chaque support, indique François Gazier. Pour cela, référez-vous au SRI (indicateur synthétique de risque), qui situe le placement sur une échelle allant de 1 à 7.” Une information systématiquement présentée dans le document d’informations clés (DIC) de chaque fonds, un imprimé standardisé résumant les principales caractéristiques du produit.Dès lors, vous allez pouvoir construire une allocation, à savoir, répartir votre épargne sur les différentes catégories de supports financiers. La recette est subtile car elle dépend du degré de risque que vous acceptez de prendre : plus vous désirez générer de la performance à long terme et acceptez de supporter des creux passagers, et plus vous forcerez la dose sur les actifs risqués tels que les actions ou le capital investissement. Des éléments conjoncturels peuvent aussi entrer en ligne de compte en fonction de la dynamique des marchés. “Il est préférable de s’en remettre à un conseiller”, avertit Patrick Thiberge. Pour faciliter la tâche des épargnants désireux de rester autonome, certains distributeurs et assureurs mettent à disposition des allocations type à reproduire ou dont s’inspirer.Une fois cette tâche accomplie, vous vous pencherez sur les différents produits. Les sociétés de gestion fournissent sur leur site de nombreux renseignements. “Plongez-vous dans le dernier rapport mensuel de gestion et parcourez la liste des principales valeurs en portefeuille, qui donne une bonne idée de la couleur du fonds”, conseille François Gazier. Certains distributeurs proposent à leurs clients des outils d’aide à la sélection, renseignant sur les performances des supports, leur notation par la plateforme d’analyse Morningstar ou Quantalys, la détention de labels, etc. “Nous avons, par exemple, intégré un indicateur “low carbon”, qui mesure la cote de durabilité des fonds”, cite Gregory Guermonprez, directeur de Fortuneo.Regarder l’historique de performanceLa performance passée est bien sûr un élément à scruter de près. “Dans la mesure du possible, regardez l’historique de performance sur une longue période d’au moins cinq ans, exhorte François Gazier. Car ces trois dernières années ont été tellement dirigées par les politiques des Banques centrales que le contexte a pu contrarier la performance de certaines gestions.” En outre, ne cherchez pas un produit avec des performances à deux chiffres chaque année quel que soit l’environnement économique : lorsque le CAC 40 plonge, un fonds actions de grandes valeurs françaises ne pourra pas faire de miracle. “Les performances d’un fonds s’étudient par rapport à celles de ses concurrents afin de cibler les supports qui sont restés régulièrement parmi les meilleurs de leur catégorie”, indique Patrick Thiberge.Autre critère clé : les sociétés de gestion. S’il est rassurant de privilégier des grandes maisons dotées d’une bonne notoriété, ne négligez pas les plus petites dotées d’une expertise bien spécifique. On en trouve par exemple dans le domaine des petites et moyennes capitalisations. Et surtout pensez, là aussi, à diversifier votre portefeuille.Enfin, surveillez les frais, qui obèrent votre capacité à générer de la performance à long terme. “Si l’on cumule les couches de frais sur les unités de compte, alors autant faire du fonds en euros, assure Florent Combes, directeur risques et investissement de Garance. La diversification doit apporter une vraie perspective de gain au client.” En particulier, il faut proscrire les commissions de mouvement, prélevées à chaque transaction au sein du portefeuille, qui seront d’ailleurs interdites à partir de 2026. Et se montrer vigilant lorsque le véhicule intègre une commission de surperformance pour vérifier qu’elle n’est pas excessive. Un travail de longue haleine…NEW3797CT_30 de performance absorbes par les fraisLe régulateur met l’accent sur les fraisUn bon point pour les épargnants. L’instance de tutelle des assureurs, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), défend le principe de value for money, soit, en bon français, le meilleur rapport qualité-prix d’un produit financier. Cette notion a conduit les compagnies à passer en revue la liste des unités de compte commercialisées au sein de leurs contrats. Avec une recommandation : vérifier que le couple frais-performance à cinq ans est de bonne facture. Pour aider les établissements à faire le tri, l’association professionnelle France assureurs avait publié des chiffres détaillés sur les performances et frais de ces supports. Avec des résultats édifiants puisque leur performance annuelle moyenne n’a été que de 2,09 % (de 2017 à 2022). Un pourcentage auquel il faut encore retrancher les frais de gestion de l’enveloppe… De nombreux assureurs ont déjà réalisé un premier tri, parfois conséquent. Mais l’ACPR, par la voix de son vice-président, Jean-Paul Faugère, a rappelé le 6 mars dernier : “Ce dispositif qui repose sur une première approche quantitative ne doit cependant pas être regardé comme un aboutissement, mais bien comme le fondement d’une démarche continue.”Un article du dossier spécial “Placements” de L’Express, publié dans l’hebdo du 11 avril.
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Publish date : 2024-05-04 10:00:00
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