Des Super Jeudis pour penser le futur des sociétés arabes à l’IMA

L’exposition collective proposée par l’Institut du monde arabe (IMA) depuis le mois d’avril, Arabofuturs, qui cartographie les imaginaires utopiques et dystopiques du monde arabe, révèle, dans son foisonnement même, la vitalité d’une scène artistique questionnant les voies d’un avenir insondable, sinon inquiétant. Où tout est possible, le meilleur comme le pire. Les 18 artistes invité·es donnent à voir une certaine idée de l’avenir, entre effroi et poésie.

En écho à l’exposition – qui emprunte à la science-fiction ses codes esthétiques audacieux –, cette vision d’un futur fera l’objet de débats et d’analyses de la part de chercheur·ses en sciences humaines à l’occasion des Jeudis de l’IMA, rendez-vous ritualisés depuis de nombreuses années mettant en lumière la vie des idées lors de rencontres publiques.

Des Jeudis qui deviennent des Super Jeudis

Pour l’occasion, ces jeudis deviendront des Super Jeudis de l’IMA, voués à prolonger et élargir la proposition curatoriale d’Élodie Bouffard et Nawel Dehina, et à creuser les savoirs existants sur les enjeux décisifs de l’ultra-capitalisme, des systèmes de domination sociale, du transhumanisme ou du désastre écologique… Autant de motifs qui traversent l’exposition.

Pilotés par Frédérique Mehdi, directrice des actions culturelles, et Mathieu Gousse, responsable des Rencontres, Podcasts et éditions à l’IMA, ces Super Jeudis se déclineront en quatre séances, axées sur des thèmes de recherche précis : Nouvelles humanités, Architecture et villes, Dominations et Écologies. Quatre moments pour interroger ce qui nous attend dans la façon d’habiter les villes, de travailler, de se déplacer, de rêver, ou tout simplement de rester humain·e à l’heure des manipulations génétiques, des avancées de l’intelligence artificielle, de la symbiose entre les technologies et les manières de gouverner et de discipliner les populations.

En confrontant des sociologues, anthropologues, philosophes à des artistes présent·es dans le parcours de l’exposition, ces Super Jeudis veulent éclairer des horizons encore soumis à la projection fantasmatique ou à la divagation poétique.

Quatre rencontres

Le premier débat, le 23 mai, consacré aux humanités nouvelles, interrogera les frontières brouillées entre l’humain·e et le non-humain·e, à l’aune du transhumanisme, de l’IA et de toutes les interconnexions entre nouvelles technologies. Des transports à la santé, des énergies à l’éducation, l’intelligence artificielle pourrait transformer les conditions de vie et de pensée d’ici un avenir proche.

Le deuxième débat, Villes et architecture du futur, le 12 septembre, se penchera sur la transformation profonde des paysages urbains depuis une vingtaine d’années, en particulier dans la région du Golfe. La multiplication des métropoles futuristes (Dubaï, Neom, The Line) témoigne d’une tendance à l’urbanisme effréné dans cette région. Mais comment comprendre la logique sociale et esthétique de cet urbanisme débridé ? Quel impact peut-il avoir sur l’environnement ? Ces villes du futur abriteront-elles encore une certaine idée de la sociabilité ? Des anthropologues et géographes confronteront leurs études aux visions des artistes.

Le troisième, Dominations, prévu le 19 septembre, s’interrogera, à travers les analyses de politistes et spécialistes des questions internationales, sur les rapports de pouvoir qui régissent les sociétés arabes, en s’attardant notamment sur le contrôle social qui y sévit. Le futur de ces sociétés pourra-t-il se libérer des formes de contrôle qui les entravent ?

Enfin, le quatrième, le 17 octobre, sera consacré à la question écologique. Dans une région particulièrement menacée par le changement climatique, comment protéger les populations et les paysages naturels contre tout ce qui les menacent ? Une ville futuriste est-elle compatible avec un futur désirable et un développement durable ? Des architectes et des spécialistes des politiques environnementales en discuteront avec un·e ou deux artistes.

Dans cette façon de confronter des regards et des expériences, des savoirs et des hypothèses, des voix et des images, les Super Jeudis de l’IMA viseront à éclairer les futurs auxquels le monde arabe se prépare. Entre analyses de terrain au présent et prospections imaginatives, ceux-ci se dessineront dans toutes leurs formes possibles.

Cycle spécial Les Jeudis de l’IMA, du 23 mai au 17 octobre (dans le cadre de l’exposition Arabofuturs : Science-fiction et nouveaux imaginaires, jusqu’au 27 octobre).



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Author : Jean-Marie Durand

Publish date : 2024-05-16 15:57:31

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