Depuis que Patricia Mazuy en a fait le théâtre gelé d’un immense chagrin adolescent (Travolta et moi), la patinoire recèle un double fond offert par les reflets de la glace, étincelante comme du cristal, tranchante comme une lame.
Pour son deuxième long métrage Hiroshi Okuyama choisit le terrain comme périmètre de son récit reconduisant au départ une intrigue très Billy Elliot : un petit joueur de hockey est frappé par la vision émouvante d’une jeune patineuse artistique. Le garçon décide alors de troquer sa crosse contre des sauts périlleux, formant ainsi avec la danseuse perfectionnée un binôme aiguillé par les conseils avisés d’un entraîneur au regard bienveillant, obstacle puissant aux médisances du monde extérieur. Hiroshi Okuyama ménage une place centrale à des scènes d’entraînement filmées comme de somptueux ballets surannés, couleurs pastels délavées ramenées à la vie par une image au grain vibrant. Avec obstination, le cinéaste, enivré par la beauté de ses images et décidé à l’offrir en partage, décortique chaque geste, épouse chaque mouvement dont la seule condition d’existence est celle de leur puissance d’apparition. Si My Sunshine se trouve presque affecté par autant de ravissement, c’est qu’il voudrait se substituer à une bulle. Mais il n’a, dans le fond, pas oublié que le réel et ses persécutions s’infiltrent partout, même dans les forteresses les plus enchantées.
My Sunshine d’Hiroshi Okuyama, avec Sosuke Ikematsu, Keitatsu Koshiyama. Un Certain Regard
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Author : Marilou Duponchel
Publish date : 2024-05-19 05:04:00
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